Ami(e)s de Terra bonjour,

La météo de mars est souvent très variable, compliquée à gérer : les très belles journées ensoleillées peuvent être entrecoupées de périodes d’intempéries soutenues, avec possiblement des gelées nocturnes plus ou moins fortes selon les régions. C’est ce que nous venons de traverser dans la plupart des régions de France. Les températures bien fraîches, avec encore de-ci de-là des gelées matinales parfois inférieures à -5°, ont été accompagnées d’une longue période de plus d’un mois sans pluies, ce qui est inquiétant pour démarrer l’année (on entend déjà parler de restrictions dans certaines régions). Mars est également un mois de forte activité au jardin. La végétation redémarre, les légumes qui ont passé l’hiver reprennent leur croissance. L’activité s’accélère dans les régions du sud, tandis que les jardiniers du nord devront patienter encore un peu (même si de nombreux semis sont déjà possibles!). 

Sur les zones de culture

Dépaillage

C’est le moment de dépailler vos zones de culture, deux ou trois semaines avant d’y implanter vos premières cultures. Ainsi exposé aux premiers rayons du soleil, le sol va se réchauffer, ce qui profitera au développement des végétaux (semis ou plants).

Le compost

Comme nous l’avons déjà vu, c’est le bon moment pour apporter le compost sur les planches de culture. Nous vous rappelons que le compost est un amendement pour le sol, et pas un engrais pour les légumes. Il ne libérera ses nutriments que très progressivement, au fur et à mesure de sa minéralisation, sur un an et plus. Si vous voulez booster vos cultures, n’hésitez pas à compléter le compost par un apport d’engrais organiques, ou d’urine.

Aller plus loin :
• Le compost au potager

• L’urine au potager

Au lieu de l’enfouir dans les premiers centimètres du sol, une autre technique consiste à le laisser en surface, sur une épaisseur de 3 à 5 cm.

Sa couleur noire favorise le réchauffement du sol. Et sous réserve d’une couche homogène, la levée des adventices sera fortement limitée (sauf les plus coriaces – pissenlits et rumex par exemple). Vous pouvez tout à fait y réaliser vos semis et vos plantations : Dominique SOLTNER a décrit cette technique dans son « Guide du nouveau jardinage ». Si vous n’êtes pas convaincu, faites un test sur une petite surface.

Gratouillage anti-limace

L’autre utilité de « gratouiller » ses planches de culture, c’est de lutter contre les limaces. Après avoir retiré le paillage 2 à 3 semaines avant vos semis ou vos plantations, émiettez le sol à la grelinette, ou à la fourche-bêche, quand la terre est assez sèche et suffisamment ressuyée. Puis passer un coup de croc pour affiner la surface de la planche. Laissez sécher quelques jours, puis repassez de nouveau le croc. Les limaces et leurs œufs ainsi exposés seront détruits par les rayons du soleil ou par leurs prédateurs. Vous ne les éliminerez pas tous, mais la pression sur vos cultures sera bien diminuée, surtout en début de saison où elles sont particulièrement voraces.

Aller plus loin :
• En finir avec les limaces au potager

Affinage

Quand la terre est suffisamment ressuyée, c’est le moment de la préparer pour les semis. Retenez que plus les graines sont petites, plus le sol doit être affiné pour que la germination se fasse dans de bonnes conditions… Mais pas trop non plus, notamment dans les sols limoneux, pour éviter qu’une croûte de battance ne se forme suite aux intempéries.

Certains jardiniers n’hésitent pas à utiliser du terreau pour faire leur lit de semence. C’est tout à fait possible ! Le substrat sera parfait pour la bonne levée des plantules, et vos rangées de semis seront bien identifiées sur vos planches. Un inconvénient toutefois : le terreau se dessèche très rapidement car exposé au soleil et au vent, et nécessite un arrosage quasi quotidien, faute de quoi vos semis n’y survivraient pas.

Les engrais verts

Si vous avez la chance d’avoir des parcelles inoccupées, dans l’attente de plantations de choux, tomates et autres cucurbitacées, vous pouvez y semer des engrais verts à croissance rapide, tels que la phacélie ou la moutarde. L’épinard est également un excellent engrais vert, qui produit une bonne quantité de matière organique.

Cet engrais vert sera détruit par fauchage ou hachage à la houe, environ un mois avant les plantations. Vous pourrez accélérer sa décomposition en le bâchant.

On peut aussi se fabriquer un petit outil facile à faire qui permet de casser les tiges des engrais verts sans les broyer (donc en gardant l’effet « paillage ») :

Du côté des récoltes

Récoltez les mâches avant qu’elles ne grainent. Dès les premières chaleurs, elles filent très vite. Vous pouvez en oublier volontairement quelques pieds et les laisser monter à graines, pour obtenir des semis spontanés à l’automne prochain.

Les choux kale, choux Bruxelles, et autres poireaux donnent en principe à plein en ce moment. Ces cultures sont assez longues et occupent les planches une bonne partie de l’année (plantation en milieu d’année dernière).

Les laitues d’hiver plantées à l’automne ne vont pas tarder non plus, grâce à l’élévation progressive des températures. Elles pourront être accompagnées de mizunas et autres moutardes asiatiques qui viennent apporter du peps aux salades.

Vous pouvez aussi composer des mescluns, véritables cocktails de vitamines à cette saison, avec de jeunes pousses d’épinard, de blettes, de laitues, de verdures asiatiques, de cerfeuil, … A semer en fin d’été ou tout début d’automne (il faut que les légumes soient bien implantés avant les grands froids – voir l’article sur le potager d’hiver).

Les semis de mars

Au mois de mars vous pouvez implanter des cultures qui résistent à des gels légers (pas en dessous de -5°), en veillant à choisir des variétés adaptées à la saison.

Ce qu’il est possible de semer

Voici une liste de ce qu’il est possible de semer, sur la base d’un climat moyen (allez consulter vos calendriers respectifs 😉 ) :

• Semis sous abri : navets, carottes, radis, certaines aromatiques (ciboulette, persil, …), laitues, blettes, betteraves
• Semis en extérieur : pois, fèves (voir actus de fin février), épinards, arroches, laitues, poireaux, roquette, oignons, mesclun
• Semis au chaud puis à mettre sous abri froid dès la levée : choux cabus, choux fleur, choux brocolis, chou-rave, céleri rave et céleri branche
• Semis au chaud : tomates, poivrons et piments, aubergines
• Plantation en pleine terre : bulbilles d’oignons, aïl rose, échalote

Quelques astuces

Pour vos plantations (salades, choux), ne plantez pas tout en même temps, espacez vos plantations d’une semaine ou deux. Ainsi vous étalerez vos récoltes, et en cas d’échecs, vous n’aurez pas mis tous vos œufs dans le même panier.

Pour les laitues, refaites un semis toutes les 2 à 3 semaines, toujours pour étaler les récoltes, mais également pour lisser la charge de travail semis / rempotage / repiquage.

S’il ne vous est pas possible de faire vos plants, vous avez la possibilité d’en acheter en jardinerie : les premières salades et les premiers choux sont déjà sur les étalages. Mais attention à ne pas craquer, les premières tomates vont bientôt arriver également : ne cédez pas, il est encore bien trop tôt ! On pourra les planter d’ici 2 mois en extérieur, et d’ici 3 semaines/1 mois sous serre en les protégeant s’il gèle. 

Le semis de tomate

Le semis de tomate est sans doute celui qui est le plus attendu des jardiniers. Réalisé mi-mars à fin mars, vous pourrez réaliser vos plantations en extérieur dans 8 semaines, juste après les symboliques Saints de Glace. Avancez votre semis de 2 ou 3 semaines pour une plantation sous serre

Le semis se réalise en alvéoles, en terrines, en godets… Veillez à semer très clair (tous les 3 cm) sur un terreau tamisé ou un terreau de semis. Recouvrez les graines d’une fine couche de terreau ou de vermiculite. Pensez à étiqueter les semis, surtout si vous comptez semer plusieurs variétés, ce qui est le cas de la majorité des jardiniers. Arrosez ensuite par brumisation ou par capillarité, et veillez à maintenir le substrat humide.

Placez ensuite le contenant près d’une source de chaleur (radiateur, nappe chauffante, …), les graines n’ont pas encore besoin de lumière pour germer. La température idéale de levée se situe autour de 22°. Cette levée est rapide, en 3 à 5 jours, ce qui laisse la possibilité de recommencer au cas où l’une ou l’autre graine ne germe pas. 

Dès la levée, placez vos semis près d’une source de lumière, pour éviter qu’ils ne filent. Un semis de tomate qui a trop filé reste fragile ensuite, même si elle a la capacité de refaire des racines.

Le rempotage a lieu 2 à 3 semaines après semis, au stade 2 feuilles (en plus des cotylédons). Certains jardiniers rempotent aussi dès le stade des deux cotylédons avec de bons résultats. Veillez à rempoter jusque sous les cotylédons : la tomate refait des racines sur la tige, et plus il y a de racines, plus le pied sera vigoureux.

Vous avez la possibilité de faire plusieurs séries de semis, ce qui permettra aux plants d’être plus résistants aux conditions météo. Si elles sont humides, un jeune plant résistera mieux au mildiou. De la même manière, un jeune plant sera plus résistant aux canicules de juin, qui provoquent des avortements en pleine période de floraison des plants.

La tomate est sans doute l’espèce pour laquelle il existe le plus de variétés. Alors faites vous plaisir : couleurs, saveurs, formes, goûts, précocité… Il y en a pour tous les goûts !

Idéalement, il vous faudra attendre la mi-mai pour une plantation pleine terre : même si les risques de gelées sont de plus en plus réduits ces dernières années, il suffit d’une seule nuit… N’hésitez pas à étaler les semis, et donc la plantation, si vous voulez prendre un petit risque. Vous pouvez aussi réaliser des semis kamikazes pour une plantation plus précoce, mais ne misez pas tout dessus !

Aller plus loin :
• [Vidéo] Réussir son semis de tomates

Derniers moment pour les semis de piments, poivrons et aubergines

La technique de semis est la même que pour la tomate, à ceci près qu’elle doit être anticipée de quelques semaines, du fait que les plants ont une croissance plus lente.

Il est encore temps de les réaliser pour une plantation en extérieur, après les Saints de Glace.

Pour les plantations en serre, on attendra avril pour les planter. À ce stade, le premier rempotage a été réalisé pour des semis de début février. Il ne faudra pas hésiter à les rempoter encore une fois, pour que les plants ne manquent pas de nutriments et que les systèmes racinaires ne soient pas trop à l’étroit, surtout s’ils ont déjà atteint leur taille de repiquage pour ceux qui auraient semé très/trop tôt.

Aller plus loin :
• [Vidéo] Réussir son semis de poivron, aubergine, piment

Que faire d’autre en mars ?

Mars est la bonne période pour réaliser les boutures des petits fruits, et autres aromatiques : cassis, groseilles, framboises…, mais aussi thym, verveine…

Prélevez un rameau d’une dizaine de centimètres, placez le dans un pot rempli de terreau et veillez à maintenir le tout bien humide. D’ici quelques semaines, vous verrez au débourrement des bourgeons si votre bouture a pris ou pas. Dans tous les cas, patientez pour la planter.

C’est également le moment de diviser vos vivaces : ciboulette, thym, sarriette, oseille, rhubarbe, ….

La division va leur apporter une seconde jeunesse et redynamiser leur croissance.

Pour la rhubarbe, un bon apport de compost et un paillage carboné vont lui apporter les nutriments et les conditions d’humidité qui lui sont très favorables.

Il est encore temps de mettre à germer les pommes de terre. Mais dépêchez vous, on ne trouve déjà plus certaines variétés en jardinerie. En climat doux, elles peuvent déjà être plantées.

Aller plus loin :
• Faire germer les pommes de terre

Penser à arroser vos semis avec une eau à température ambiante : un choc thermique lié à un trop grand écart de température entre l’eau et le substrat risque de tuer les semis

C’est également le dernier moment pour poser des nichoirs pour les passereaux du jardin. Ils commencent en effet la construction de leur nid vers la fin mars. En ce moment, les mâles commencent déjà à repérer les endroits les plus favorables, et à y attirer leur femelle par des chants qu’il fait bon écouter en faisant la pause. Favoriser la présence des oiseaux au jardin est positif : ils nourriront les jeunes oisillons de chenilles (piéride du chou, pyrale du buis), en effectuant des rotations à un rythme effréné.

Aller plus loin :
• En finir avec la piéride du chou

Veillez à ne plus nourrir les oiseaux en cette saison, à proximité des nichoirs : ils arrivent désormais à trouver leur nourriture avec l’arrivée des premiers insectes, et la frénésie autour des points de nourrissage est très dérangeante pour le futur couple.

Ami(e)s du potager, c’est le grand départ de la saison potagère. Certains jardiniers ont déjà bien commencé, d’autres n’ont pas encore mis le nez dans le jardin. Chacun avance à son rythme, selon son expérience, sa motivation, sa santé… Quoi qu’il en soit, faites vous plaisir ! Mais restez vigilant ! Gardez un œil sur les prévisions météo et une main sur les protections contre les gelées qui peuvent encore survenir à tout moment…

Aller plus loin :
• Protéger ses cultures contre les gelées tardives

Portez vous bien, et à très vite ! 🙂