C’est un pur bonheur que de consommer des haricots frais tout juste récoltés de son potager. Aucun flétrissement, aucun pesticide, aucun transport, pas de stockage en frigo qui provoque une perte de goût. Non, ici, nous allons en prendre plein les papilles. Mais pour cela, faut-il semer correctement cette culture faute de vite avoir des désillusions. Voyons ensemble comment réussir à coup sûr votre semis de haricots.

Une saisonnalité à respecter pour son semis de haricot

Un petit -2° de bon matin et voilà vos jeunes plants grillés sur place. Alors première indication, hors de question de vous aventurer à semer cette culture si la météo prévoit des températures négatives dans les jours à venir. Les haricots ne supportent pas le gel.

Autre paramètre de taille, les haricots détestent un sol trop froid. Autant les laitues, petits pois et autres épinards s’y régaleront, autant les haricots détesteront. Alors, patience, laissons le printemps réchauffer petit à petit les premiers centimètres de terre pour que ceux-ci atteignent une température idéalement autour des 15°. Pour les plus impatients, 12° suffiront pour espérer une germination. Mais une germination qui mettra plus de temps, bien 15 jours au lieu d’une semaine à cause de températures encore trop fraîches. Et vous aurez le risque que les graines pourrissent en terre…

Avec ces indications, comprenez que le créneau de semis pourra s’étendre d’avril à juillet, voire début août pour les haricots nains, sous climat doux. Durant ce laps de temps, les gels seront absents. Les semis tardifs de juillet auront, eux, le temps d’arriver à maturité avant le retour des premiers froids. Pour les climats plus frais, vous pourrez semer de début mai à début juillet.

Au potager d’Olivier : Plusieurs fois j’ai eu des semis précoces qui n’ont pas survécu à un gel tardif. Alors je prends garde avant de semer mes premières graines en pleine terre. Même sous climat très doux, je ne sème qu’à partir de mi-avril. Le sol commence à bien se réchauffer et aucun risque d’excès d’humidité ne pourrait faire pourrir les graines. Je réalise néanmoins un semis un peu plus précoce chaque saison, vers fin mars, mais en godet à l’abri du gel.

Semer les bonnes variétés de haricot

La culture ne manque pas de diversité. Que ce soit sur des critères de couleurs, de hauteur des plants, vous aurez le choix entre des dizaines de variétés.

Les variétés naines, plus classiques, n’auront pas besoin de tuteurage. À noter que vous pourrez choisir entre des haricots dits, « filets » et des haricots disent « mangetouts ».

Quelques variétés naines coup de cœur : Le Castandel, le Pongo qui est un haricot filet, mais sans faire de fil !

Au potager d’Olivier : J’ai la chance d’avoir essayé d’innombrables variétés au cours de ces nombreuses dernières saisons. Autant vous dire une chose, du moment que les haricots sortent de notre potager, de notre production, ce sera à coup sûr un régal. Seule attention à porter, ne pas trop tarder à récolter avec les variétés anciennes de haricots filets. Sinon vous risquez vite d’avoir des fils une fois dans l’assiette, c’est vite désagréable. Concernant les variétés grimpantes, j’en installe quelques-unes chaque saison à la base de treillis. Ne serait-ce que pour la beauté qu’elles apportent au potager. Puis d’autres variétés, naines celles-ci, sont installées avec l’avantage de ne pas avoir à fabriquer de solutions de tuteurage.

Échelonnez vos semis de haricot

C’est un conseil pour ceux qui ont la chance d’avoir une grande surface avec la possibilité d’envisager plusieurs semis sur la saison. Vraiment, il est inutile de trop semer d’un coup faute d’avoir des cageots de haricots sans ne plus savoir quoi en faire. Certes vous pourrez les donner, les cuisiner pour les conserver. Mais autant essayer d’en avoir avant tout constamment à disposition tout au long de la pleine saison. L’idéal sera de semer deux à trois mètres en 3 fois sur la saison, pour en manger régulièrement (besoins d’une famille de 3 à 4 personnes).

Par exemple, un premier semis de haricot début mai, un autre début juin puis un tout dernier début juillet. C’est à titre d’exemple, mais cela pour vous dire que trois ou quatre petits semis de haricots valent mieux qu’un gros semis. Pour le dernier semis de saison, vous pourrez semer en plus grande quantité pour cuisiner les excès et préparer vos conserves pour le plein hiver. Toutes ces dates sont données pour chaque légume, en fonction du climat dans notre calendrier des semis/almanach du potager.

Au potager d’Olivier : Je réalise, dans la mesure du possible, quatre semis sur la saison. Un premier semis fin mars (comme un semis « bonus ») en godet pour implanter des plants déjà bien avancés sitôt les gels terminés. Viennent ensuite quatre autres semis, mi-avril, mi-mai, mi-juin et un tout dernier entre début et mi-juillet. À chaque semis, je sème environ une centaine de graines, ce qui correspond à environ 3 m².  

Le semis en godet, bonne idée ?

Cette technique est fort utile pour semer vos haricots à l’abri. Que ce soit à l’abri du gel, des limaces, d’un excès d’humidité, d’une terre trop ingrate… Vos graines seront dans des conditions idéales.

Au potager d’Olivier : Je pourrais me passer de cette technique, mais je ne peux m’empêcher de semer une centaine de graines chaque début de saison en utilisant cette technique. Cela permet des récoltes très précoces, dès la mi-mai si la météo est clémente. Si vous avez de gros risques de limaces, un sol détrempé, semez ainsi pour garantir de bons résultats. Mais ne tardez pas : les haricots n’aiment pas tourner en rond dans leur godet !

Semer dans un sol bien préparé, bien exposé

La culture n’est pas la plus exigeante en richesse de sol. Néanmoins elle se plaira dans une terre amendée de compost à l’automne précédent ou enrichi d’un bel engrais organique complet.

Affinez les mottes au râteau, désherbez et préparez une belle surface fine et bien émiettée, sans herbes indésirables pour semer idéalement vos graines de haricots.

Au potager d’Olivier : Chaque automne, je prends le temps d’amender considérablement l’ensemble du potager. Que ce soit avec du compost de fumier, du compost végétal, du compost ménager. Des paillages sont aussi apportés pour alimenter à la fois la vie du sol et les futures cultures qui prendront place (parfois du foin, des feuilles, de la paille, du compost grossier de surface…). Pour les cultures les plus gourmandes, j’ajoute parfois un peu d’engrais organique, qu’il soit liquide ou en granulés. Ces engrais biologiques élaborés à base de matières organiques végétales et animales, aident à une bonne croissance. Pour les haricots, j’en utilise seulement s’ils prennent la place d’une culture déjà gourmande. Par exemple un semis que j’effectue après une culture de poireaux. Comme je n’ai pas pu enrichir la parcelle à l’automne (prise par les poireaux), j’ajoute une poignée d’engrais au m² avant le semis de haricots.

Concernant l’exposition, semez votre culture au plein soleil. Une exception néanmoins, vous pourrez semer à mi-ombre pour les semis de plein été, en juin, juillet, sous les climats les plus chauds. Les températures sont vite trop chaudes pour cette culture sous ces climats du sud. Pensez que 20 à 25° est idéal. Alors autant une mi-ombre ne sera pas bienvenue en avril ou mai. Autant elle pourra être utile en juin, juillet et août pour baisser le besoin en eau et avoir un feuillage moins exposé au plein soleil.

Les bons gestes pour bien semer ses haricots

Vous aurez le choix entre deux techniques pour bien semer vos haricots, le semis en ligne ou le semis en poquets. Ils ont la même efficacité. En ligne, vous disposerez une graine tous les 4 à 5 cm dans des sillons profonds de bien 3 cm. Si jamais la terre venait à manquer d’humidité, arrosez au fond des sillons.

En poquet, semez 6 à 7 graines tous les 35 cm, regroupés pour former par la suite de gros bouquets de plants de haricots. Si vous avez un arrosage par goutteur, cette technique peut être plus adaptée pour semer autour de chaque goutteur.

Quelle que soit la technique, espacez vos lignes de semis de bien 50 cm. Cela pour permettre par la suite un bon buttage (nous y reviendrons) et une récolte bien plus facile et rapide.

Une fois les graines semées, refermez les sillons et tassez légèrement. Arrosez à la paume de votre arrosoir pour finir de bien tasser la terre et apporter une humidité indispensable à la bonne germination de votre semis.

Au potager d’Olivier : Si la parcelle est irriguée par goutte-à-goutte, je sème alors en poquet autour de chaque goutteur. Cela permet la meilleure irrigation possible pour la culture. Si au contraire, la parcelle n’est pas équipée de goutte-à-goutte, je sème alors tout simplement en ligne. Je pourrais aussi le faire en poquet, mais simple question d’habitude. L’important est de bien buter la culture par la suite, quelle que soit la technique utilisée pour semer.

Buter et pailler

Pour bonifier votre semis, il faudra porter attention à vos jeunes plants. Sitôt qu’ils font 30 cm, ramenez un peu de terre à leur pied pour les buter. Ce geste permettra de maintenir les plants bien droits, de maximiser la production et garantir des récoltes plus faciles sans devoir soulever des plants avachis au sol.

Profitez-en si possible pour pailler la culture dans le but de préserver une humidité constante au pied des plants. Comme toute culture, les haricots seront sensibles à un sol trop sec. Ce sera rapidement une productivité en chute, un stress pour les plants, des maladies, des ravageurs qui pointeront vite le bout de leur nez. Alors arrosez si nécessaire (si le sol s’assèche) et paillez avec ce que vous aurez sous la main, tonte, feuille, foin, paille, broyat…

Au potager d’Olivier : C’est non négociable par ici, la culture est bien paillée sitôt que les plants font 30 à 40 cm. Je réalise ce paillage en même temps que le buttage. Les plants sont ainsi renforcés et le sol protégé. J’utilise ce que je peux avoir sous la main, broyat, paille, tonte, feuilles…

Attention aux ravageurs…

Vous aurez beau réaliser tous les gestes clés, des ravageurs pourront vous faire échouer votre semis. Notamment des limaces qui envahissent la parcelle et c’est parfois 100% des plants qui sont dévorés. Aussi des oiseaux qui partent à la convoitise de vos graines et jamais vous ne verrez un plant sortir de terre. Alors, prenez les devants, veillez sur vos graines et vos jeunes plants. Installez un grillage fin sur le semis si vous avez peur des oiseaux. Répandez quelques granulés bio d’anti-limaces si vous constatez une forte population. Ou sortez régulièrement en soirée pour veiller, les capturer, réguler et espérer préserver au mieux vos jeunes plants.

Au potager d’Olivier : J’utilise parfois de l’anti limace bio lors de saisons printanières fort humides. Les premiers semis d’épinards ou premières plantations de laitues servent d’indication. Si tout se fait dévorer, rapidement je régule avec des granulés. Cela ne m’empêche pas de sortir parfois le soir (moment où les limaces sortent) pour surveiller et capturer si nécessaire ces gastéropodes. Pour les oiseaux, j’ai la chance de ne jamais avoir de souci. Ils doivent trouver mieux ailleurs, dans la nature toute proche.

Pour finir sur le semis de haricots

Sitôt votre sol réchauffé, ne vous privez pas de cette culture très vite satisfaisante au potager. La récolte est assez rapide, la préparation en cuisine aussi et vous voilà avec de belles assiettes provenant de votre propre production, le bonheur !