Le paillage au potager est une pratique très répandue, notamment avec l’essor de la permaculture qui prône un sol sous couverture permanente de végétaux. C’est ainsi que le foin, la paille, les feuilles mortes… envahissent les potagers dans l’espoir de nourrir le sol, le protéger et l’enrichir.
Seulement nous verrons que le paillage au potager n’est pas non plus miraculeux. Il faudra savoir le rôle des différentes matières apportées, leurs impacts sur les mécanismes de fertilité et l’importance aussi du sol de départ. Trop souvent mis de côté, un sol de cailloux et de brique d’argile n’aura pas du tout la même capacité à bonifier un paillage qu’un sol de belle terre noire, bien meuble. Alors, essayons de cerner au mieux les intérêts et contraintes du paillage au potager.
Sommaire
Les avantages du paillage au potager
Nourrir son sol : du grossier plutôt que du prémâché
Dans une approche biologique du potager, tout passe par la vie du sol. C’est elle qui décompose, minéralise, rend accessible les minéraux pour nos cultures. C’est elle qui crée de l’humus, qui travaille mieux que quelconque engin mécanique. Vers de terre, cloportes, collemboles, carabes, lithobies… peut-être que ces noms vous parlent peu, mais ils sont bel et bien les acteurs d’un sol vivant. Pour en prendre soin, les attirer, il faudra leur apporter le gîte et le couvert.
Et plutôt que de ne raisonner que par le compost que l’on peut assimiler à du prémâché, de la compote, il faudra aussi savoir leur apporter du grossier.
Cela au travers de paillages divers et variés. Exactement comme le jardinier qui s’ennuierait de se nourrir que de compote. Quelle joie de varier les repas, d’avoir du costaud au menu ! Alors en avant pour amener feuilles, foins, pailles, tontes, broyats, résidus de repas, directement en surface de notre sol.
Les vers de terre, en premier lieu, vont se nourrir de ces apports et sous quelques mois, libérer de la richesse minérale dans le sol. Cela sous forme d’humus ou de minéraux essentiels.
Protéger le sol du potager grâce au paillage
Autre rôle essentiel d’un paillage pour le sol de votre potager, le côté protecteur. Une épaisse couche d’au moins dix centimètres va mettre à l’abri la terre des intempéries, des trop fortes chaleurs. Elle va préserver l’humidité si essentielle au bon fonctionnement de la vie. Là aussi le parallèle est vite trouvé avec le jardinier qui mettra un chapeau s’il fait trop chaud, qui prendra un parapluie s’il fait forte averse. Ou tout simplement le jardinier se mettra à l’abri.
Un paillage au potager jouera les mêmes rôles avec une protection des rayons du soleil et une évaporation drastiquement réduite. Pratique en périodes de canicule, voire de sécheresse au potager.
L’effet du vent sera considérablement atténué. Quand on sait qu’il consomme parfois trois fois plus d’eau que le soleil, vous imaginez les gains d’arrosages. On lit souvent qu’un bon binage vaut deux arrosages. Un bon paillage en vaut lui bien plus encore !
Concernant la pluie, c’est le phénomène de battance qui est évité. En tombant, pour ne pas dire, en se fracassant sur le sol, les fortes pluies cassent et fragmentent les agrégats qui ont mis tant de temps à se former. Le sol se déstructure, se tasse en surface : on a une croûte de battance qui se forme.
Pour les températures, là aussi le paillage jouera un rôle de régulateur. Il évitera les excès de chaleur en été, les excès de froid en plein hiver.
Seul inconvénient, le sol mettra parfois plus de temps à se réchauffer au printemps. C’est pourquoi d’ailleurs bien des jardiniers dépaillent leur sol à cette période pour laisser le sol exposé au soleil. À cette saison, ce soleil n’est pas encore trop violent pour assécher la surface et un sol nu n’est pas dommageable.
Au potager d’Olivier : En région méditerranéenne, les étés sont un véritable enfer quand on jardine avec une approche biologique. Il faut maintenir le sol humide alors que la pluie est rare, le soleil trop violent, le vent trop présent. Le paillage est une solution essentielle complétée avec de l’ombrage et de l’arrosage. Au printemps, pour semer plus facilement, réchauffer le sol, éviter les ravageurs, les parcelles sont dépaillées lorsqu’elles sont mises en culture. Les parcelles utilisées que plus tard en mai/juin pour accueillir des plantations restent paillées constamment.
Le paillage est utile pour la gestion des herbes indésirables
Quel casse-tête et quelle énergie à contenir les herbes indésirables dans nos potagers. La nature déteste le vide et sitôt un bout de terre à nu, voilà tout un florilège d’herbes sauvages qui se mettent à proliférer.
Certes, on pourra user de binette, serfouette, taille-bordure parfois pour les plus gros travaux et gérer cet enherbement. Mais sur ce point aussi, le paillage aura son mot à dire ! Avec une bonne et grosse épaisseur, le sol sera occulté de la lumière. Et sans lumière, pas de germination. Seule règle, être généreux avec les quantités parce qu’un paillage de juste cinq à dix centimètres ne suffira pas. La lumière se fraiera un chemin et les herbes elles aussi trouveront de quoi se faufiler pour traverser le paillage. Une bonne épaisseur de feuille, foin, paille, tontes mélangées et vous voilà épargné de bien des corvées de désherbage.
Lire notre article « Comment désherber avec du paillage ?«
Un non-travail du sol ?
On prête souvent au paillage une non-utilité à travailler son sol. D’apporter de la nourriture et une protection pour la vie biologique, c’est elle qui va « bosser » à notre place. C’est tout de même à nuancer selon la nature première du sol.
Une méthode qui ne fonctionne pas partout…
En effet si vous partez d’une terre idéale (appelée aussi terre franche, alliage de sable, limon, argile, humus), l’activité biologique sera si intense que les paillages seront incorporés, bonifiés, humifiés, minéralisés, sans nul besoin d’intervention humaine. En quelques semaines, quelques mois, votre sol aura une structure améliorée, alliage de décomposition de matières organiques et de terre. C’est ce que l’on appelle le complexe argilo-humique où nos apports de paillages et de composts grossiers viennent petit à petit se lier avec la partie minérale du sol, les argiles en premier lieu.
Seulement, avoir une terre franche n’est pas donné à tout jardinier. Souvent vous aurez un sol trop argileux, trop sec, rempli de cailloux. Vous le constaterez vite en mettant un coup de fourche ou de grelinette. Il vous faudra vous y reprendre à plusieurs fois pour arriver à remonter une motte. En observant celle-ci, aucun vers de terre ou autres macroorganismes, aucune porosité. Juste un sol compact, dur, asphyxié, comme mort.
Mon sol sableux/limoneux est parfait pour valoriser les paillages. On voit au fil des années, la matière organique qui rentre dans les premiers centimètres de sol. Mais j’ai remarqué que l’effet est beaucoup plus marqué sitôt que j’incorpore la matière organique mécaniquement dans le sol.
Comment réagir ?
Dans ce contexte, les paillages déposés en surface auront bien du mal à régénérer cette terre inerte.
Ils se feront minéraliser par les bactéries en surface, finiront par se volatiliser sans grandement apporter de la richesse à votre sol. Par chance, si vous déposez une forte épaisseur de paillages diversifiés, la vie biologique pourra s’installer au cœur de ce paillage et en faire un compost intéressant pour les premiers centimètres. Mais celui-ci risque aussi de disparaître faute d’être incorporé. Alors dans ce contexte, vous y gagnerez à d’abord travailler mécaniquement votre sol pour y enlever les plus grosses pierres, cailloux. Aussi pour y ajouter des matières déjà prédigérées faute d’avoir un sol vivant, comme des composts jeunes en tout genre, composts de fumiers, composts végétaux. Votre sol retrouvera ainsi une texture capable d’accueillir la vie biologique et capable de bonifier vos prochains apports de paillages.
Au potager d’Olivier : Le seul paillage ne suffit pas à améliorer mon sol terriblement argileux. Ce sol, c’est ce que l’on appelle une terre de vigne. De la caillasse, du béton l’été tellement l’argile se rétracte. Combien de remorques de paillages j’ai vu défiler sans jamais voir une amélioration notable. Alors j’aide parfois mon sol à incorporer des composts. Au passage j’y enlève de nombreux cailloux. J’utilise le croc, la grelinette, le râteau en voulant depuis toujours me passer d’engins à pétrole. C’est de l’énergie à dépenser et je comprends très bien que d’autres usent parfois d’aide motorisée.
Une décomposition plus ou moins longue selon les paillages
Nous le verrons, chaque paillage se fera engloutir plus ou moins rapidement. Les matières les plus humides étant bien plus éphémères (tontes, résidu de cuisines, foin…) que les matières sèches, dures, ligneuses (pailles, carton, bois, broyat…). L’idéal est d’apporter une diversité équilibrée d’humide et de sec. Et s’il devait y avoir un excès, qu’il soit surtout réalisé avec des paillages secs. Ils prendront plus de temps à se décomposer sans incidence négative et permettront un désherbage.
Cependant, évitez de raisonner en excès avec des paillages humides. Vous risquez d’avoir une couche asphyxiée qui se putréfie, qui chauffe en température. Pas top quand des cultures sont déjà en place… La diversité est toujours plus intéressante.
Vous pouvez équilibrer un paillage trop carboné avec de l’urine
Les effets des différents paillages sur le sol du potager
Les paillages n’auront pas du tout le même impact sur votre sol selon leur constitution. On parle de rapport carbone/azote pour les classifier.
Lire notre article sur le rapport carbone/azote
Les paillages carbonés (paille, feuilles mortes, sciure, carton, broyats…) :
Des paillages plus durables pour le potager
Plus un paillage est carboné, solide, dur, ligneux avec une texture qu’on ressent à pleine main, plus il mettra du temps à se décomposer et plus il améliorera la structure et la texture votre sol.
Sa forte constitution en carbone va lui donner la capacité d’apporter de la matière organique stable, de l’humus, réservoir de richesse pour nos cultures. La paille, le foin, pour exemple, sont grandement plébiscités dans les techniques de maraîchage sur sol vivant. Dans un même temps, un paillage carboné aura un rôle durable et protecteur pour le sol en le mettant à l’abri durant des mois.
À contrario, ces paillages seront peu utiles pour nourrir nos cultures à court terme. Ils sont trop complexes pour être assimilables rapidement.
Ces paillages sont particulièrement appréciés par les petits fruits comme les fraisiers ou les framboisiers qui aiment les sols forestiers, riches en champignons.
Bénéfiques pour la vie du sol
Autre utilité, ils vont équilibrer des paillages plus humides. Rien de mieux que mélanger tonte (humide) et paille (sec) pour avoir un paillage équilibré. Exactement comme on raisonne pour faire du compost, à mélanger sans cesse des matières humides et sèches pour obtenir au final un beau compost, or noir du jardinier.
Enfin, ces paillages sont utiles pour solliciter fortement la vie du sol qui aura fort à faire pour décomposer de telles molécules carbonées. Cette vie va chercher à se démultiplier, à proliférer pour décomposer par exemple un apport de broyats, de tailles de haies. On parle d’ailleurs de faim d’azote à court terme. La vie biologique va tellement devoir se démultiplier qu’elle va puiser dans les réserves d’azote du sol pour ensuite en libérer bien plus encore. Alors attention à ne pas apporter trop de paillages carbonés juste avant de planter vos cultures. Faites idéalement ces apports à l’automne.
Au contraire, les paillages les plus humides auront une plus faible proportion de carbone, des molécules moins complexes. On pense à la tonte, aux restes de cultures, aux restes de repas. Ces paillages sont très éphémères, libèreront rapidement de la richesse pour nos cultures, mais n’auront qu’un rôle très peu améliorant à long terme pour le sol. Ils manquent de structure, de consistance.
Les paillages azotés (tontes, déjections d’animaux, restes de cultures, restes de repas…)
À l’inverse des paillages carbonés, les paillages sans trop de structures, humides, n’auront aucun impact sur la fertilité physique de votre sol. Ils vont rapidement se minéraliser avec pour avantage de libérer des minéraux à court terme. Mais vous n’obtiendrez aucun humus ou compost en les utilisant seuls. Il vous faudra les mélanger avec des paillages plus secs. C’est le principe du fumier pour lequel on mélange déjections des animaux avec une litière de paille ou de sciure, de copeaux de bois. Il suffira d’un petit tiers de paillage sec pour équilibrer deux tiers de paillages humides.
Cela dit, à court terme, ces paillages vont permettre aux bactéries de se multiplier énormément. Les colloïdes (sortent de gelée) qu’elles sécrètent vont lier les particules de terre entres elles, et vous aurez une meilleure texture de sol sur les premiers centimètres. Ce n’est pas très durable, mais l’effet sera souvent visible.
Les inconvénients du paillage au potager
Il serait démagogique de parler de paillage sans parler des inconvénients qu’il peut générer. De nombreux jardiniers pratiquent le potager sans paillage, et ils ont leurs raisons.
Le paillage attire certains ravageurs
Pailler son sol, c’est abriter la biodiversité, la démultiplier, mais c’est aussi attirer une biodiversité que l’on ne souhaiterait pas vraiment dans nos potagers. Les rongeurs, campagnols, rats taupiers et plus encore les limaces viendront s’installer dans votre hôtel quatre étoiles ! Et combien de jardiniers au printemps émettent des S.O.S tellement la situation est problématique.
Une attaque de limaces peut vous ravager bien des semis ou des jeunes plants. Alors, soyez prévoyants, semez et plantez en surplus pour nourrir autant les ravageurs que votre famille. Ou sinon usez de techniques de régulation, pièges, parfois même des granulés qui restent une méthode biologique (ceux à base de fer !).
Vraiment nous insistons, mais en optant pour une philosophie de non-travail du sol, vous ne dérangerez en rien les œufs des limaces qui vont proliférer à grande vitesse. Et très rapidement, cela peut réduire à néant les espoirs de récoltes. Même si des prédateurs arrivent au bout d’un moment, ce n’est pas toujours magique. Cela fonctionne dans certains contextes, dans d’autres pas du tout.
Lire notre article « En finir avec les limaces au potager ? »
Logistique et volume du paillage
Autre problématique, pailler son potager demande bien de l’énergie, du temps, du travail, des volumes, de la logistique. Ces paillages sont très peu concentrés en minéraux essentiels et plutôt qu’une poignée d’engrais, c’est une brouette de paillage qu’il faut au mètre carré pour espérer enrichir votre sol. Il faut donc raisonner en remorques, en énergie conséquente pour jardiner ainsi et trouver les ressources disponibles.
Alors, surtout n’hésitez pas à nuancer votre pratique du paillage si vous êtes freiné par un manque de temps, de moyens disponibles ou un ravageur trop présent.
L’important reste de semer, de jardiner, de planter, de produire tout en s’appliquant des pratiques biologiques. Utilisez des engrais naturels si vous venez à manquer de paillage ou si vous n’avez pas de remorque pour trimbaler des quantités conséquentes de foin, paille, fumier, broyat, feuilles…
Nuance et parcimonie, surtout pour les semis
L’être humain a la formidable capacité de raisonner autrement que par un simple mode binaire, oui ou non, zéro ou un. Vous pouvez mettre une nuance de tous les instants dans votre approche du paillage au potager. Par exemple, dépailler des parcelles pour des itinéraires de cultures qui partiront du semis en pleine terre. Nous pensons aux petits pois, aux carottes, mangetouts, épinards… C’est tellement plus pratique de semer sur sol nu. Au contraire vous pourrez laisser pailler des parcelles qui accueilleront des plants bien vigoureux comme des tomates, courges, courgettes…
Vous pourrez aussi nuancer en dépaillant selon la saisonnalité, au printemps et à l’automne quand l’humidité est fort présente, autant que les ravageurs… Et au contraire, mettre tout le monde sous abri en plein été ! Surtout, ne voyez pas le paillage comme une obligation de chaque instant, mais comme une carte supplémentaire pour porter attention à votre sol potager tout au long de l’année.
Enfin, on peut dépailler pour réchauffer son sol au printemps. Les cultures thermophiles apprécieront l’attention 😉
Sur les deux photos ci-dessous, on peut voir une différence de 2 degrés le matin, entre sol paillé et dépaillé (photos prises à 30 cm de distance). Parfois, la différence est plus importante. Cet abaissement de la température est intéressant en été, mais pas au printemps !
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Différents paillages pour le potager détaillés
La paille en paillage
Très couramment utilisée, elle offre un paillage durable sur au moins toute une saison au potager. Son rapport carbone/azote est très élevé et de nombreuses études montrent qu’elle consomme quatre grammes d’azote au m² pour que les organismes du sol la décomposent. C’est autant que de nombreuses cultures ! Néanmoins, à plus long terme, c’est l’effet inverse et de l’azote qui se rend disponible dans le sol une fois la paille décomposée. Nous en parlions dans notre article sur la faim d’azote. Toujours cette fameuse expression citée par Konrad Schreiber « Le sol mange du carbone et chie de l’azote ».
Aller plus loin : la paille en paillage
Le paillage de foin
Avec un rapport carbone/azote équilibré, il semble l’apport parfait comme paillage. D’ailleurs il est à l’origine d’une méthode de jardinage appelée la phénoculture, crée par Didier Helmestetter.
Cette technique consiste à simplement pailler son sol d’une épaisse couche de foin et ne rien faire d’autre ! Pas de compost, pas d’engrais, pas de travail du sol. On nuancera tout de même l’efficacité de cette méthode à la nécessité d’un sol de départ actif biologiquement, humide, et prendre garde aussi à la présence de ravageurs. Un épais paillage de foin est un vrai logis pour bon nombre de rongeurs.
Sur la photo, nous utilisons le foin pour faire un boudin de mulch, afin de prévenir l’invasion des herbes indésirables. Très pratique ! Mais ça grouille de limaces dès qu’il y a beaucoup d’humidité … 🙂
Aller plus loin avec notre article « Le foin en paillage »
La tonte comme paillage pour le potager
Ressource gratuite sitôt que l’on a du terrain herbeux ou un voisin qui en possède un.
Son rapport carbone/azote assez bas en fait une ressource à équilibrer avec un paillage plus sec si on le peut. Elle est un excellent paillage « fertilisant ». Vous pouvez déposer jusqu’à un bac de tonte au mètre carré, pour nourrir vos cultures et protéger votre sol. En couche trop épaisse, elle a tendance à faire une croûte : c’est que vous en avez trop mis. Certains se servent de ce paillage pour désherber ! Si des cultures sont déjà en place, vous pourrez essayer de casser un peu cette croûte pour que le tout respire mieux.
Aller plus loin avec notre article complet sur les tontes en paillage
Les feuilles mortes
Leur inconvénient majeur est qu’on brasse plus de vent que de matières ! Quelconque jardinier qui a transporté un sac ou une brouette de feuille sait le poids si léger que cela représente.
Au final, une fois tassées par la pluie, le temps, il ne restera plus grand-chose de votre paillage de feuilles. Sans compter que parfois tout s’envole avec le vent ! Il est souvent conseillé de mélanger cet apport avec d’autres plus lourd, tonte, foin ou sinon de broyer les feuilles pour les émietter et brasser moins d’air ! …
Aller plus loin avec notre article « Les feuilles mortes au potager, paillage et autres usages »
Le broyat pour pailler son potager
Résultant du broyage de tailles de haies, de branchages, de rameaux, il offre un très bon paillage. On pourra même l’incorporer aux premiers centimètres du sol pour améliorer les sols trop lourds ou trop légers. Mais une nouvelle fois, attention à la faim d’azote. Son rapport C/N est assez élevé et les cultures risquent d’être en carence azotée si vous faites un apport conséquent trop proche des plantations. À intégrer à l’automne.
Le BRF comme paillage pour le potager
Nous avons un article dédié sur le BRF. Bonne lecture !
Les déchets ménagers et déchets verts du potager
Plutôt que de raisonner en compostage, vous pouvez déposer vos déchets du potager, de la cuisine, directement à même le sol. D’ailleurs, il est inapproprié d’appeler cela des déchets, mais bien des ressources, de bons repas pour la vie du sol.
De très nombreux jardiniers font ainsi. Néanmoins, là aussi il faudra nuancer les avantages trop vite mis en avant de cette méthode. Notamment par le fait que ces résidus attireront les rongeurs alors vigilance. À noter qu’une telle technique sur un sol sec, tassé, argileux, peu vivant, ne servira pas à grand-chose. Les déchets finiront en poussière et se volatiliseront sans améliorer le sol, sans nourrir qui que ce soit si ce n’est des bactéries ambiantes.
Alors, pourquoi ne pas jumeler cette technique avec d’autres, des apports de composts intégrés au sol, des apports de paillages complémentaires.
Pour finir, tout comme une recette où on jetterait ses ingrédients au sol plutôt que de les mélanger dans un saladier, faire du compostage de surface ne va pas bonifier les ingrédients les uns avec les autres. Ils serviront simplement à nourrir la vie du sol. Pour les bonifier, il faut raisonner en tas, comme dans un saladier, et mélanger un tiers de matières sèches avec deux tiers de matières humides. Vous aurez alors un compost qui améliorera et nourrira tout type de sol.
Lire notre article sur le compost de déchets ménagers
Les paillages minéraux pour le potager ?
Un rapide aparté sur les paillages minéraux au potager. On en parle peu souvent, mais ils peuvent aussi faire office de paillage. On pensera aux roches volcaniques concassées comme la pouzzolane. Seulement, il leur manque l’avantage premier de nourrir la vie du sol, de se décomposer pour se transformer à terme en de la richesse pour nos cultures. Mais ils joueront les autres rôles de protection du sol, de meilleure gestion des herbes indésirables.
Ils sont majoritairement utilisés au jardin ornemental…
Les paillages plastiques
Nous parlerons ici de deux paillages en particulier : les bâches tissées, et les bâches d’ensilage.
Les bâches tissées en guise de paillage
Les bâches tissées se gardent un grand nombre d’années si elles sont bien entretenues.
Elles empêchent 100% des herbes de traverser, sauf au niveau des trous que l’on fera pour planter nos légumes.
C’est un paillage qui est durable, mais qui n’améliore pas votre sol. Il permet parfois d’augmenter les rendements comme la bâche d’ensilage, car le sol est plus chaud.
Elles sont en plastique, mais étant donné leur durabilité, elles seraient moins consommatrices de pétrole que certains de nos paillages organiques (qui ont été coupés/préparés avec des tracteurs par exemple).
Il faudra un chalumeau et un couteau à minima pour les percer proprement, et brûler les bords des découpes pour éviter qu’elles ne s’effilochent.
Vous aurez tout le loisir de venir glisser du paillage organique en dessous si vous le souhaitez pour nourrir le sol en même temps.
La bâche d’ensilage
Les bâches d’ensilage ont les mêmes caractéristiques que les bâches tissées à quelques exceptions :
• on peut les récupérer souvent gratuitement chez les éleveurs. C’est donc une valorisation de déchets que de les utiliser.
• elles chauffent davantage le sol, mais ne laissent pas passer la pluie, ou seulement par les trous de plantation. En « échange » elles empêchent l’eau de s’évaporer.
• utilisées en occultation, elles désherbent bien mieux que les bâches tissées
• on peut les percer sans les brûler
Et le paillage vivant au potager ?
Eh bien oui, il existe ! Ce sont les associations de culture, ou les cultures sous couvert végétal.
Cela pourrait faire l’objet d’un article entier, alors nous vous en reparlerons. Mais dans les grandes lignes :
• il s’agit d’une méthode qui consiste à ne cultiver que des plantes vivantes partout sur le potager. On associe des cultures hautes avec des cultures basses qui, grâce à leurs feuilles, protègeront le sol du soleil.
• l’avantage est l’augmentation des récoltes : vous récoltez plusieurs cultures sur la même surface. et votre production au mètre carré sera plus importante car vous augmenterez la photosynthèse au mètre carré. Plus de plantes = plus de feuilles = plus de production !
• des racines sont injectées en permanence dans le sol. Cette méthode a de nombreux retours très positifs sur les sols lourds : les racines, en se décomposant, créent une porosité qui permet à ces sols de se drainer plus facilement. C’est le même principe qu’un engrais vert. On aura plutôt tendance à gérer la fertilité avec des composts, déposés ou incorporés au sol pour permettre de semer facilement sur toutes les zones.
Voici quelques exemples :
C’est encore une autre façon de voir le potager. Et c’est ça qui est passionnant, cette diversité d’approches. On pioche à droite, à gauche, et on se fait sa propre méthode 😀
Alors paillage ou pas paillage dans votre potager ? N’hésitez pas à nuancer. Chaque jardinier a un champ des possibles entre un sol à nu et un sol tout entier sous une forte épaisseur de matières organiques diverses et variées. À vous de jouer.
En espérant vous avoir aidé sur le thème du paillage au potager, nous vous souhaitons une bonne valorisation de vos déchets organiques 😉
Aidez-nous en partageant cet article autour de vous 🙂
Retrouvez tous nos articles sur le paillage au potager ici.
Si j’avais su tout ça quand j’ai commencé à jardiner il y a 15 ans!😉 Et oui, jardiner c’est un ensemble d’essais, erreurs, réussites avec tant de paramètres à prendre en compte sans aucune solution miracle.
Merci pour ce partage d’expériences.🙂
Bonjour,
Je viens d’emmenager dans un endroit avec beaucoup de terrain dont une parcelle qui a été labourée pendant plusieurs années, et sur laquelle rien ne pousse vraiment pour l’instant.
Pour cette année je vais commencer un petit potager dans une zone plus fertile et expérimenter la permaculture. Mais j’aimerais préparer la parcelle labourée pour l’année prochaine, pour y cultiver un potager sur une partie. Je dispose d’une très grande quantité de broyat, feuilles mortes et d’herbe sèche issus d’un gros débroussaillage. Pensez-vous que je fais un tas et que je laisse composter ainsi, ou que je répands tout ce broyat sur la parcelle ?
J’avoue que je ne sais pas trop quoi faire, je suis grande débutante !
Bonjour, navré pour le délai. Vous pouvez tout pailler avec ce sera mieux 😉
A bientôt
Bonjour,
Je suis du centre de la Belgique.
Je me suis abonné il y a quelques jours et commence cette année un potager assez restreint de 12m2. 3 blocs de 4m2,
Pour gagner du temps car terrain très, très argileux, j’ai acheté de la terre potagère composée de 34% terre végétale, 30% compost, 12% tourbe noire, 6% sabel drainant, 6% lave 0-3mm, 6% ecorces 0-10mm et 6% Asil. J’ai une hauteur de +- 15cm
1) est-ce qu’on peut pailler dès qu’on a semé (carottes, betteraves), planté les pommes de terre? Ou faut-il attendre que les feuilles ont atteint une certaine taille?
2) Quand vous dites « Il suffira d’un petit tiers de paillage sec pour équilibrer deux tiers de paillages humides », faut-il mélanger le tout ou on met une couche humide, une couche sec?
Merci pour vos réponses et conseils éventuels
Bonjour 🙂
1) pour vos carottes, oui mais très légèrement (1cm max de paillage sec), les pommes de terre par contre vous pouvez y aller : jusqu’à 30/40 cm
2) C’est comme vous voulez. Une couche sec/humide c’est plus simple car vous n’avez pas à mélanger 😉
A bientôt
Guillaume
Bonjour, que pensez vous du paillage de lin?
C’est très bien, on en parle dans l’article paillage tomate qui sort après demain 🙂
A très vite
Bonjour,
Olivier nous conseille de dépailler le sol au printemps
Que faire de cet ancien paillis ?
Est ce le même qui servira une fois les plantation effectuées ?
Merci pour votre réponse.
Monique 63
On peut tout simplement faire un petit boudin sur le côté de la planche 😉 Il continuera à nourrir le sol et on pourra le réemployer dans la saison.
A très vite Monique