Ami(e)s de Terra bonjour,

La météo de mars a continué sur sa lancée : les belles journées printanières ont alterné avec des journées maussades, où vents, averses et giboulées nous ont bien compliqué la tâche pour les cultures de pleine terre. Des gelées sont même encore parfois annoncées dans les prochains jours : ne rangeons donc pas les voiles de protection tout de suite.

Malgré cette météo capricieuse, les températures tendent à la hausse, les journées allongent encore, l’activité s’intensifie progressivement un peu partout.

La fonte des semis

C’est la pleine saison des semis. Salades, tomates, choux, et autres aromatiques que vous avez pris soin de préparer avec attention et minutie lèvent bien dans vos barquettes… et quelques jours après, patatras, c’est la catastrophe ! Les semis se couchent et disparaissent, sans aucune raison apparente.

Ne cherchez pas, vous venez de subir une attaque de champignons, au choix : Botrytis, Fusarium, Phytophthora, Pythium…  Cette maladie cryptogamique est plus communément appelée la fonte des semis. Elle attaque au niveau des racines ou au niveau des collets des jeunes plantules. Une fois que ça a démarré, il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire d’autre que de vous débarrasser des semis, et recommencer.

Le développement de ces champignons est lié essentiellement à un excès d’humidité : hygrométrie trop importante, arrosage trop important, manque d’aération des semis (vous savez, les mini-serres sur lesquelles on place un couvercle pour mieux faire lever nos semis, sans penser à les aérer régulièrement…). En principe, les terreaux du commerce ont fait l’objet d’une stérilisation et sont indemnes de champignons, mais sans doute pas les sacs que vous avez ouverts depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois…

Pour parer à cette maladie, il existe un moyen simple : le recours au charbon de bois. Veillez à opter pour des contenants qui soient drainés. Mettez-y dans le fond des éléments grossiers (résidus de tamisage de terreau par exemple) auxquels vous mélangerez des morceaux de charbon de bois dans le lit de drainage. Mélangez ensuite dans le lit de semence du charbon de bois finement pillé et réduit en poudre.

Faites un semis clair, puis recouvrez avec une fine couche de substrat mélangée avec de la poudre de charbon de bois. Vous pouvez ensuite arroser avec une eau dans laquelle des morceaux de charbon de bois auront trempé. L’idéal est de préparer un substrat qui soit assez humide au moment du semis, et de ne plus avoir besoin de l’arroser le temps qu’ils se développent suffisamment.

Aller plus loin :
• Comprendre et éviter la fonte des semis

Zoom sur…

Fin mars – début avril, c’est la pleine période de la culture des laitues. Et on arrive également dans la période de la plantation des pommes de terre, que les jardiniers des climats les plus cléments ont pu déjà mettre en terre. Voyons un petit peu plus en détail ces deux légumes piliers des potagers.

• La culture des laitues

La culture des laitues est assez facile à réussir. Elle passe souvent par un semis en pépinière (pleine terre, ou en contenant), puis par un repiquage au jardin. Avec un semis, plutôt que par un achat de plants en jardinerie, vous pourrez plus facilement choisir vos variétés. Celles-ci sont nombreuses, on peut les diviser en 7 groupes. À noter que les variétés modernes offrent une meilleure résistance au Brémia (mildiou).

• Les laitues batavias : elles forment une belle pomme serrée, avec des feuilles plus croquantes qu’une laitue pommée. On les sème de février à juillet pour les variétés résistantes à la montaison.
• Les laitues pommées : on y trouve des variétés adaptées au printemps, à l’été ou à l’automne. Leur pomme est plus ou moins grosse suivant les variétés. Vertes ou rouges, on y trouve un grand choix de variétés. Mais attention à bien choisir sa variété selon la saison : certaines ne conviennent pas à la culture d’été, car elles montent très facilement en graines.
• Les laitues à couper : elles peuvent se récolter entières, ou feuille à feuille sur une plus longue durée. On les sème de février à septembre. Ce sont des variétés qu’on utilise beaucoup dans la composition des mescluns.

• Les laitues pommées d’hiver : elles présentent une très bonne résistance au froid et aux intempéries de l’hiver. Elles produisent de belles pommes pour le printemps. On les sème de mi-août à fin septembre et les repique avant l’hiver.

• Les laitues romaines : elles se présentent sous la forme de belles pommes allongées, volumineuses et croquantes. Elles sont adaptées à la culture en conditions estivales, notamment en cas de sécheresse. On les sème de fin mars à juillet.
• Les laitues grasses type sucrine : leur feuillage est épais, croquant et sucré, leurs pommes sont assez petites. Leur culture est facile, elles résistent très bien à la montaison. On les sème de mars à septembre.

Le semis des salades se réalise en alvéoles, en barquettes, en jardinières, ou encore en pépinière en pleine terre. On peut également semer en ligne, en place, et éclaircir par la suite (ou laisser les limaces éclaircir !).

Si on sème en alvéole ou en barquette, on pourra les repiquer en godet avant la plantation.

Veillez à échelonner le semis tous les 15 jours / 3 semaines, en petites quantités adaptées à votre consommation, pour mieux étaler vos récoltes. Quand elles montent, elles ont en effet la fâcheuse idée de le faire toutes en même temps. Si vous avez une grosse quantité, tout sera perdu. Dommage…

Elles ne craignent pas le froid (la levée est alors plus longue) : un semis en serre froide est idéal. Vous les rempoterez 3 semaines à 1 mois après la sortie. Le repiquage intervient quand leur stade développement est suffisant, c’est-à-dire à 3 ou 4 vraies feuilles.

Veillez à avoir un sol humide, meuble en surface (pas besoin de le travailler en profondeur compte-tenu du système racinaire des salades, peu développé), que vous aurez enrichi par un apport de compost si vous en avez, sinon tant pis).

La salade aime le soleil, sauf en plein été (favoriser alors la mi-ombre). Repiquez-les tous les 30 cm environ. Vous pouvez les repiquer plus serrées pour pouvoir en récolter avant maturité. Mais soyez vigilant dans ce cas à la pourriture, qui se développera en raison de l’humidité et de la température plus élevée.

Au repiquage, ne les enfoncez pas trop dans le sol : plantez à ras du collet (la salade doit bouger au vent). Arrosez ensuite régulièrement pour garder e sol humide. N’hésitez pas à lui donner un petit coup de boost avec un arrosage à l’urine diluée (un litre d’urine pour 9 litres d’eau).

Si les principaux ravageurs vous épargnent (limaces, noctuelles, taupins), vous pourrez démarrer les récoltes 8 à 10 semaines après la plantation.

Aller plus loin :
• Bien semer ses laitues

• Bien planter et entretenir ses laitues

• La culture de la pomme de terre

Autre légume emblématique du potager, la pomme de terre, qu’on plante dans un sol riche et meuble.

Il en existe de nombreuses variétés, selon l’utilisation culinaire qu’on souhaite en faire (chair ferme, tendre ou farineuse), et selon la précocité de la récolte (de 70 à 90 jours après plantation pour les variétés précoces comme la célèbre Amandine, jusqu’à 150 jours pour les plus tardives comme la Bintje).

On peut acheter des plants prégermés (plus coûteux), mais le plus simple est de s’en procurer à faire germer. On les sortira du filet (les germes casseront quand ils se seront développés) pour les étaler dans une cagette ou les disposer dans des boîtes à œuf. L’idéal est de les placer à la lumière, avec une température de 10 à 15 °, pendant un bon mois.

Le dicton dit qu’on les plante quand les lilas fleurissent. Il est possible de les planter plus tôt, mais en veillant à les protéger du froid, et plus particulièrement du gel.

Quand les germes sont bien verts et bien trapus, relativement courts (éviter les longs fils blancs très fragiles, dans le cas des plants qui ont manqué de lumière), on les met en terre dans un sillon profond de 10 à 15 cm, à une distance de 30 cm minimum entre chaque pied.

S’agissant d’une culture gourmande, on pourra ajouter à même le sillon du compost ou du fumier bien composté (surtout pas frais, car il provoquerait des maladies). On recouvrira de terre, soit en faisant une butte qui favorisera le réchauffement, soit sans buttage (auquel cas il faudra les butter plus tard quand elles feront 10 à 15 cm de hauteur). Le buttage permet de mieux grouper les futurs tubercules, et permet d’éviter qu’ils ne verdissent au contact de la lumière (la solanine étant toxique nous vous le rappelons). Un épais paillis et un voile de forçage permettront de hâter la culture et de la protéger du froid. Attention également à veiller à ce que la culture soit bien hydratée, sous peine de perte de rendement : ne pas hésiter à l’arroser !

Une autre possibilité pour la cultiver consiste à déposer les tubercules à même le sol, tous les 30 à 40 cm.

Ils seront recouverts d’un petit monticule de terreau, de compost ou de fumier composté.

Puis le tout sera recouvert d’une épaisse couche de paillis (feuilles mortes, foin, paille, tontes, mais pas plus de 5 cm dans ce dernier cas pour éviter l’échauffement lié à la fermentation). Une fois levée, on apportera du paillage au fur et à mesure de leur croissance.

Avec ce mode de culture, la récolte est plus facile, les tubercules sont plus propres que dans la terre, et surtout, vous pouvez les prélever facilement au fur et à mesure de vos besoins, sans enlever tout le pied, ce qui permettra aux tubercules restant sous le paillage de continuer à grossir. À tester, selon les contextes ça ne fonctionne pas toujours très bien…

Aller plus loin :
• Réussir la culture de la pomme de terre

• [Vidéo abonnés] Réussir la plantation de la pomme de terre

Que faire au jardin fin mars ?

En cette période de fin mars, vous pouvez continuer les semis : pois, épinards (ce seront les derniers semis, l’épinard monte très vite à graine avec les premières chaleurs), carottes hâtives, navets de printemps (attention aux choix des variétés), choux raves, choux brocolis, choux pommés, chou-fleur.

Vous avez toutes les vidéos pour réussir ces semis directement dans votre calendrier des semis.

C’est également en cette période qu’on pourra démarrer les semis des fleurs qui viendront agrémenter le jardin : œillets d’inde, cosmos, ipomées, capucines, soucis… Celles-ci ne seront toutefois pas repiquées avant la fin de la période des gelées, car elles y sont très sensibles.

Quand les premiers pois semés atteignent 10 à 15 cm, c’est le moment de les butter, puis de les ramer. Utilisez à cet effet un filet, ou mieux encore, des branchages ramifiés que vous n’aurez pas besoin de broyer ou de vous débarrasser en déchèterie.

Veillez à adapter la hauteur de vos installations en fonction de la variété de vos pois : certaines variétés atteignent jusqu’à 2 mètres de haut !

Aller plus loin :
• Le tuteurage des pois

Les structures que vous installerez ne seront pas perdues. Après les pois, vous pourrez les laisser en place et y installer des concombres ou des cornichons par exemple, ou d’autres cultures qui nécessitent d’être palissées. N’arrachez pas les pois, mais coupez-les à ras de terre. Les nodosités qui garnissent leurs racines seront un très bon apport pour ces cultures gourmandes.

C’est également la bonne période pour effectuer un second rempotage de vos légumes du soleil (aubergines, piments, poivrons, tomates) semés précocement, en fonction de leur stade de développement.

N’hésitez pas à surveiller leur système racinaire : si les racines sont à l’étroit, les plants vont vite manquer de nutriments, et les racines vont commencer à tourner dans le pot, ce qui sera problématique pour leur bonne reprise au moment du repiquage en pleine terre. Commencez également à les endurcir en les sortant en extérieur par les belles journées, sans les exposer directement au soleil ! Mettez-vous par contre une alerte pour ne pas oublier de les rentrer ;)…

Un soin peut également être apporté aux fraisiers. Apportez-leur un engrais organique, puis réalisez griffage en surface pour l’incorporer, sans aller trop profond pour ne pas abimer les racines superficielles. Vous pouvez ensuite pailler votre fraiseraie, ce qui permettra de conserver l’humidité, et de garder vos fraises propres (pas de projections suite aux pluies).

Aller plus loin :
• Installer une fraiseraie [Vidéo]

• Pailler les fraisiers

Pour celles et ceux qui en ont dans leur jardin, profitez-en pour effectuer la récolte des orties. Leurs jeunes pousses sont en effet très tendres à cette période. Vous pouvez alors selon vos préférences commencer à préparer vos purins, ou bien les déguster en soupe ou en farçous ! Il y en a pour tous les goûts !

Profitez également des premières belles journées chaudes et ensoleillées pour retendre la bâche de votre serre. Avec une bâche détendue, c’est le risque d’un déchirement en cours de saison, soit à cause de la création de poches d’eau, soit en raison des frottements contre les arceaux. Qu’il s’agisse d’une bâche neuve ou pas, profitez d’une belle journée ensoleillée (mais pas trop chaude, le début du printemps est parfait pour ça) pour la retendre : la chaleur va la détendre et rendra la tâche plus facile. Faites-le à 2, ce sera moins galère ;).

Ami(e)s du potager, vous le voyez, peu importe la météo, il y a toujours à faire au jardin. Bientôt il sera temps de nous attacher aux semis des cucurbitacées : courgettes, courges, potirons, concombres, cornichons…. Alors préparez-vous, c’est ce que nous verrons dans les prochaines actus de mi-avril… D’ici là, prenez du bon temps au jardin, tentez des nouvelles variétés, échangez des plants avec vos voisins ou amis jardiniers, semez, plantez…

Portez-vous bien, et à très bientôt !