La tomate est souvent considérée comme la reine des légumes. Chaque jardinier ou presque qui fait du potager en cultive quelques pieds au cours de l’été. Seulement cette culture est gourmande en eau. Alors le paillage apparaît, surtout en été, comme un indispensable dans la plupart des régions. Dans cet article, nous abordons de façon complète le thème du paillage des tomates.
En fin d’article, vous découvrirez enfin quel est le meilleur paillage pour vos tomates !
Sommaire
Pourquoi pailler mes tomates ?
Dans un potager, on s’efforce souvent d’enlever toutes les adventices dont la présence n’est pas souhaitée. On cherche aussi à avoir un sol propre pour pouvoir semer facilement.
Résultat : on se retrouve avec un sol à nu. Pour soutenir la pression face aux semis spontanés, le jardinier doit entretenir continuellement le jardin.
Le paillage offre alors comme une occultation totale qui empêche la repousse des adventices. Le paillage peut être synthétique ou organique.
Pour le premier, les bâches et toiles tissées font office d’occultation totale du sol. En revanche, un paillage organique permet de jouer son rôle de désherbant, tout en enrichissant le sol. Les micro-organismes du sol viennent décomposer la matière organique pour les transformer en minéraux indispensables à la croissance des plantes.
Un article du blog reprend tous les intérêts du paillage : https://terra-potager.com/le-paillage-au-potager/
Les avantages à pailler ses tomates
Le paillage, c’est avant tout une véritable protection pour le sol. Plus ce dernier est bichonné, plus les légumes seront productifs. Tout d’abord, le paillage permet de limiter l’érosion. Sur un sol à nu, la pluie vient emporter le sol et les nutriments, en particulier sur les terrains pentus. On parle alors de lessivage du sol.
Les grosses pluies peuvent aussi venir tasser le sol lorsqu’il est à nu. On parle alors de croûte de battance. Lorsque le sol est à nu, il vient sécher et se craqueler en surface le rendant parfois complètement imperméable.
Même avec un paillage, une croûte peut se former en surface. Mais l’effet est retardé !
Le paillage permet aussi de maintenir une humidité aux pieds des tomates qui leur sera indispensable pour leur croissance. Enfin le paillage intervient comme une couverture thermique pour le sol. Il régule la température au sol entre le jour et la nuit pour le maintenir à une moyenne convenable.
Enfin, le paillage lutte indirectement contre le mildiou : il évite les projections de terre sur les feuilles lorsqu’il pleut. Les spores, présents dans le sol, ont donc plus de mal à atteindre la plante.
Le paillage limite la chaleur et garde l’humidité pour les tomates
La tomate fait partie des solanacées. Elle est exigeante : elle puise de nombreux minéraux pour se développer et nécessite une certaine quantité d’eau pour produire correctement (4 à 6 litres d’eau par m² et par jour). On a tendance à penser que c’est un légume de plein été qui nécessite chaleur et soleil. Mais en vérité, la tomate n’apprécie guère lorsque le mercure dépasse les 28/30°C. Comme le jardinier !
Pour diminuer la chaleur, l’humidité du sol et du milieu est salvatrice pour nos légumes.
Sous 20 cm de paillage, si le sol est régulièrement arrosé, il préserve les pieds d’un sol trop sec. Idem en se décomposant, le paillage dégage des éléments nécessaires à la croissance des plantes. La composition du paillage influe donc sur le potentiel des minéraux relâchés.
Paillages azotés : pailler ses tomates avec de la tonte
L’azote est l’un des éléments indispensables à la croissance des végétaux. On le retrouve naturellement présent dans l’air. Mais il n’est pas assimilable pour la plupart des plantes. Les décomposeurs du sol mangent et digèrent ces matières pour les rendre biodisponibles aux végétaux.
Les paillages azotés à décomposition rapide permettent donc de faire un apport nutritif aux tomates en fin de culture. Pourquoi en fin de culture uniquement ? Car les mécanismes de décomposition sont tout de même longs. En mettant de la tonte par exemple, avec une bonne humidité et une vie du sol épanouie, la tonte mettra au moins 3 mois à se décomposer et à être assimilable.
Poussons un peu la discussion sur la tonte de gazon. Elle offre un apport très intéressant pour nos tomates. Riche en azote, elle permet un bon développement aérien des tomates, limite l’évaporation et surtout est disponible en quantité et gratuitement. En revanche, il faudra prendre garde à ne pas en mettre trop d’un coup. On préconise 5 à 7 cm d’épaisseur maximum d’un coup sans quoi l’herbe à tendance à fermenter. La tonte peut aussi être mélangée à d’autres types de paillages carbonés pour être plus complète comme paillage.
Aller plus loin avec notre article sur le paillage du potager avec des tontes de gazon
Des paillages carbonés pour les tomates
Durables et utiles pour le sol
Les paillages carbonés sont beaucoup plus durables dans le temps. On retrouve par exemple la paille, le broyat de bois, ou, dans une moindre mesure, le foin. Les minéraux et oligo-éléments présents dans ces matières sèches prennent plus de temps à être libérés. Ils seront donc considérés comme un amendement et ne nourriront pas directement vos tomates.
Néanmoins, au fur et à mesure des années et de la décomposition, ces paillages se transforment en substrat riche pour nos tomates et autres cultures.
Selon la richesse de votre sol, il pourra donc être judicieux de faire un apport d’un mix de paillage. Vous pouvez ainsi mélanger votre paillage carboné avec de la tonte, ou autre, pour bénéficier des avantages des deux.
Le paillage carboné au pied des tomates pour en finir avec les rotations ?…
Si vous faites peu de rotation de culture par manque de place, votre sol va inévitablement finir par s’épuiser. Donc voilà la stratégie que Guillaume applique dans sa serre :
« Je suis parti du constat que je n’avais pas le choix de mettre mes tomates absolument tous les ans au même endroit. Mais partant du principe que j’allais épuiser mon sol déjà pauvre à la base, j’ai décidé de créer une petite « butte de carbone » pérenne au milieu de la zone. Cela pour enrichir mon sol et augmenter fortement son taux de matière organique dans les années à venir. Ainsi, je vais bénéficier d’un sol vivant, riche, et capable d’encaisser la même culture tous les ans, tellement les apports que je fais sont diversifiés.
Sur cette zone « tomate », j’apporte autour de 10 kilos de matière au mètre carré par an (soit 100T/hectare, c’est énorme !).
Ces 10 kilos sont composés des restes de tomates, de déchets de cuisine, mais surtout de broyats divers, de paille, de feuilles mortes, de foin, de tonte : c’est un véritable tas de compost que je forme en hiver au milieu de mon double rang de tomates. Quand je regarde en dessous, c’est rempli de champignons et d’insectes en tout genre. Les tomates sont très belles et produisent bien.
Je m’inspire du jardin de ma mère qui a procédé de la sorte pendant une vingtaine d’années avec des apports importants de composts maison dans sa serre. En fin de saison, j’étale un peu le tas. Je passe un coup de grelinette pour incorporer tout ça et je recommence. Je finis toujours par recouvrir avec 10 cm de paillage « propre », du foin par exemple. Cela évite d’avoir des restes de tomates avec du mildiou directement en surface : les futures tomates seraient alors en contact direct avec des spores de mildiou… En tout cas, le sol est bien noir et semble très riche. On verra dans 10 ans… 🙂 »
Des paillages synthétiques pour ses tomates
Nous parlons ici du fait de pailler ses tomates avec des bâches.
Les bâches jouent très bien le rôle d’occultation que fait le paillage. Elles permettent de se débarrasser quasiment toute la saison des corvées de désherbage. Un vrai plaisir pour le jardinier. En revanche, une fois installées, il est compliqué de venir amender son sol en dessous. Cette technique peut être employée sur une partie des cultures annuelles qui ne nécessitent quasiment aucun entretien.
Par exemple, certaines variétés de tomates comme la ‘Roma’ se comportent très bien avec ce type de paillage. C’est une tomate qui est conduite en buisson sans taille. Il devient très compliqué de les désherber une fois qu’elles ont commencé à grandir. Les bâches simplifient donc bien le souci d’enherbement sur cette culture.
Elles peuvent aussi protéger des maladies. L’eau et donc l’humidité stagnent bien moins sur ces bâches que sur un paillage organique. C’est un risque en moins pour le mildiou.
Enfin, dernier avantage, elles réchauffent davantage le sol que le paillage : cela a tendance à augmenter le rendement, surtout dans les régions fraîches.
En revanche, une bâche n’enrichit pas le sol. Il faudra bien penser à fertiliser son sol en amont de la culture pour que celle-ci produise correctement si votre sol n’est pas assez fertile.
Vous pouvez tout à fait déposer à l’automne un bon gros paillage, du compost, du fumier, ou ce que vous avez, et bâcher par-dessus le paillage. Vous pourrez ensuite planter dans les trous et bénéficier des avantages de la matière organique. C’est ce qui a été fait sur les ‘Roma’ sur la photo du dessus : du broyat avait été apporté en 2021, et une bonne couche de tonte disposée en avril, puis la bâche.
Si vous n’avez rien de tout ça, vous pourrez toujours compter sur la fertilité naturelle de votre sol, ou fertiliser avec des engrais organiques ou du fumier en bouchon. Chaque jardinier fera comme il pourra, en fonction de ses possibilités.
Les paillages de jardineries pour pailler ses tomates
Au-delà de tous ces paillages que l’on peut se fournir facilement, il est aussi possible d’en acheter. Certains résidus de culture sont intéressants pour nous autres jardiniers dans une logique de travailler sur sol vivant. On retrouve par exemple le paillis de lin. Il est très efficace pour protéger les tomates des variations de température du sol et allège la terre. On retrouve aussi les coques de fèves de cacao, celle de coco et les cosses de sarrasin. Tous ces paillages peuvent tout à fait convenir pour la culture de la tomate. En revanche, ils restent chers à la vente pour en recouvrir le potager et viennent souvent de loin…
Dans une logique de produire ses tomates, cela peut sembler un peu à contre-courant d’utiliser des matériaux qui ont parfois fait plusieurs milliers de kilomètres. C’est par exemple le cas des coques de coco. Elles sont un déchet de l’industrie alimentaire mais devront être importées à l’autre bout du monde avant de finir dans votre jardin. Cela dit, même sans vous, elles auraient été importées. Alors autant valoriser ce déchet.
Le recours à ces paillages peut donc être fait pour ceux qui n’en n’ont pas sous la main et qui ont de petites surfaces (en raison du coût) : en ville il est parfois difficile de trouver de la matière organique.
Quel est le meilleur paillage pour mes tomates ?
Le meilleur paillage pour les tomates est une couche de tonte et du broyat (ou autre paillage carboné). Vous allez voir pourquoi.
Comme nous avons pu le voir dans cet article, le paillage apparaît comme un indispensable de la culture de la tomate. Ce que l’on recherche, c’est un paillage qui protège le sol des intempéries, qui conserve l’eau et qui enrichit le sol de nos cultures. La plupart des paillages organiques font le travail pour ces trois critères. Dans l’idéal, il faut un paillis équilibré en carbone/azote pour apporter les éléments nécessaires à la croissance des tomates, tout en améliorant votre sol.
Alors si vous souhaitez faire du mieux possible, voici notre recette pour pailler les tomates :
• Commencez par une couche de tonte de quelques centimètres pour nourrir les plants en seconde partie de saison (et éviter une faim d’azote si vous paillez au printemps avec du broyat ou de la paille). Si vous pouvez, mettez un peu de compost jeune aussi avant la tonte.
• Puis, ajoutez une bonne couche de paillage plus carboné pour protéger le sol de l’évaporation. Cela va garder l’humidité et surtout améliorer le taux de matière organique à moyen terme. Paille, foin, branchage, broyat, tout est bon pour protéger le sol !
En vérité, le meilleur paillage pour vos tomates sera aussi celui que vous avez autour de chez vous. Si vous avez la possibilité de récupérer du foin ou de la paille auprès d’agriculteurs proche de votre potager, vous avez de la chance.
La plupart des jardiniers peuvent tout de même bénéficier de tonte, de feuilles mortes et de résidus de taille en quantité, alors utilisez-les ! Encore une fois, c’est selon les contextes et les besoins de chacun. Mais si c’est possible pour vous, essayez de pailler les pieds de vos tomates. Vous verrez qu’elles se porteront mieux, à moins d’avoir une ressource en eau « illimitée ».
Arroser des tomates paillées : le paillage retient l’eau !
Pour arroser ses tomates sous un paillage, il faut d’abord gorger le paillage d’eau. Sinon votre arrosage va juste imbiber le paillage d’eau sans même humidifier le sol. Si vous avez un arrosage automatique, privilégiez un goutte-à-goutte sous le paillage ou bien des goûteurs avec des aiguilles pour arroser directement le pied.
Pour arroser au tuyau ou à l’arrosoir, vous pouvez mettre une couche plus fine de paillage sur les 10 cm autour du pied de tomate. Ou encore enterrer une bouteille au pied du plant pour arroser directement le sol et non le paillage. Cette technique permet en plus d’arroser plus en profondeur : l’évaporation sera donc moindre et les racines plongeront plus profondément.
Quelques avantages et inconvénients des paillages…
Avantages | Inconvénients | |
Tonte | Riche en azote, facilement disponible | Se décompose rapidement, éviter de l’utiliser en couche épaisse |
Déchets de cuisine | Facilement disponible | Se décompose rapidement, peut attirer les rongeurs, pas très esthétiques |
Foin | Bon équilibre carbone/azote, décomposition moyenne | Nécessite souvent d’être acheté |
Paille | Paillage surtout carboné, bon isolant thermique, ne s’envole pas trop | Nécessite souvent un apport azoté en complément, coûte généralement plus cher que le foin selon les régions |
Broyat | Paillage carboné très durable, occulte bien à partir de 10 cm d’épaisseur | Pauvre en azote, attention à ne pas incorporer au sol juste avant la mise en culture |
BRF | Excellent paillage et plutôt durable, à déposer à l’automne | Difficile de s’en procurer, c’est possible d’en récupérer auprès des espaces verts |
Paillette de lin | Conserve bien l’eau, esthétique | Très onéreux |
Paillage synthétique | Très durable, excellente occultation, réchauffe le sol | Ne nourrit pas le sol, inesthétique |
Nous espérons avoir pu vous aider sur ce thème du paillage des tomates. N’hésitez pas à partager cet article autour de vous, cela nous aide beaucoup. Merci.
Aller plus loin avec notre article sur le paillage au potager
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Bonjour,
Article très intéressant, je me demandais si la mise en place de oyas en plus du paillage serait une bonne solution ? je compte faire, l’année prochaine, un carré de 1.20 sur 1.20 et y installer des tomates.
d’après vous, de combien de oyas devrais-je avoir besoin ?
Merci à vous.
Oui c’est sympa les oyas. je dirais au moins deux oyas pour cette surface 😉
A bientôt 🙂
Merci de cette réponse rapide 🙂
Y’a plus qu’à faire maintenant, ça attendra la saison prochaine histoire de remanier le potager cet automne…
Bonjour,
Je pratique la permaculture en bac.
8 m2
Que pensez-vous du paillage de chanvre ?
Merci !
C’est une bonne alternative, le chanvre est une plante sacrément intéressante ! 🙂
Article très intéressant et clair ! merci
Excellent !!!
Bonjour
J’ai 2 lapins et je leur donne dy foi et bien sou ent il en reste et je le récupère piur mon potager ai si que leur crottes.
Je suis content de voir que c’est bon pour mon potager.
Merci pour tous vos conseils.