Le sujet du paillage, c’est comme celui du travail du sol : les débats sont souvent animés et passionnés. Et comme dans la plupart des situations, les pratiques sont souvent à nuancer selon les contextes de chacun.
Voyons en détail quels peuvent être les principaux avantages du paillage du potager en hiver, avec toutefois quelques inconvénients.
Sommaire
Les principaux avantages du paillage en hiver…
Isolation thermique
En plein hiver, les températures (tout comme la luminosité) ne permettent plus aux légumes de se développer. Une bonne épaisseur de paillage peut permettre d’économiser quelques degrés : 3, 4 degrés parfois ! Même si les gelées se font moins fréquentes ces dernières années, moins longues et moins rudes, ce petit gain de température qu’offrira le paillage peut vous permettre d’éviter de perdre des légumes à cause du gel (artichaut, carottes, betteraves …).
Autre avantage : rendre la récolte moins compliquée (qui n’a jamais pesté pour arracher des poireaux dans un sol complètement gelé ?).
De la même manière, il va permettre de préserver la vie du sol. Notamment lorsque les températures commenceront à flirter autour de 0°. Ce rôle d’isolant est très important, à une période de l’année où la différence peut parfois se jouer à 0.5 ° près.
En effet, si une plante meurt à -2 et que votre paillage permet à ses racines de rester à -1,5°C, il aura pu sauver votre culture ! Une bonne illustration de cet exemple est la chayotte. Elle se cultive en annuelle sous nos latitudes, mais si vous paillez très copieusement son pied en hiver, elle repartira au printemps et produira nettement plus, puisqu’elle aura conservé ses racines. Vous ne serez pas obligé de refaire germer une chayotte chaque année. Technique testée et approuvée en Corrèze, à 500m d’altitude. Les températures descendent plus bas que -5°C, et pourtant la chayotte (plante gélive, sensible au froid) repart du pied chaque saison.
Préservation de l’humidité
En cette saison, les taux d’humidité sont au plus fort dans la majorité des régions. La présence d’un paillage va permettre de capter les fines gouttelettes d’eau qui sont en suspension dans l’air. Comme on peut l’observer parfois sur les toiles d’araignées.
Dans le sens inverse, l’humidité du sol sera préservée des rayons du soleil de ces belles journées ensoleillées d’automne et d’hiver, limitant ainsi le phénomène d’évaporation. On préservera ainsi l’humidité des zones de culture.
Le paillage va en outre accroître progressivement le taux de matière organique du sol. Grâce à cette évolution, la réserve utile en eau (ou RU) va augmenter progressivement. Le sol deviendra ainsi une véritable éponge.
Il permettra de stocker plus d’eau de manière naturelle, en prévision de la belle saison où les besoins des légumes et de la vie du sol sont plus importants. Le potager résistera un peu mieux aux sécheresses au fil des années.
Cet avantage peut parfois se retrouver être un inconvénient. Par exemple, si votre sol est trop gorgé d’eau en hiver, le paillage ne va pas arranger la situation.
Néanmoins, il n’aggravera pas non plus la situation. Si votre sol est 100% gorgé d’eau en hiver, c’est sans doute dû à votre contexte. Paillage ou non il faudra peut-être trouver un moyen de le drainer…
Protection contre l’érosion : vive le paillage d’hiver
Le maintien d’un paillage en hiver va protéger le sol de toutes les attaques des intempéries hivernales en améliorant sa porosité. C’est en effet en cette saison que les pluies et vents sont les plus intenses.
Le paillage va éviter la formation de la fameuse croûte de battance, ainsi permettre à l’eau de mieux s’infiltrer, et limitera naturellement le ruissellement et le lessivage des sols. Il va alors jouer un vrai rôle de tampon vis-à-vis des excès d’eau. Pour ceux qui ne sont pas convaincus, observez ce qui se passe sous un arbre ou sur une haie lors d’une forte pluie. Comparez ensuite avec ce qui se passe en plein champ, sans couverture du sol. Dans le premier cas, la végétation amortit les précipitations et permet à l’eau de s’infiltrer progressivement dans le sol.
Dans le second cas, ce sont parfois de véritables torrents de boue qui dévalent des cultures… Avec toutes les conséquences directes ou indirectes que cela peut avoir en termes d’érosion.
Activateur de la vie du sol
La présence du paillage, aussi bien en hiver qu’aux autres saisons, va favoriser le développement de toute la macrofaune (vers, insectes) et toute la microfaune (champignons, bactéries).
Si leur rythme de vie va bien entendu ralentir en hiver, il n’en reste pas moins que tous ces êtres vivants vont continuer à dégrader la matière organique apportée par le paillage.
Cette dégradation de la matière organique en éléments minéraux va accroitre la nourriture disponible dans le sol. Vos cultures ne s’en comporteront que mieux lors de la prochaine saison potagère. Les apports de matière organique, ainsi que le travail de tous les êtres vivants du sol, vont également améliorer la structure du sol.
Elle va devenir moins compacte, plus grumeleuse (le fameux « couscous »). L’implantation et la culture des légumes deviendront de plus en plus aisées au fil du temps. Selon les contextes, elles ne nécessiteront même plus le passage de la célèbre grelinette pour décompacter et aérer le sol.
Paillage en hiver : les quelques inconvénients…
Les adventices
Vous pouvez mettre un paillage en hiver avec différentes matières : feuilles mortes, paille, dernières tontes de gazon, foin… À cette période de l’année, tout comme les légumes, les adventices sont en principe en repos végétatif. Si le paillage permet de limiter l’enherbement et leur germination le reste de l’année, le foin peut avoir un effet tout autre selon la période à laquelle il a été fauché.
Il peut en effet y avoir un apport important de semences de graminées et autres indésirables contre lesquelles il faudra alors lutter la saison prochaine, soit par désherbage, soit par … paillage ! En pratique, si le sol est toujours couvert, vous n’aurez pas vraiment de souci. Mais méfiance, quant à ce que contient par exemple votre foin.
Les ravageurs
Comme évoqué en amont, le paillage assure un véritable rôle protecteur pour la vie du sol. Mais aussi bien pour celle qui nous intéresse que pour celle qui nous intéresse moins ! Les limaces y trouveront un véritable abri pour résister à la rigueur de l’hiver. Elles seront d’attaque dès les premiers rayons du soleil au printemps, affamées des premières plantules qui seront implantées sous forme de semis ou de repiquages.
Un autre ravageur qui y trouve son compte : le campagnol.
Selon l’épaisseur du paillage, et grâce à la texture du sol qui s’améliore progressivement, il y creuse facilement ses nombreuses galeries pour en arriver à parcourir tout le potager. Pour peu que vous leur laissiez quelques légumes soigneusement protégés du froid, le gîte et le couvert sont assurés pour l’hiver !
Enfin, dans le sol en hiver, vous avez également les chenilles comme la noctuelle de la tomate qui hiverne tranquillement en attendant que vous replantiez vos futures tomates 😛 Un ravageur de plus qui est donc avantagé par le paillage.
La température du sol
Si le rôle d’isolant du paillage est un atout pour l’hiver, c’est plutôt un inconvénient à la sortie de la mauvaise saison. Les planches de culture couvertes mettent plus de temps à se réchauffer. Ce qui peut retarder le démarrage de la saison potagère.
N’hésitez donc pas, dès les premiers rayons du soleil revenus, à dépailler vos parcelles. Outre le fait de déranger les ravageurs ci-avant évoqués, le sol profitera de suite de ces degrés supplémentaires. Et pour accélérer ce réchauffement, vous pouvez aussi utiliser des bâches : la couleur noire en augmentera les effets.
Vous pouvez aussi adopter la stratégie de laisser votre sol se réchauffer à son rythme : vous perdrez quelques semaines de précocité, mais vous gagnerez énormément de temps !
Les restes de paillage pourront alors trouver leur place dans le compost… Vous pourrez aussi les remettre lors du retour des grandes chaleurs.
Et le paillage vivant en hiver ?
Vous l’aurez sans doute compris : on parle de cultures ! Que ce soit des engrais verts, ou des cultures nourricières. On peut ainsi tout à fait protéger le sol du potager en hiver avec du paillage vivant.
Les cultures traditionnelles d’hiver seront les bienvenues au potager, apportant donc protection ET récoltes. Pour les engrais verts, on choisira souvent des mélanges de céréales et de légumineuses, comme la vesce et le seigle.
Le paillage vivant est donc un bon moyen de maintenir le sol actif biologiquement, tout en ne consommant pas ou peu de matière organique…
Nous vous proposons des cultures à réaliser à cette saison dans notre article sur le potager d’hiver
Quel paillage utiliser en hiver ?
En automne, hiver, on s’orientera davantage vers les paillages carbonés, même si n’importe quel paillage fera l’affaire. Pourquoi ? Tout simplement car les futures cultures arriveront dans de longs mois. Alors vous ne craignez pas de créer une éventuelle faim d’azote ! Donc autant en profiter, et déposer du carbone sur votre sol. Comme nous vous le disions plus haut, cela va l’améliorer, augmenter son taux de matière organique, sa rétention en eau, et capitaliser pour les futures saisons. Si vous en avez, vous pouvez par exemple utiliser du BRF. Ou autre bien sûr.
Guillaume : en hiver, même si cela attire forcément un peu les rongeurs, j’aime bien préparer quelques planches de la sorte : une couche de déchets de cuisine, et puis une bonne couche de broyat frais (ou autre : paille, foin, feuilles mortes…). Le sol est tout meuble et grumeleux au printemps !
Comment pailler son potager en hiver ?
Pour finir cet article, place à la pratique. C’est très simple : il vous suffit de déposer le paillage sur les zones non-occupées par des cultures. Et si elles le sont, vous pouvez pailler entre les rangs.
Vous aurez peut-être apporté un peu de compost en automne : c’est encore mieux. Paillez par dessus le compost, et rendez-vous au printemps ! 🙂
Alors, convaincu pour pailler votre potager en hiver ?
Si vous ne l’êtes pas encore à 100 %, faites un essai sur une zone de culture ou deux. Rien que pour avoir une comparaison avec le reste de votre potager. Et un dernier conseil : si vous paillez en hiver, veillez à le faire sur un sol déjà humide.
N’hésitez pas à partager cet article autour de vous : cela nous aide énormément. Merci d’avance !
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