« On va manger des frites ! » La phrase préférée des petits et des grands… À moins que vous n’aimiez pas ça 😉 Quoi qu’il en soit, la patate a le mérite de se cuisiner de mille et une façons.
Vous connaissez les pommes de terre “primeur” ? Allez on vous raconte en deux, trois phrases.
60 à 70 jours après plantation, vous gratouillez la terre de votre parcelle de patates. Un peu comme une chasse au trésor à déterrer un bien précieux. Vous allez tomber sur des pommes de terre tout juste formées, avec la peau toute fine, délicate. C’est LE stade de maturité qui fera un énorme différentiel entre les pommes de terre du potager et celles du commerce.
À ce stade primeur, elles sont sucrées, juteuses, goûteuses, tant désirées et même la peau se laisse dévorer. Ne serait-ce que pour cette raison (et bien d’autres, tout le monde pensera aux frites maison, miam !), il est impensable de faire une saison sans penser à elles.
Seul bémol, la conservation. Pas facile d’en garder jusqu’en mars, nous dirions même très difficile… Mais rassurez-vous, même sans chercher à les conserver, il est possible d’en récolter durant une bonne partie de la saison. Alors, filons voir comment cultiver la pomme de terre, cette plante fabuleuse dans nos potagers.
Sommaire
Les différentes variétés/bien choisir vos variétés
192, c’est le nombre de variétés inscrites au catalogue officiel français. 1294 au niveau européen. Et sûrement bien plus dans nos campagnes… Une vie entière ne suffirait pas à toutes les tester. Mais nous en avons essayé quelques-unes quand même, voici nos favorites.
On distingue trois catégories de variétés : les précoces, demi-précoces, et les tardives. On peut simplifier en divisant ces variétés en deux : les variétés précoces et les variétés de conservation.
Des variétés précoces à déguster toute la saison
Les variétés hâtives commencent leur tubérisation rapidement après la plantation. On commence les récoltes 2 mois et demi après la plantation, parfois même plus tôt encore !
• La « Sirtema« , très précoce, la fameuse « Ratte du Touquet« .
• La « Rosabelle » : Testée par Olivier cette dernière saison, pas forcément la plus précoce de toutes, mais quel goût et une couleur de peau toute belle, légèrement rosée. Consommée en primeur, avec la peau, juste sautée à la poêle, autant vous dire qu’on atteint des sommets de plaisirs gustatifs”.
• « Apollo » : Autant elle aura du mal à se conserver des mois, autant elle nous régalera sur les deux premiers mois de récolte. Des pommes de terre de moyen calibre, nombreuses, très goûteuses. Nombreux d’entre nous la cultivent, avec à côté une variété de conservation pour étaler les récoltes et les mois de consommation.
• La variété « Amandine« . Denis à Strasbourg cultive cette pomme de terre tous les ans tellement il en est satisfait. D’ailleurs il ne cultive que celle-ci. Son papa avec son grand potager s’occupe de cultiver des variétés de conservation qu’il partage en famille.
Des variétés de conservation pour l’hiver.
Les variétés dites de conservation se récoltent à pleine maturité, lorsque la peau est bien formée. Cela permet de conserver les patates durant plusieurs mois.
Des variétés de conservation : la ‘Désirée’, la ‘Kerpondy‘, la ‘Bintje‘, la ‘Nicola‘.
La ‘Ulysse‘ : Variété très originale avec une couleur défiant l’entendement ! Un violet émeraude qui sort vraiment de l’ordinaire. Olivier raconte : « Je me vois enlever la fine peau, sitôt récoltée. Et là c’est presque un joyau qui apparaît. L’humidité encore contenue sous la peau, le reflet de la lumière, c’est assez marquant comme sensation. En cuisine, on y retrouve un léger goût de noisette. La variété “Bleu d’Artois” se rapproche un peu de ces folles couleurs.«
La ‘Charlotte‘ : Une des variétés les plus utilisées. Nombreux d’entre nous ont entendu leurs parents, grands-parents la cultiver. Et à juste titre, elle offre un bon rendement, des belles patates bien costaudes qui se conservent des mois. Souvent il est de bon ton de s’appuyer sur l’expérience de nos anciens qui savent plus que bien des livres, nous raconter les vérités du potager.
Si vous en connaissez d’autres, suggérez-les nous en commentaire !
Coefficient de fritabilité
Chair ferme, chair fondante, chair farineuse, frites, purées, on est parfois un peu perdu dans tout ce micmac culinaire. Voici comment distinguer ces trois types de pommes de terre.
Les pommes de terre à chair fondante
Elles sont très adaptées à la cuisson au four. Nappées d’huile d’olive, elles pourront former une belle croûte croustillante, si réconfortante !
Les pommes de terre à chair ferme
Cuites à l’eau, à la vapeur, rissolées, en gratin, les pommes de terre à chair ferme ne se délitent pas à la cuisson.
Les pommes de terre à chair farineuse
Les préférés des adeptes de frites maison ! La grande classique, c’est la Bintje, mais il en existe d’autres : ‘Manon’, ‘Victoria’…
Olivier : je vous avoue que jamais je n’ai porté attention à ce classement qu’on résume souvent sous des lettres A, B ou C. Du moment qu’elles viennent du potager, j’ai le sentiment qu’on peut tout faire de nos pommes de terre. En tout cas, de mes années d’expérience, par exemple avec la variété Charlotte, je m’en régale tout autant en purée, salade froide, frites… Mes seuls critères de choix restent la précocité, le goût, la couleur parfois pour prendre plaisir aussi visuellement.
Le climat et les températures idéales pour cette culture
La pomme de terre est une plante qui a su s’adapter à de nombreux climats. On la cultive aujourd’hui sur tous les continents ou presque, à des altitudes et des climats très variables. Elle se cultive jusqu’à 2000 m d’altitude, c’est vous dire.
Une culture un peu frileuse…
Elle reste néanmoins une plante de climat « tempéré ».
Elle se montre assez fragile face au gel : dès les zéro degré, la plante tire un peu la tête. Et lorsque les -2°C sont passés, cela en est fini pour elle, du moins, de son feuillage. Car il n’est pas rare de la voir repartir après un coup de gel. Cela dit, votre rendement en prendra un sacré coup.
Olivier : Comme toutes les saisons, je tente des plantations très hâtives, fin février, début mars. Dès la fin mars, j’ai ainsi des beaux germes qui sortent de terre. Ici les gelées d’avril sont rares et peu sévères. Mais cette dernière saison (2021), dame météo nous a offert une belle gelée tardive le 08 avril. Les plants ont clairement souffert et grillés sur une bonne moitié. J’aurais dû les protéger avec du paillage la veille, mais la gelée n’était pas annoncée dans les prévisions météorologiques. Au final, -4° au petit matin… Mes haricots ne s’en sont pas remis, mais les pommes de terre elles oui. Les plants sont repartis et la production a finalement été très correcte. Alors à vous de voir. Ne tentez pas trop le diable non plus à planter trop tôt au risque de prendre des trop fortes gelées et y perdre grandement en productivité.
Planter en sol un peu réchauffé
La plantation doit être réalisée dans un sol à 8 degrés minimum. Plus bas, vous risquez d’avoir des tubercules qui pourrissent. D’autant plus si votre sol est bien humide.
Une fois en culture, la pomme de terre est sensible aux périodes de sécheresse et aux périodes trop humides comme la plupart des cultures (elle est sensible au mildiou).
Un manque d’humidité pourra diviser les quantités récoltées par 2, par 4 même, si le sol est vraiment trop sec.
…Et sensible à la lumière
Sachez par ailleurs que la pomme de terre est une plante sensible à la durée du jour. Les variétés précoces et demi-tardives pourront être plantées plus tard que les variétés tardives. Déjà, car le cycle de ces dernières est plus long, mais aussi, car ces variétés tardives ont besoin de jours courts pour produire les hormones nécessaires à la future tubérisation.
Les cycles des variétés de pomme de terre s’étalent entre 75 et 145 jours.
Booster la croissance de vos pommes de terre
Technique redoutable, particulièrement pour les plantations précoces : le voile de forçage sur les pommes de terre (ou les tunnels nantais). Le sol se réchauffera plus vite et vos pommes de terre produiront plus rapidement. Enlevez définitivement le voile dès la mi-mai, et en attendant, n’oubliez pas d’aérer dès que le soleil pointe le bout de son nez, les patates n’apprécieraient pas. En ce sens, on peut surélever le voile la journée, pourvu qu’il soit bien attaché et qu’il résiste au vent.
Le sol de prédilection et la fertilisation
Le sol favori de la pomme de terre
Par nature, la pomme de terre apprécie les sols meubles et un peu acides. C’est son terrain de prédilection. Mais vous pourrez la cultiver dans la plupart des types de sols avec plus ou moins de réussite. Dans les sols trop calcaires, on pourra voir davantage de galles se développer, on en reparle plus bas.
Comme de nombreux légumes qui se développent en terre, légumes racines ou légumes tubercules, elle adore la potasse et au contraire déteste un excès d’azote. Voyons tout cela.
Préparer le sol pour les pommes de terre
Plusieurs écoles à ce sujet : certains jardiniers vont la cultiver dans un terrain très travaillé, bien aéré, bêché. Tandis que d’autres vont déposer les patates tout simplement sur le sol et disposer un paillage épais sur les tubercules, sans même toucher au sol. C’est la fameuse culture sur gazon qui fonctionne à merveille pour créer de nouvelles zones de culture. La patate est en effet une plante nettoyante, car on remue énormément le sol en la récoltant et son feuillage est très couvrant. La culture ne donne que peu de chances aux adventices de se développer. Cela dit, cette culture sur gazon présente le risque de voir les taupins s’inviter à la fête ! Les prairies en sont remplies et les pommes de terre y sont sensibles.
Vous faites comme vous le souhaitez, il peut être judicieux de tester les deux méthodes et de choisir votre favorite en fonction de votre terrain 😉
Ce qu’on retient, c’est qu’un sol un peu tassé ne les empêchera pas de pousser.
Olivier : Je préfère planter mes pommes de terre… dans la terre ! Je sais que la technique de les laisser sur le sol et pailler est de plus en plus courante, mais ici je mets cette pratique de côté, pour une raison essentielle, l’eau. La terre est bien plus rétentrice en eau qu’un paillage. Et j’aurais trop peur que mes plants se dessèchent à ne cultiver que dans du paillage. Alors je plante mes patates à 20 cm sous terre. Par contre, cela ne m’empêche pas de fortement pailler sur le sol par la suite, pour les butter notamment, maintenir les plants bien droits et générer des récoltes bien plus abondantes encore.
Fertilisation et amendements
Dans les tous les cas, il sera intéressant d’apporter du compost à la plantation.
C’est d’ailleurs ce qu’on fait généralement avec les patates sur gazon : on dépose quelques litres de compost, 5L par exemple (encore faut-il avoir cette quantité ! sinon nous le verrons d’autres solutions existent), à l’emplacement de chaque tubercule. On plante ensuite les tubercules dans ce compost.
On recouvre avec une épaisse couche de foin, paille, tonte, feuilles mortes… Le foin est particulièrement indiqué pour cette méthode.
Le paillage amené à la pomme de terre pourra éventuellement remplacer le traditionnel buttage des plants (action de ramener de la terre autour des plants pour les maintenir bien droits et augmenter les rendements). En apportant 25/30 cm de foin, cette opération sera rendue caduque (et compliquée à réaliser en pratique). Mais vous risquez de perdre un peu en rendement.
La fertilisation des pommes de terre
Avoir des seaux de composts, ce n’est pas donné à tout le monde, nombreux d’entre nous n’avons pas cette ressource à profusion. Vous pourrez alors vous tourner vers des engrais naturels, mais plutôt riches en potassium. Si au contraire vous faites l’erreur de mettre des engrais riches en azote, c’est le feuillage des plants qui prendra le dessus sur le grossissement des pommes de terre.
Vous trouverez des engrais riches en potasse dans les jardineries ou même des engrais composés que de potasse. La vinasse de betterave, le patenkali, sont des engrais naturels potassiques. La cendre peut aussi faire bon usage, mais contrairement aux autres engrais naturels, elle agit sur le ph de votre sol. Olivier par exemple, avec son sol calcaire de départ, utilise de moins en moins cette ressource au risque de rendre son sol plus alcalin encore.
L’apport de phosphore sera aussi un atout, pour booster plus encore le développement racinaire et la productivité par la suite. De la poudre d’os par exemple, une poignée au m², sera appréciée.
Ces apports de phosphore, potassium et même azote, peuvent être comblés par des gros apports en composts divers à l’automne. Composts de fumier, composts végétaux, composts maison, à hauteur de 3 à 5 kilos au m². Mais comme toujours, la valorisation de ces apports sera liée à votre sol, l’humidité, la température, la vie biologique. À vous de voir si la culture se développe bien et sinon, réagir avec l’apport d’engrais naturel.
Maud : Dans l’hiver, j’ai pour habitude d’épandre une à deux poignées par m² de cendre de bois (de la cheminée) sur la parcelle. J’ajoute en fin d’hiver du fumier de lapin frais à grossier, déposé en surface et juste légèrement incorporé aux premiers centimètres du sol avec le râteau.
Je n’ai aucune matière organique à disposition pour pailler et butter la culture.
Il vous suffira de cultiver vos patates de façon traditionnelle. La majorité des jardiniers font encore ainsi de nos jours. On pourra alors butter les pommes de terre :
• Une première fois 4 à 5 semaines après la plantation, cela aura l’avantage de désherber la parcelle.
• Une deuxième fois lorsque les plants mesurent 40/50 cm. On cherche alors à bien enterrer les tiges. On vous en reparle plus bas.
Aller plus avec notre article : butter les pommes de terre
Culture précédente, succession et enchaînement de cultures
On vous le disait, la pomme de terre est une culture nettoyante. Soit parce qu’on la cultive avec un épais paillage, soit parce qu’on travaille le sol plusieurs fois pour butter, désherber, récolter.
Un engrais vert avant la plantation ?
Une chose que vous pouvez faire avant cette culture, c’est de semer un engrais vert à l’automne précédant la culture. Vous pourrez ensuite, en avril, venir coucher cet engrais vert ou le couper et planter vos patates. Vous pourrez ensuite recouvrir avec le maximum de paillage possible.
Mais cet itinéraire cultural n’est pas toujours possible. On peut aussi jouer sur des amendements à l’automne, déposer une épaisse couche de matière organique plus ou moins compostée.
Si nous avions un seul conseil à vous donner : évitez de la planter sur un sol ayant reçu une culture gourmande auparavant… Ou pensez à nourrir le sol pour rassasier la culture à venir.
En dernière solution, vous l’avez lu, on pourra fertiliser les pommes de terre durant la culture avec l’aide d’engrais naturel.
Et après la récolte ?
Concernant les cultures qui lui succèdent, la pomme de terre offre un sol tout propre et meuble après la récolte, prêt à semer ! À cette période, en plein été pour les pommes de terre de conservation, de nombreux légumes pourront être installés et offrir de belles et généreuses récoltes d’automne. Nous pensons aux navets, aux radis d’hiver, aux chicorées, aux laitues, entre autres.
Si vous attendez un peu, vous pourrez également installer des choux de printemps en septembre, de l’ail, des oignons, des épinards ou encore des fèves en octobre.
Enfin, si vous avez récolté des pommes de terre primeurs, d’autres options s’offrent à vous.
Denis : À l’issue de la récolte des pommes de terre précoces, courant juin, c’est généralement l’installation d’une association poireau / carottes / choux, ou bien un semis de deux rangs de haricots nains avec repiquage d’un rang de choux au milieu.
Les associations possibles (et pertinentes)
La culture de la pomme de terre ne se prête pas trop aux associations, car on intervient sur la culture plusieurs fois. La récolte détruit littéralement la parcelle et détruirait des cultures trop proches. Mais on peut toujours, sur les bords de planche, tenter quelques cultures hautes comme les pois, les fèves.
Olivier : j’ai parfois tenté des associations entre deux rangs de pommes de terre. Je pense aux oignons notamment. Mais cela a été un échec. Les plants se développent considérablement, atteignent presque un mètre de haut et étouffent littéralement la culture d’oignons. Il en serait de même avec d’autres cultures. Alors je préfère cultiver mes pommes de terre sans aucune autre culture sur la parcelle.
Denis : je n’ai jamais tenté d’associations de culture avec les pommes de terre. Néanmoins je vais tester l’association évoquée par le Bec Hellouin (ferme pédagogique et productive, en permaculture) en espaçant un peu plus mes deux rangs pour y semer au milieu un rang de pois.
Faire germer ses pommes de terre
Nous avons un article dédié à ce sujet. Lire notre article sur la germination des pommes de terre.
La plantation des pommes de terre
Dès lors que vos pommes de terre auront suffisamment de germes, vous pourrez les planter directement au jardin (si le temps le permet !).
La façon de planter va être différente selon si vous décidez d’opter pour la culture normale ou la culture sur gazon. Dans tous les cas, rappelez-vous du repère : le sol doit être à 8 voire 10 degrés minimum. Un repère plus poétique, mais moins précis consiste à planter à la floraison des lilas. Observez le vôtre ou celui de vos voisins !
Culture traditionnelle
Nous vous en parlions en début d’article : on pourra cultiver les pommes de terre sans matière organique en réalisant des buttages pour désherber et remonter la terre contre les tiges. Tracez des sillons profonds à la houe par exemple et plantez vos pommes de terre au fond des sillons. Après quelques semaines, le premier buttage consistera à combler le sillon. Le deuxième buttage viendra remonter la terre autour des tiges.
Culture sur gazon, à plat
Cette méthode dont nous vous parlions en début d’article est intéressante, car elle prend très peu de temps. Mais elle demande de la matière organique, du compost et du paillage.
On dépose 5 L de compost à intervalles réguliers, plus serré pour les pommes de terre précoces que les pommes de terre de conservation. Entre 20 et 40 cm. Plantez ensuite vos pommes de terre dans les petits tas de compost. Recouvrez avec le maximum de paillage possible, tonte, foin, paille, ce que vous avez. Vous pouvez ajouter une poignée de cendres au mètre carré avant l’étape du paillage.
Photo : Marie Chioca
Mélanie a de très bons résultats en pratiquant la culture à même le sol sous paillage.
« Je dépose très longtemps en amont (automne de la saison précédente) du carton sur le sol puis une bonne épaisseur de tonte de pelouse. J’ajoute du fumier de cheval légèrement composté puis à nouveau une épaisseur de tonte et pour finir de la paille. Je reprends pour ainsi dire la méthode très connue des buttes lasagnes en alternant des couches azotées et carbonées. Après 9 mois, je passe juste un coup de grelinette et mes tubercules germés sont posés directement sur le sol que j’ai tout juste légèrement gratté au croc ou au râteau. Et gros paillage de paille par-dessus que j’ai complété avec des apports de tonte en cours de saison. Le gros avantage de cette méthode est de récolter facilement et d’avoir des pommes de terre toutes propres sans terre.«
Le bon compromis
Antoine nous explique comment il fait un compromis de ces 2 techniques !
« Je trouve que le mieux pour cultiver la patate, c’est de faire un “entre-deux”, entre ceux qui cultivent dans la terre et en buttant, et ceux qui font ça juste sous un épais paillage. La méthode en terre a souvent un super rendement, mais demande beaucoup de travail. La deuxième méthode a un rendement moins évident (si ce n’est à emmener des litres et des litres de compost), mais demande peu de travail. Du coup je mélange les deux techniques. Dans mes bacs potagers, j’enterre vers mi-avril les tubercules à 10cm de profondeur dans un sol bien riche et meuble, distants de 25cm en tous sens. Et je rajoute par-dessus 10/20 cm de paillage. Pas besoin de butter/repailler. Au final, j’ai un super rendement et peu de travail sans devoir butter la culture régulièrement.«
Petits ou gros tubercules… ?
On entend souvent que les gros tubercules donnent de nombreuses petites patates et les petits tubercules donnent moins de tubercules, mais des plus gros. Et bien même si ce n’est pas vérifié systématiquement, c’est une tendance générale tout à fait vraie.
Et c’est simple à comprendre : un petit tubercule produira moins de germes, donc moins de tiges, donc moins de pommes de terre. Un gros tubercule produira plus de germes, donc plus de tiges, donc plus de pommes de terre ! 😉
Profondeur de plantation
Toutes ces infos sont dans notre calendrier des semis interactif. Il faudra enterrer les tubercules un minimum au moment de la plantation.
Denis nous raconte son expérience précisément : « Je plante assez tôt, généralement entre le 15 et 20 mars. J’utilise un tunnel de protection les premières semaines ou des « châssis » de palettes que j’ai habillés de sacs de terreau usagés, bien agrafés pour que cela ne bouge pas. Je fais un bel apport de compost au moment de la plantation auquel j’ajoute un bon apport de fumier en granulés. Un petit coup de grelinette et la terre est prête.
J’ouvre deux sillons d’environ 20 à 30 cm de profondeur, espacés de 50 à 60 cm. Je place un plant tous les 30 à 35 cm. Entre chaque plant, j’ajoute quelques granulés de fumier en supplément. Je recouvre et forme de suite les deux buttes. Je n’y touche plus ensuite. La bonne épaisseur des buttes fait que les plants sont bien protégés du froid qui peut encore sévir à cette période. J’ajoute également assez rapidement une couche issue des premières tontes de pelouse, pour une protection supplémentaire. Dès l’apparition des premières feuilles, je reste vigilant sur les températures. Je me tiens prêt à couvrir d’un P30 si nécessaire. Autre avantage des buttes qui sont assez prononcées : les tubercules se développent à l’intérieur de la butte et ne se baladent pas, ce qui simplifie la récolte.«
Irrigation
La patate est sensible à l’eau. Pas assez et vos récoltes seront dérisoires, trop, et vos pommes de terre pourraient pourrir.
Si vous souhaitez un repère, qui variera néanmoins en fonction de votre sol et de la météo, la pomme de terre appréciera un apport de 15 à 20 litres par mètre carré par semaine. Gardez toujours en tête cette image d’éponge essorée que l’on vous répète inlassablement. 😉
Quoi qu’il en soit, ne négligez pas cet aspect, car il sera déterminant pour votre rendement. Un sol sec durant la phase de tubérisation et vous ne récolterez pas grand-chose. Du moins, vous auriez pu récolter bien plus. Quand on y pense, échanger de l’eau contre de délicieuses pommes de terre du jardin, ce serait dommage de s’en priver.
Cela dit, dans certaines régions, on peut presque s’en passer. Tout dépendra de votre contexte et de la météo de l’année.
Maladie et ravageurs
Nous avons un article dédié aux maladies et ravageurs de la pomme de terre.
Faire ses semences de pomme de terre
Il est tout à fait possible de planter des tubercules de l’an passé. Néanmoins, certaines maladies se transmettent au travers des tubercules. Racheter des plants de temps en temps semble être un bon compromis.
Récolte
La récolte des pommes de terre, vous qui avez grandi à la campagne, vous l’avez peut-être déjà connue avec vos grands-parents à passer la journée au champ à ramasser les patates en plein soleil. C’est un petit moment de torture physique, il faut l’avouer. Mais quel plaisir de voir les brouettes se remplir de tubercules délicieux qu’on pourra consommer directement.
Cela dit, avant la récolte, il reste quelques étapes. Sauf pour les variétés précoces, que l’on récoltera au fur et à mesure des besoins, en allant chercher quelques tubercules au pied des plants. Ils devront être consommés rapidement. Les étapes qui suivent concernent donc uniquement les patates de conservation.
Le défanage
Étape non indispensable dans la culture des pommes de terre, mais nous devons vous en parler. Les professionnels pratiquent cela pour accélérer la maturation des tubercules et améliorer la conservation. À notre échelle, on peut en pratique :
• aller déterrer un plant et voir ce qu’il a produit
• si le rendement paraît intéressant, on peut taper les tiges pour les casser avec un bâton ou passer la tondeuse sur la planche
• les fanes vont sécher rapidement, entraînant la maturation des tubercules.
Le défanage intervient quand la moitié des feuilles ont commencé à jaunir, mais si vos pommes de terre sont malades il faudra le faire rapidement, car le mildiou notamment se transmet aux tubercules et les chances de manger vos pommes de terre sont quasi réduites à néant… Si c’est votre cas, le broyage à la tondeuse sera plus intéressant que le bâtonnage.
Cette étape n’est donc pas obligatoire, vous pouvez aussi attendre que toutes les feuilles aient bien jauni, et même commencé à sécher pour commencer le décompte avant la récolte. En effet, les tubercules ont besoin de maturer dans le sol pour s’entourer d’une peau épaisse, qui améliorera la conservation.
La récolte en pratique
Elle intervient environ 3 semaines après le défanage. Ce délai est issu d’un arbitrage : trop tôt, la conservation sera moyenne, trop tard, les pommes de terre pourront être attaquées par des taupins, ou pire des gales et autres maladies. Réalisez la récolte par temps sec, et si possible le matin si les températures sont caniculaires…
Conservation
Récolter des brouettes de pommes de terre, c’est une chose. Arriver à les conserver jusqu’aux récoltes de l’année suivante, c’est tout autre chose encore. Les paramètres importants seront la température et l’humidité.
Avant le stockage
Il est conseillé de laisser les pommes de terre un jour ou deux sur le sol avant de les stocker, à l’abri du soleil direct, pour les faire sécher et que la peau durcisse. Attention à ne pas les laisser au plein soleil et sous une trop forte chaleur. Olivier en a fait les frais une saison en laissant 2 cagettes au plein soleil sous plus de 35°. Les pommes de terre ont noirci de l’intérieur et sont devenues totalement inconsommables.
Le stockage
L’idéal est de les conserver par la suite dans une pièce avec une température autour des 5 à 8°. Au-dessus, la conservation sera moins optimale. L’humidité ne posera pas trop de problèmes. Alors pour les heureux propriétaires de caves, l’endroit est tout trouvé ! Mais ce n’est pas magique malheureusement…
Olivier : Hélas je n’ai pas une pièce suffisamment fraîche pour les conserver de façon optimale. J’ai un légumier dans la cuisine, au garage aussi, dans lesquels j’en stocke une bonne partie. Elles se mettent à germer sitôt le début de l’hiver, début décembre, et à ramollir de plus en plus. Après Noël, clairement, il devient difficile de les consommer. Mais vu qu’on manque de récolte pour tenir toute l’année, on finit de les consommer généralement avant qu’elles ne soient plus consommables.
Denis : Mon père les conserves dans des cagettes en bois, dans une cave isolée par des plaques de polystyrène. La température varie de 0 à 5 degrés en hiver.
À noter aussi que l’on peut très bien laisser ses récoltes en pleine terre, elles s’y conserveront très bien si ce n’est le risque de se faire dévorer par des ravageurs, taupins ou autres campagnols. Mais sinon, elles sauront résister à des gelées et se conserver jusqu’à germer la saison suivante ! Souvent c’est par besoin de place pour enchaîner avec une autre culture, ou par peur des ravageurs, que l’on récolte rapidement une fois la culture asséchée.
Pensez à passer régulièrement vérifier votre stock pour supprimer des éventuelles pommes de terre abîmées qui renvoient une odeur très désagréable en pourrissant et pour dégermer les patates.
En espérant vous avoir aidé, et vous permettre de réussir la culture des pommes de terre !
N’hésitez pas à poser vos questions en commentaires et à partager cet article autour de vous 😉
Bonjour!
Je me cale sur le calendrier potager de Maud, mais sauf erreur il n’y a pas la période de plantation des pommes de terre (à part les patates douces en mai). Quand est-ce que Maud commence à faire germer les pdt et quand est-ce qu’elle les met en terre? Merci beaucoup!
Bonjour Emma,
Si si, la date y est. Si vous allez dans la légumothèque, vous retrouverez vite toutes les dates de plantation pour la pomme de terre. C’est noté qu’elle plante autour du 15 avril.
Donc à faire germer dès maintenant si ce n’est déjà fait.
Merci Olivier, je suis aussi en Normandie et mon terrain est prêt. Je vais donc courir chercher mes tubercules.
Belle journée à vous
Belle saison à toi Virginie
J ai mis des pommes de terre à 1m60 desframboisier que mettre entre les deux
Bonjour pour la conservation des pommes de terre je l’ai met au frigo dans des caisses en polystyrène et bien sur j’enlève les germes avant . Pour l’instant c une méthode qui marche bien . Bonne journée à tous
Bonjour à tous, merci une fois de plus pour cet articles bien complet et intéressant. Cependant je ne comprend pas ceci… « Sachez par ailleurs que la pomme de terre est une plante sensible à la durée du jour. Les variétés précoces et demi-tardives pourront être plantées plus tard que les variétés tardives. »
Est ce que justement les variétés précoces ne sont pas plantées plus tôt que les autres? Merci
Bonjour,
Bel article et très complet comme d’habitude. Cette année je tente la culture d’une variété qui s’appelle Cheyenne. Je l’ai découverte en achetant des pommes de terre chez mon primeur. Elles sont vraiment très bonnes et elles passes partout en cuisine. Le top pour les frites ! Peau rouge (forcément avec ce nom), chaire ferme, goût sucrée. Bref je l’adore. Après au potager, résistance au mildiou moyen – bon rendement – culture 120 jours. PDT de conservation. J’ai 75 tubercules et je ferai un retour sur le rendement.
Belle saison à tous !
Bonjour
C’est la 1ere année que je vais tenter cette culture (roseval). Super article qui me donne pleins d’astuces. J’espère réussir et récolter au bon moment. J’habite sur la côte d’azur et j’ai planter mes pommes de terre début mars car nous avons des températures très clémentes. Penses-tu Olivier que c’était trop tôt? Pour l’instant je ne vois rien qui sort de terre (oui oui je scrute la terre lol).
Merci encore pour vos conseils je me régale malgré un petit potager de 20 m2
Bonjour et merci pour cet article très complet qui a le mérite de me recentrer sur une culture proche dans le temps, mais que j’ai un peu remisée dans la mémoire, depuis la dernière saison des patates ! Pour ma part, je procède comme Antoine, selon une méthode intermédiaire, et je paille avant de semer. Généralement, la paille est même en place depuis l’automne (quand j’en ai eu le temps) et elle recouvre un sol déjà greliné et amendé. Au moment de mes plantations de patates, je repasse un coup de grelinette sans dépailler, pour juste aérer la terre, puis je sème au plantoir, en écartant à peine la paille. Les résultats sont tout à fait satisfaisants et me demandent peu de travail. J’attends le 20 avril pour que soient passés les Saints de glace au moment où elles pointeront leur nez !
Merci Françoise pour ce retour d’expérience 🙂
Bonjour à tous. Je suis rassuré par cet article quand je lis que la conservation peut éventuellement se faire en pleine terre. Au mois d’août j’attaque des travaux de mon sous sol qui vont durer toit l’hivers. Je vais donc prendre mes patates en terre au fur et à mesure des besoins.
Merci
oui c’est presque le meilleur endroit de conservation si vous n’avez pas de ravageurs qui rodent !
Bonjour. J’aimerai cultiver des pommes de terre en sac. Est-ce qu’il y’a des variétés plus adaptées à ce type de culture ?
(Désolé j’ai posté dans un mauvais fil de discussion).
vous pourrez moins « butter » la culture qu’en pleine terre, alors plutôt prendre des variétés « déterminées ».
La liste est longue, tapez « variété déterminée de pommes de terre » sur internet.
Merci pour ce retour :). Je ne connaissais pas ce terme de « déterminé » . Je pensais justement rajouter de la terre au fur et à mesure de la croissance dans le sac. Est-ce que ce n’est pas équivalent avec la butte ? Ce n’est pas la bonne méthode ?
J’ai trouvé ma réponse ici https://jardinierparesseux.com/2020/04/05/pommes-de-terre-determinees-et-indeterminees/
C’est je fais une culture en tour a pomme de terre et non en sac. Donc c’est bien de l’inderteminée qui sera la plus productive dans mon cas si je comprend bien :). Le but étant de s’amuser avec mes filles et pas de produire beaucoup. Mais tant qu’à faire je préfère essayer d’optimiser. Merci !
Bonjour,
je démarre pour la 1ère fois la culture de la Pomme de T. mais en lisant votre article, une question, probablement très naïve me vient!
Vous dites de pailler une fois la pomme de terre placée en terre. Le paillage empêchant les mauvaises herbes de pousser par manque de lumière, n’empêche-t-il pas également la pomme de terre de se frayer un chemin parmi le paillage pour fleurir?
Je vous remercie par avance!
Jeanne
Bonjour Jeanne,
Non, la pomme de terre a suffisamment de réserves pour se frayer un chemin 😉
A bientôt
Merci les amis pour ce retour d’expérience très intéressant. J’ai quelques petites questions. Quel est pour vous un bon prix au kg pour des pommes de terre germées ? Et est-ce que vous connaissez des sites internet qui vendent des plants germés à des prix raisonnables ? Je ne sais pas trop où me tourner, j’aimerai acheter des Bintjes mais je n’en ai pas trouvé chez Gammvert.
Bonjour,
J’ai déjà planté mes PdT début mars, dans ma région les magasins avaient déjà des étalages de tubercules, j’en ai déduit que c’était le moment ici.
Ma question : entre temps ça a encore plu, gelé et neigé, et comme j’ai mis du paillage j’ai peur que ça ait pourri dessous…
Est-ce que le paillage est toujours conseillé au début ?
Vous n’êtes pas obligé non, ca dépend vraiment du sol. Mais pour les patates, si le paillage n’est pas de la tonte pure, ca va le faire. Elles se faufileront.
Bonjour, je suis en Normandie j’ai une terre très calcaire et très caillouteuse. petite expérience en prévision de la culture de pommes de terre, à l’automne j’ai amendée le terrain avec du goémon recouvert de paille tout mélanger au printemps avec la terre pour le moment mes plans sont magnifiques je vous en dirai plus à la récolte.
Bonjour,
J’ai lu cet article avec attention avant de planter des Bintjes. L’article est très bien fait. Il manque juste des photos illustrant le défanage.
Maintenant on croise les doigts pour que la culture arrive jusqu’à là.
Merci Terra pour tous vos partages.
Merci beaucoup pour ce retour ! 🙂
Pour le défanage, vraiment, en ce qui me concerne : je laisse juste les plants sécher et je récolte…
Merci pour cet article très complet et instructif. Je vais faire germer mes pommes de terre, l’endroit le plus lumineux étant la serre, je me demande si je peux mettre un voile d’hivernage dessus pour passer la nuit (température pouvant varier entre 0 et -2°) ou s’il vaut mieux les rentrer à la maison pour éviter de trop grands écarts de température. J’habite dans le Var.
Il vaut mieux éviter les gelées oui, c’est important ! 🙂 Une pièce fraiche, un garage, une cabane de jardin, sont plus adaptés.