Amie(s) de Terra bonjour,

Décidément la météo est vraiment capricieuse ces dernières semaines… Les nuits froides persistent toujours, compliquant le développement de nos chères cultures estivales. Et voilà que désormais c’est la bise du nord-est qui sévit, asséchant les parcelles avec une rapidité déconcertante… Et la chaleur qui arrive d’un coup ces derniers jours !

Après les violentes attaques de limaces, Il y a vraiment de quoi mettre le jardinier sur les nerfs !

Les semis de fin mai, début juin

En pleine terre : blette, betteraves, carottes, chicorées (scaroles et frisées), choux, concombres, courges, courgettes, endive, fenouil, haricots, laitues, maïs doux, persil, potiron, radis

Poursuivez les semis de salade, en optant pour des variétés d’été moins sensibles à la montée en graine. Placez les contenants à l’ombre pour ne pas bloquer la germination, et pour que les jeunes plantules ne grillent pas sous les rayons du soleil.

Pour le semis de haricots, procédez par petites séries, tous les 15 jours par exemple, plutôt que de semer en une seule fois. Les récoltes seront ainsi mieux échelonnées.

On peut aussi cultiver des variétés qui fleurissent bien plusieurs fois dans la saison, comme le ‘galion’, ou les haricots à rames dont la production est plus échelonnée sur la saison.

Les plantations

Continuez de planter en pleine terre : aubergines, céleri, choux, concombres, courges, courgettes et pâtissons, salades, patate douce, poivrons et piments, poireau, tomates.

Repérez le pied de vos courges à la plantation par un tuteur, bâton ou autre moyen. Les plants sont actuellement encore petits, mais dans quelques semaines, une fois le choc de la plantation passé, ils se développeront rapidement et vous ne saurez plus où arroser.

Une fois votre basilic repiqué, commencez à le tailler dès sa reprise. Cela favorisera sa ramification, et ralentira la floraison.

Quoi d’autre ?

Quelques conseils en vrac…

• C’est le moment de palisser la plupart des cultures estivales (tomate, concombres, courges, haricots grimpants, …). Outre l’aspect esthétique, le palissage permet de gagner de la place au potager (pratique pour les petites surfaces), et facilite grandement les récoltes. Il évite également que les feuilles et les fruits ne soient en contact avec le sol et l’humidité, ce qui pourrait favoriser le développement de maladies. Cette opération nécessite d’y consacrer un peu de temps, si on veut créer des structures qui soient solides et durables pour la saison. Ce serait trop dommage de voir votre bricolage s’écrouler en pleine culture, sous le poids des fruits…

• Avec les journées ensoleillées (et la bise actuellement !), c’est le moment idéal de pailler vos planches de culture. Cela vous permettra de conserver une bonne humidité au sol, d’espacer les arrosages (privilégiez alors un gros arrosage plutôt que plusieurs petits), évitera la formation d’une couche de battance lors des intempéries à venir, et limitera le développement des adventices. Avant de pailler, veillez à pratique un désherbage soigneux, pour éviter que les adventices ne traversent quand même le paillage. Et si votre sol est déjà sec, procédez à un arrosage généreux avant de couvrir le sol.

Aller plus loin :
• Tout savoir sur le paillage au potager

• Si la période de sécheresse continue sur mai et juin, n’hésitez pas à arroser vos oignons et échalotes. C’est en effet le moment où les bulbes se développent et ont des besoins en eau importants pour obtenir une belle récolte. En fonction de la fréquence des pluies, arrosez peu mais souvent. Stoppez les arrosages quelques semaines avant les récoltes, pour que les peaux durcissent, le feuillage fane, et ainsi avoir une récolte qui pourra bien se conserver en hiver.

• N’hésitez pas à pratiquer un semis direct pour les cucurbitacées. En cette saison, les plants stagnent avec la fraîcheur des nuits. Le semis direct permet une meilleure implantation du système racinaire, qui a tendance à tourner en godet. Préparez bien votre sol, ameublissez-le, amendez-le, et réalisez votre semis en poquet (2 à 3 graines). Couvrez ensuite d’un voile de forçage, ou bien du haut d’une bouteille dont vous aurez retiré le bouchon. Une fois les plantules levées (attention aux limaces !), ne conservez que le plant le plus vigoureux.

• Commencez à préparer les ombrages et les protections contre les rayons directs du soleil. Rappelez-vous le déroulement de l’année 2022 avec les pics caniculaires et leur impact sur les légumes. La puissance du rayonnement solaire a été tout aussi destructrice que le manque d’eau.

• C’est également le moment de penser au potager d’hiver (difficile alors que l’été n’est même pas encore là !). C’est en effet en cette saison que de nombreuses cultures se sèment (carottes, choux cabus, de Milan, choux kale ou choux-fleurs, betteraves) ou se repiquent (poireaux notamment). Nous vous invitons à vous référer à l’article sur le potager d’hiver pour approfondir la question.

Zoom sur…

La succession des cultures

C’est la période où les cultures estivales prennent le relais des cultures précoces. Betteraves, haricots, choux, tomates, courges, poivrons et aubergines vont succéder maintenant aux fèves, pois, radis, épinards…

Il vous faudra donc débarrasser vos planches de cultures. Pour cela, vous pouvez arracher ou couper la culture en place, selon vos pratiques. Ne vous débarrassez pas de ces résidus, mais valorisez-les ! N’hésitez pas à les recycler en paillage, ou bien au compost. Selon leur taille, il vous faudra peut-être les découper : attention aux doigts, mettez des gants !

C’est maintenant qu’on peut voir toute l’utilité de faire ses propres plants (ou de les acheter). À peine les planches débarrassées des premières cultures de l’année, que vous pouvez immédiatement y repiquer les cultures qui prendront la suite. Par rapport à un semis direct en pleine terre, vous gagnez quasiment un mois. Pas de temps perdu ! Et c’est d’autant plus intéressant pour les jardins de petites surfaces où la place manque pour faire des semis en pleine terre…

Il ne faut pas non plus hésiter à interrompre une culture qui arrive à son terme. Généralement le pic des récoltes les plus abondantes est passé. Ce sacrifice, toujours un crève-cœur, est nécessaire pour que vous puissiez implanter les légumes suivants, qui pourront ainsi être implantés au bon moment pour bien se développer.

C’est d’autant plus vrai quand vous faites vos propres plants. Les laisser patienter en godets finit par leur être néfaste : les racines finissent par chignonner (= elles tournent sur elles-mêmes dans le godet, faute de place), le substrat est appauvri en éléments nutritifs … Bref, à moins de procéder à un nouveau rempotage (consommation de terreau) ou à des arrosages complémentés en engrais organiques, la reprise sera plus compliquée… Une autre méthode un peu moins douloureuse psychologiquement est la contre-plantation. Cette technique consiste à planter ou à semer la culture qui viendra succéder à la culture en place alors même que celle-ci est encore en place. Il faut juste être vigilant quant à la concurrence entre les espèces vis-à-vis de la lumière.

La culture du haricot

Ou plutôt des haricots devrait-on dire !

La diversité ne manque pas : haricots nains, haricots ramants, haricots mangetout, haricots à grains à écosser… Certaines variétés sont plus précoces, d’autres plus tardives. Certaines ne produisent que sur une courte période, d’autres produisent plus longtemps. Certaines produisent abondamment, d’autres moins… Ainsi, vous avez le choix entre de nombreuses variétés : tout est une affaire de goûts.

Quant au choix entre une variété grimpante et une variété naine, sachez que le haricot grimpant est généralement plus productif que le nain, qu’il prend moins de place du fait du palissage, et que sa récolte est plus facile, car vous n’avez pas besoin de vous plier en deux…

Le haricot est une plante qui craint le gel, et n’apprécie pas trop l’humidité. Il est préférable de les semer à partir de fin avril / début mai, quand les risques de gelées sont écartés, et quand la température du sol avoisine les 12 à 15 °. Dans des conditions plus fraîches et plus humides, la germination serait longue, voire ne se produirait pas (les graines pourriraient).

Le semis sera réalisé sur un sol léger, bien décompacté. Plus le sol est aéré, meilleur sera son développement. Vous pouvez effectuer un amendement, mais ce n’est pas nécessaire dans la mesure où le haricot est une légumineuse. Si vous le faites, l’automne précédent est la meilleure période : il n’apprécie pas trop les apports de matière organique fraîche.

Le semis peut se pratiquer en godet, en début de saison pour gagner un peu de temps, et avoir des plants plus développés qui pourraient mieux résister aux attaques de limaces qui en sont très friandes. Dans ce cas, procédez à un semis en poquets de 4 à 6 graines.

Pour le semis en pleine terre, il se pratique soit en poquets de 4 à 6 graines tous les 25 à 30 cm, soit en ligne avec une graine tous les 5 à 8 cm. Si le sol est sec, n’hésitez pas à arroser votre sillon avant le semis. Faites un sillon pas trop profond (environ 3 cm). De cette manière, le soleil viendra réchauffer le sol et la germination n’en sera que plus rapide.

Une fois les plantules au stade 2 feuilles bien développées, procédez à un buttage. Pour les variétés à rame, c’est le moment de mettre en place le palissage : soit par rames (perches de noisetier, bambou, …), soit par filets. Attention à la solidité et à la stabilité de la structure : en pleine saison de végétation, il peut y avoir une bonne prise au vent…

Par temps vraiment sec, n’hésitez pas à les arroser tous les deux ou trois jours, au pied. L’arrosage est notamment important au moment de la floraison. Une astuce pour les haricots nains : faites votre semis sur deux rangs, espacés d’environ 40/50 cm. Procédez à l’arrosage dans la rigole entre les deux rangs créés par le buttage. L’humidité sera ainsi mieux conservée par l’ombrage apporté par le feuillage des haricots.

Le haricot se récolte environ deux mois après le semis (trois pour les variétés ramantes). Calculez vos dates de semis en fonction, pour éviter de vous retrouver en pleine production alors que vous serez en vacances. Il vaut mieux en effet éviter de les laisser durer au risque de voir les fils et les grains se former, notamment pour les variétés mangetout.

Le haricot se prête bien à la contre-plantation et aux associations : les variétés grimpantes au milieu de cultures basses (salades, betteraves, …), et les variétés naines auprès de légumes plus imposants (tomates, maïs) ou même d’un rang de haricots grimpants ! Les combinaisons sont infinies, alors laissez votre imagination s’exprimer…

Profitez des belles journées de ce printemps, avant les premières canicules estivales, portez-vous bien, jardinez comme vous aimez, et à très bientôt !