Les fraises sont une culture facile qui peut donner de très bonnes récoltes rapidement. Elle reste cependant un fruit fragile où le paillage apparaît indispensable. Meilleurs rendements et moins de désherbage, il ne faut vraiment pas s’en priver si vous en avez la possibilité. Parcourons donc ensemble le thème du paillage des fraisiers 😉
Sommaire
Différents paillages et de nombreux avantages
Lorsque l’on parle de paillage, nous pensons naturellement à la paille. Pourtant le paillage désigne une occultation du sol, une couverture pour ce dernier. Il peut donc tout à fait être en plastique, sous forme de bâche mais aussi constitué de matière organique. On retrouve par exemple les paillettes de lin, le broyat de bois ou la paille comme méthode naturelle de protéger et d’enrichir la fraiseraie. Chacune de ces façons de pailler présente des avantages et des inconvénients, nous allons essayer de déterminer quel est le meilleur paillage pour vos petits fruits rouges.
Comparatif, avantages & inconvénients des paillages et du sol nu sur les fraisiers
Voici un petit tableau qui énumère les avantages et inconvénients de chaque paillage pour les fraisiers, développé dans cet article
Sol à nu | Paillage organique | Paillage synthétique | |
limiter les adventices | – | + | ++ |
limiter l’arrosage | – | ++ | ++ |
réchauffer le sol au printemps | + | – | ++ |
favorise la production | + | + | + |
Protection du sol | — | ++ | + |
Évite le pourrissement des fraises | – | – | ++ |
limite la température du sol en été | – | + | – |
Pourquoi pailler ses fraisiers ?
Fini le désherbage !
Le premier avantage de cette méthode de culture est qu’il limite grandement les interventions de désherbage. Les jardiniers y sont habitués, afin de préserver et favoriser les potagères, il faut au maximum limiter l’enherbement. Sur une culture comme les fraisiers qui reste en place plusieurs années, il est intéressant d’installer une solution la plus durable, ou en tout cas, une solution facile à entretenir. Avec un paillage synthétique, fini le désherbage. La bâche occulte la plupart des adventices et les interventions de nettoyage des plates bandes seront presque nulles.
Un paillage en broyat de bois aura à peu près le même effet, mais devra être renouvelé tous les ans pour garantir une couche suffisamment épaisse.
Pour d’autres matériaux comme le foin ou la paille, leur durée de vie est encore plus limitée. Le jardinier devra donc prêter une plus grande attention à désherber et à rajouter régulièrement de la matière.
Limiter les apports en eau sur les fraisiers
Le paillage joue un rôle protecteur pour le sol. Dans une logique de sol vivant, où les micro-organismes sont rois sous nos pieds, plus ils seront à l’abri, mieux leur travail sera effectué. Cette micro faune a besoin d’humidité pour pouvoir décomposer la matière organique et ainsi nourrir le sol. Ce type de cercle vertueux s’applique très bien avec les fraisiers. C’est une culture qui ne demande pas forcément beaucoup d’attention et qui est en place pour un certain temps.
Pour offrir de beaux rendements au jardinier, la fraise a besoin d’eau pour grossir et gagner en sucre. Les producteurs professionnels de fraises arrosent leurs protégées très régulièrement, parfois plusieurs fois par jour. Cela permet des rendements réguliers et de beaux fruits à récolter.
Un bon paillage permet de limiter l’évapotranspiration du sol et le maintient donc humide. Le paillage permet donc d’espacer les arrosages. Attention cependant, une culture paillée a besoin d’un certain nombre de litres d’eau pour réellement humidifier le sol.
Olivier a fait une vidéo sur la capacité de rétention du paillage, mais aussi sa capacité absorbante qui nécessite une certaine quantité d’arrosage pour être traversée.
Limiter le lessivage et les croûtes de battance
Les aléas climatiques influent sur la qualité du sol. Lorsqu’on jardine en “conventionnel”, toutes les planches de culture sont bien désherbées, avec le sol à nu. Dans cette situation, lorsque de fortes pluies frappent, elles viennent lessiver les nutriments du sol. En effet, sur un sol à nu, l’eau a du mal à pénétrer. En cas de pluie d’orage, l’eau a tendance à raviner et lessive les nutriments dans les couches supérieures du sol. La pluie vient donc emporter avec elle les minéraux et les nutriments indispensables à la croissance de nos fraises. Si vous cultivez de cette manière, pensez à biner votre sol pour favoriser la pénétration de l’eau.
Le paillage intervient comme une couverture qui limite drastiquement ce phénomène. Ces mêmes pluies peuvent aussi entraîner la formation d’une croûte de battance. Elle correspond à la croûte superficielle compacte formée par l’action des gouttes de pluie. Celles-ci viennent fractionner des agrégats à la surface du sol. La formation de croûtes entraîne une baisse de l’infiltration de l’eau dans le sol et ainsi une augmentation du ruissellement. Le paillage apparaît donc comme une protection indispensable au bon développement des fraisiers, qui n’apprécient pas les sols secs et pauvres.
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Protéger du froid et du chaud
Le paillage, c’est avant tout une couche isolante. En hiver, le paillage protège les sols du lessivage et évite un gel superficiel lors des petites gelées. Le RAP, Réseau d’avertissements phytosanitaires dépend du ministère de l’Agriculture au Québec. En 2017, il a publié une étude montrant l’impact du paillage sur la résistance au froid. Ils ont mis en évidence un effet couverture de survie impressionnant avec de la paille. Au mois de décembre au Québec, la température moyenne sans paillage était de -4,2°C contre -1,2°C sur une planche protégée. Idem sur les températures minimales : -7°C avec sol paillé et -17,2°C sur sol nu. Au mois de février, sous le tapis neigeux, cette différence est presque nulle. La neige apparaît elle aussi comme une couverture thermique isolant les plantes de l’extérieur.
(plus d’informations : https://www.agrireseau.net/documents/Document_96379.pdf)
Le paillage permet aussi une protection contre les fortes chaleurs. En effet, un sol à nu se réchauffe beaucoup plus vite lorsque les rayons du soleil frappent directement sur la terre noire. La température à 10cm dans le sol sera donc bien moins inférieure en présence d’un paillage que sur un sol à nu. Il est facile de faire l’extérieur à l’aide d’un thermomètre de cuisine avec une sonde. Le résultat est sans appel, en plein été, il y a presque 10°C de différence. Si c’est intéressant en été, au printemps vous perdrez un peu en précocité avec une fraiseraie bien paillée : le sol se réchauffera en effet moins vite. Cela induit un léger retard dans la production.
Si l’on devait vous donner un inconvénient du paillage : il attire les limaces et ces dernières sont friandes des bonnes fraises bien sucrées.
Quels sont les paillages synthétiques pour les fraisiers ?
Parmi les paillages plastiques, on retrouve tout d’abord la bâche tissée. Prévue initialement à occulter le sol tout en laissant passer l’eau, cette dernière est particulièrement adaptée à la culture de la fraise. Elle permet de tenir des planches bien propres, sans adventices et de mieux gérer les apports en eau. Son seul réel désavantage : son esthétique et son prix. Moins cher et tout aussi efficace, il est possible de pailler sa fraiseraie avec des bâches d’ensilage récupérées. Elles sont facilement accessibles chez les agriculteurs qui en consomment tous les ans et doivent payer pour les recycler. Ce sont donc des déchets que vous pouvez tout à fait valoriser chez vous. Selon l’état de la bâche, elle pourra servir plusieurs saisons.
Enfin, il est tout à fait possible de trouver de quoi bâcher facilement son jardin. Des sacs de terreau coupés dans le sens de la longueur offrent par exemple une alternative gratuite qui recycle directement des déchets issus du potager.
Aller plus loin :
• Où trouver du paillage gratuit ?
Le paillage synthétique est donc une solution assez utilisée et efficace pour les fraisiers. Côté esthétique, on aime ou pas, mais il est possible de cacher la bâche avec un paillage organique pour les plus exigeants sur l’aspect du potager. Un des seuls réels désavantages de cette méthode : pas facile d’apporter des nutriments aux fraisiers une fois la bâche installée. Voilà pourquoi se tourner vers le paillage organique peut être intéressant.
Quels paillages organiques pour les fraisiers ?
Un paillage organique correspond à n’importe quelle matière végétale biodégradable dont on se servira pour pailler le sol. Foin, paille, BRF, broyat ou tonte, tous ces éléments offrent des nutriments au sol en se décomposant. Plus le matériau est sec et cassant, plus il est composé de carbone. À l’inverse, les végétaux verts et humides, comme la tonte par exemple, sont plus riches en azote.
Plus le paillage est carboné, plus il durera longtemps. Pour cultiver une fraiseraie, ce paramètre est important. La fraise est une plante vivace qui n’est généralement pas déplacée tous les ans. Les paillages carbonés offrent donc une protection plus durable.
Un paillage à déconseiller pour les fraisiers ? Pas vraiment…
On vous déconseille peut-être les feuilles mortes en paillage pour vos fraisiers. Pourquoi ? Car elles ont tendance à s’envoler et à recouvrir les jeunes fraisiers. Une solution est de les broyer à la tondeuse ou de les recouvrir avec une fine couche de tonte, de foin, ou de broyat. Mais elles feront tout de même un excellent paillage pour vos fraisiers !
Le meilleur paillage pour les fraisiers ?
Le broyat de bois ou du BRF (bois raméal fragmenté) est un des meilleurs compromis. Ils jouent leur rôle de protection, nourrissent efficacement le sol et évitent grandement la poussée des adventices. D’autres paillis issus de déchets de l’agriculture peuvent être utilisés, notamment les paillettes de chanvre ou la paille de blé. Le premier est intéressant, car il prend du temps à se décomposer (environ 18 mois) et est très facile à installer. Seul bémol : son prix ! Les paillettes de chanvre sont souvent conditionnées en petits sacs onéreux, ce qui décourage le plus souvent de l’utiliser.
La paille quant à elle est intéressante : elle stocke particulièrement bien l’eau mais se décompose plus rapidement. Il faudra donc faire des apports réguliers pour maintenir la pression des adventices.
Le paillage organique propose donc un cercle vertueux : les plantes produisent mieux, tout en limitant les actions du jardinier ! Pourquoi s’en priver ?
Des paillages selon les objectifs
La SCOP Terre vivante a fait une expérimentation sur le sujet de 2008 à 2010.
Pour la production de fruits : paillage au broyat…et un peu d’engrais ?
Pour la production de fruits, les essais ont mis en avant le broyat. Grâce à sa valeur nutritive du sol en se décomposant, il offre au fraisier des conditions propices à son développement. Les fraises sont à l’origine des fruits de sous-bois. Elles se plairont donc parfaitement dans un sol frais, légèrement humide et humifère. Attention seulement aux excès d’humidité dans les régions où la pluviométrie est élevée. Le broyat a une grande capacité de rétention d’eau et peut parfois nuire au bon développement des fruits dans les zones hydromorphes. Si vos fraisiers produisent peu, vous pourrez ajouter un peu de fumier ou d’engrais.
Pour ne plus désherber : les bâches
Contre les adventices, le paillage synthétique dépasse les autres. Il fait office de barrière occultante aux pousses non désirées. Cela implique moins de temps passer à désherber et donc de gagner au potager. Attention cependant, les fraises sont une culture gourmande. Il faudra donc venir apporter du compost ou de la matière organique tous les ans sous la bâche ou des engrais solubles lors de l’arrosage.
Pour favoriser les stolons : tous les paillages !
Pour de la multiplication de stolons, le paillage n’a pas son pareil. Sur ce critère, tous les paillages accentuent la pousse des stolons. Une fraiseraie sur sol paillé produira jusqu’à quatre fois plus de stolons tous les ans. Une bonne façon de se rendre compte que les fraisiers sont en grande forme. Si vous souhaitez renouveler votre fraiseraie, n’hésitez donc pas à pailler généreusement vos fraisiers !
Conclusion : le fraisier aime le paillage !
La culture du fraisier est donc une grande amatrice de paillage. Il est recommandé de protéger le pied de ces petits fruits rouges au potager pour augmenter les récoltes, tout en diminuant le temps destiné au désherbage et à l’arrosage (pratique en ces périodes de sécheresse dans nos potagers…). Du BRF, du broyat ou une bâche, ce sera donc avant tout selon les objectifs.
Paillez donc vos fraisiers, de préférence avec ce que vous avez vous la main ! Tous les paillages iront bien finalement, et si vous sentez une production assez faible vous pourrez toujours apporter un peu d’engrais. On aime bien apporter quelques granules de fumier desséché, ou du fumier composté en début de saison.
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Aller plus loin sur les fraisiers
Pour plus d’infos sur la culture des fraises : la revue ‘Le potager permacole’ vous propose un dossier sur le sujet. Le reportage est réalisé chez un fraisiculteur qui maintient une production de fraises durant 6 mois environ. Cliquez sur l’image pour la découvrir (vous aurez accès à ce numéro sur les fraisiers et toutes les archives ainsi que les numéros à venir)
Bonjour, il faut donc s’abonner à la revue pour consulter le dossier sur les fraises, c’est ça ?
super article bien complet! maintenant je sais que je vais remettre ma bache ! et merci pour l’idée des sacs de terreau reutilisés.
J’ajouterai bien du BRF autour de mes fraisiers dont la paille commence à se desagréger. Est-ce que je dois me méfier de la faim d’azote ? Pas trop tard en mars ? Merci !
Ca va le faire ! Surtout si vous avez déjà une première couche en décomposition. La faim d’azote c’est vraiment quand on intègre du broyat de bois au sol et ce n’est pas systématique 🙂
Bonne journée
Merciiiii ! Bonne journée et bonne saison !!
Bonjour à tous, mon problème aujourd’hui c’est que mes fraisiers ont produits beaucoup de stolons et que je n’ai plus la place de pailler, ils sont trop denses. Est-ce un inconvénient ? Merci
Bonjour, peut on envisager une couche de foin recouverte de paille pour augmenter l’humidité ?
Parfaitement ! 🙂
Merci beaucoup, ça ouvre d’autres possibilités…