La piéride est un joli papillon diurne assez commun qui est présent sur tout le territoire français. Le papillon, à l’âge adulte, peut être bénéfique pour polliniser les légumes. En revanche, au stade chenille, il est particulièrement vorace et peut dévorer vos choux en quelques jours. Après cet article, vous saurez tout sur la piéride du chou : son cycle de vie, et comment lutter contre cette chenille au potager.
Bonne lecture !
Sommaire
Une chenille vorace sur les choux
La Pieris brassicae ou piéride du chou peut rapidement devenir un fléau pour les jardiniers. Ce papillon peut mesurer jusqu’à 6 cm. On le reconnaît à sa couleur crème et ses tâches sombres sur les ailes. Il est facilement observable dans tous les jardins.
Au stade de larve, la piéride du chou a un appétit bien développé. Ces chenilles voraces déciment la plupart des cultures de choux lorsqu’elles sont bien installées. Elles s’attaquent notamment aux choux-fleurs, brocolis, choux raves, pommés ou de Bruxelles.
Si ces légumes ne sont pas cultivés, elles trouveront des crucifères sauvages pour se nourrir comme la moutarde des champs. Lors de l’éclosion des larves, elles commencent par dévorer la face intérieure des feuilles de choux. On parle alors de l’effet vitrail.
Dès leur première mue au bout de quelques jours, elles peuvent s’attaquer à l’intégralité des feuilles pour ne laisser que les nervures en place.
On se retrouve alors avec des “squelettes” de choux autour de la pomme à laquelle elles ne s’attaquent quasiment pas. En revanche, privés de leur source de photosynthèse, les choux périclitent rapidement en cas d’invasion massive du ravageur.
Surveillance et suppression manuelle des chenilles sur les choux
Dès le printemps, les premières larves sortent de leur chrysalide – état intermédiaire par lequel passe la chenille avant de devenir papillon – dans laquelle elles ont passé l’hiver bien au chaud. À la mi-mai, les premiers papillons commencent à pondre sur les choux au potager. Facilement repérables, les piérides tournent autour des plants de choux et viennent déposer sur leurs feuilles des grappes d’œufs jaunes vifs bien rangés.
C’est à ce stade qu’il est important d’agir. En passant tous les jours au printemps, ou du moins le plus régulièrement possible, venez écraser systématiquement toutes les pontes que vous trouvez sous les feuilles de vos choux. Et attention : sur la photo, il y a une énorme grappe, mais parfois c’est seulement quelques œufs. Ils sont moins en évidence alors ayez le regard affuté !
Cette régulation manuelle en début de saison permet de limiter grandement leur nombre dès leur sortie de l’hiver. Ainsi, les dégâts occasionnés au cours de l’été seront beaucoup moins importants. Ce massacre de chenilles et d’œufs peut paraître bien archaïque (et barbare). Mais sans traitement ni équipement, c’est la meilleure façon de limiter les dégâts occasionnés par ce ravageur.
Le filet à insectes : la solution la plus simple contre la piéride du chou
Cette lutte manuelle que nous venons de voir nécessite d’avoir du temps disponible pour son potager. Et ce n’est pas toujours le cas. Il existe en revanche une solution efficace et peu chronophage, qui empêche toute ponte de piéride : les filets anti-insectes. Il s’agit de filets à mailles très fines que l’on vient installer en début de saison au-dessus des cultures de crucifères.
Le résultat est sans équivoque. Une telle protection permet, si l’itinéraire de culture est respecté, de récolter de nombreux choux sains sans avoir passé du temps à chasser ces ravageurs voraces. C’est l’une des solutions privilégiées en agriculture biologique. Ces filets sont assez résistants et pourront être réutilisés d’année en année au potager. Leur principal défaut : leur prix ! S’équiper de telles protections pour vos légumes a un coût : il faut compter au minimum 2€50 par mètre linéaire par 2m20 de large sur les sites spécialisés.
Si vous souhaitez investir dans ce type de protection, vous pourrez ainsi éviter d’avoir des pertes sur vos plantations de choux, tout en évitant de faire quelconque traitement au potager.
Alternative : pour les gros ravageurs comme la piéride, le filet anti-insecte peut être remplacé par du voile de forçage type P17. Il empêchera en très grande partie les papillons de pondre sur les choux.
Les expériences pour lutter contre ce ravageur
La chenille de la piéride du chou fait bien des dégâts dans nos potagers depuis plusieurs siècles. Pour lutter contre le ravageur, de nombreuses expériences sont faites avec des résultats plus ou moins concluants. Voici quelques pistes sur le sujet qui peuvent valoir le coup d’être explorées.
Traitement naturel en expérimentation
Christophe Gatineau est un auteur et publie régulièrement des articles sur son blog, Le jardin vivant. Il y a quelques années déjà, il a testé un traitement qui s’est avéré très efficace contre la piéride du chou : des pulvérisations de savon noir sur ses plants de crucifères. Le savon noir agit comme un insecticide non sélectif et assez puissant. Selon l’auteur, dès la première pulvérisation, 50% des chenilles atteintes par le produit meurent moins de trente minutes après la pulvérisation.
Un résultat assez impressionnant en comparatif aux produits chimiques utilisés en agriculture conventionnelle. Une seconde pulvérisation quelques jours après achève le travail et vient décimer les survivantes. Dans sa recette traditionnelle, le savon noir est quasiment 100% biodégradable et n’a aucun effet négatif sur les plantes. Vérifiez tout de même bien la composition de votre savon noir avant d’en user au potager. La dose utilisée est de trois bouchons du produit par litre d’eau. Une piste encore en exploration mais les premiers résultats sont prometteurs.
Pour plus d’information, vous pouvez retrouver un article de Gilles Domenech sur le sujet : https://jardinonssolvivant.fr/experience-savon-noir-et-pieride-du-chou-par-christophe-gatineau/.
Plantez des aromatiques !
Comme pour la plupart des ravageurs, les fortes odeurs sont souvent déplaisantes.
Le papillon s’oriente en particulier grâce à son odorat et repère les choux de loin. En plantant des plantes compagnes aux odeurs fortes à proximité de vos choux, vous pouvez essayer de les désorienter, et ainsi de limiter les dégâts. Le céleri, les aromatiques comme la menthe, le romarin, le thym, la sauge ou la verveine auraient un effet répulsif sur le parasite. Ces observations ne sont pas toujours étayées par des études scientifiques. Mais l’on ne perd pas grand-chose à essayer.
Évitez par ailleurs les capucines à proximité des choux, elles ont la réputation d’attirer les piérides.
Éparpillez vos plantations
Pour limiter les dégâts occasionnés par les piérides, vous pouvez commencer par diversifier vos plantations.
En plantant vos choux en lignes, les uns à côté des autres, vous facilitez l’invasion des piérides. Le papillon aura simplement besoin de repérer un chou puis pondra sous les feuilles de chaque plant. Idem pour les chenilles, si les plants de crucifères sont tous rassemblés au même endroit, elles n’auront aucun mal à se déplacer d’un chou à l’autre.
En répartissant vos plantations un peu partout au potager, vous évitez de subir un assaut groupé et général sur vos plants. On notera tout de même qu’on peut observer des pontes plus importantes sur les choux isolés que dans une « monoculture ». S’il n’y a pas beaucoup de plantes hôtes, le papillon pondra plus d’œufs par choux afin d’assurer sa descendance.
Favorisez les prédateurs naturels
La piéride est un papillon bien implanté sous nos latitudes. Comme la nature fait bien les choses, elle a donc de nombreux prédateurs naturels. Il existe notamment des guêpes parasites, les oiseaux, les araignées et les reptiles se nourrissent aussi de ces chenilles. Malheureusement, ils ont tendance à arriver un peu plus tard dans la saison et ne parviennent pas à endiguer une forte invasion de piérides.
Il est aussi tout à fait possible d’acheter des auxiliaires et de les lâcher dans les cultures de crucifères. On peut notamment se procurer des chrysopes, des coccinelles ou encore des guêpes prédatrices pour limiter les dégâts. Les poules et les canards sont aussi particulièrement attirés par ces larves bien dodues. Attention cependant, les premières peuvent aussi faire des dégâts sur les cultures. Une surveillance des volailles est donc indispensable sans quoi elles ont tendance à casser les tiges de nos potagères…et tout massacrer !
Des traitements naturels contre la piéride du chou ?
Des purins ou extraits de plantes peuvent aussi être utilisés pour leur effet répulsif. Encore une fois, c’est grâce à leur odeur que le papillon peut se retrouver désorienté. Le plus efficace selon les jardiniers qui travaillent avec des purins serait l’extrait de tanaisie.
Pour le préparer, rien de plus simple : 50 grammes de feuilles de la plante broyées dans un litre d’eau puis filtrés pour être pulvérisés sur les choux.
Pour une bonne efficacité, le produit doit être appliqué toutes les semaines. Attention cependant, l’extrait de tanaisie doit être utilisé en frais, il ne se conserve pas. Il existe de nombreuses autres recettes, notamment à base de purins de feuilles de tomates, de menthe poivrée ou d’alliacée.
La méthode de lutte conventionnelle
En agriculture conventionnelle et biologique, il existe un insecticide très utilisé contre la piéride du chou : le BT. Il s’agit du Bacillus thuringiensis, une bactérie anaérobie qui produit de petits cristaux irritants pour les insectes. Ces derniers sont mortels pour les insectes qui les ingèrent. Ils détruisent leurs cellules intestinales, ce qui les empêche de se nourrir. Cet insecticide est particulièrement dévastateur sur les jeunes chenilles qui sont les plus voraces. Ce produit est relativement sélectif, il atteint surtout les chenilles et les larves qui consomment les feuilles des végétaux traités.
En revanche, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas parce que c’est un produit naturel qu’il est sans danger pour la faune et la flore locale. Les UV du soleil détruisent la bactérie, mais cette dernière se retrouve protégée lorsqu’elle arrive dans un milieu aquatique. Dans les exploitations agricoles de grande taille, on retrouve donc sa présence en quantité dans les mares et les étangs avoisinants, rien de bon pour la biodiversité. De plus, cette présence dans l’eau a tendance à créer des résistances biologiques sur les espèces ciblées qui s’habituent progressivement à la substance.
L’utilisation de ce type de produit dans un jardin naturel est donc à éviter, sauf dans quelques cas précis. C’est au jardinier de déterminer ce qu’il souhaite faire dans son jardin et d’intervenir ou non en employant des insecticides.
La piéride du chou et les plants
Cette année au jardin, nous avons pu observer que les piérides étaient capables de repérer les jeunes plants de choux. Âgés de quelques semaines seulement, ils sont particulièrement vulnérables à une éclosion massive de piérides. Il faut donc bien surveiller les jeunes plants de choux au cours de la saison estivale et venir écraser les œufs sous les feuilles fréquemment.
Pour éviter cette corvée, il est possible de se bricoler une pouponnière pour nos semis à l’abri d’un voile anti-insectes. Avec quelques tasseaux (ou arceaux) et un morceau de voile, vos semis de choux seront bien à l’abri de la piéride du chou !
Le cycle de vie de la piéride du chou
Afin de lutter efficacement contre la piéride du chou, il est important de comprendre son cycle biologique.
Hivernation et réveil au printemps
L’hiver, l’espèce survit sous forme de chrysalide qui la protège des intempéries.
Certains papillons adultes effectuent aussi des migrations vers des contrées plus chaudes où elles pourront survivre à la saison. Les adultes issus du premier vol arrivent au mois de mai au jardin. Ils attendent généralement que le soleil brille et que les températures se soient bien réchauffées.
Le papillon, grâce à son odorat, repère les crucifères et pond ses œufs sous les feuilles sans même avoir besoin de se poser. Ils sont disposés par petite grappe de 10 à 60 œufs jaunes vifs. L’incubation de ces derniers dure seulement de cinq à dix jours. En mangeant les feuilles, les chenilles se colorent rapidement en vert, puis se vêtissent de poils au bout de quelques jours.
Le stade larvaire dure environ un mois. À ce stade, les chenilles mesurent environ 4 cm de long. Une fois bien nourries, elles quittent la plante hôte pour effectuer leur nymphose. Cette dernière dure en moyenne deux semaines avant que le papillon puisse à son tour aller pondre de nouveaux œufs.
Plusieurs générations de piéride du chou qui se succèdent
En France, on considère que la piéride du chou peut au moins avoir trois générations par an. Il faut compter entre 25 et 60 jours de l’œuf au papillon. Ce dernier pourra à son tour pondre pendant les trois semaines que compte sa vie d’insecte volant.
La seconde génération de piérides prend généralement son envol en juillet/août, puis pondra une dernière fois où cette fois-ci, une grande partie des papillons hivernent dans leur chrysalide.
En pratique, les pontes et les éclosions s’étalent tout l’été de mi-mai au début de l’automne. Ainsi, les choux peuvent être attaqués toute la saison estivale au potager. Mais attention : ces dernières années, on les voit de plus en plus tard. En 2021, les piérides étaient encore en action… sous la neige !
Pour lutter efficacement contre ces ravageurs, toutes les techniques sont les bienvenues. Si vous avez les moyens d’investir dans des filets anti insectes, cela reste le moyen le plus efficace de garantir des récoltes de choux chaque année. Si vous avez d’autres techniques pour limiter l’action de ces chenilles, n’hésitez pas à les partager en commentaire.
Merci pour cet article complet sur la piéride du choix. De mon côté dès la plantation j’ai posé, je dis bien posé directement sur les choux un filet de protection. J’ai fais une plate bande de 4m de long et 1,2m de large ou j’y ai planté 2 rangés de 5 choux. J’ai acheté un filet de 3m/15m ce qui me permet en le coupant en 3 me permet de couvrir 3 plates-bandes.
Je ne pose pas d’arceaux, sur les 4 cotes de la plate bande j’enroule un peu le filet dans un fer à béton de 8mm et je laisse l’ensemble du filet sur les choux qui en grandissant lèveront eux mêmes le filet .. 😉
Je trouve
Le tunnel nantais peu pratique en particulier pour l’arrosage ( jardin dans le Gard)
Alors j’ai construit un carré en planche avec un filet en couvercle. Les choux grandissant, j’ai fait une rehausse.
J’utilise du filet pour échafaudage comme filet anti insecte, ça fonctionne très bien pour un prix modique.
Ecraser à la main, SANS enlever la feuille …en général, il n’y a pas 2 pontes sur le m^me chou, probablement l’odeur des oeufs.