Le compost en tas est la façon la plus rapide pour effectuer de grosses quantités de compost, que l’on peut utiliser au potager pour nourrir nos plantes. Il demande peu d’interventions, et offre à la fin une fertilité indispensable au bon développement des plantes.
Voyons ensemble la théorie pour faire le meilleur compost en tas. Mais aussi la pratique et la réalité du potager : on est parfois un peu laxiste, et ce n’est pas plus mal !
Sommaire
Un système adaptable selon les quantités
Le compostage en tas est à favoriser dans les grands jardins. On considère qu’il est vraiment intéressant lorsque le terrain fait plus de 1000m2 afin d’avoir suffisamment de matière pour l’alimenter. Si le tas est trop petit, il ne s’effectuera pas réellement de montée en chaleur et le compostage risque de prendre plus de temps. Mais vous découvrirez à la lecture que ce n’est pas si grave 😉
Pour de très grosses quantités, le jardinier peut aussi transformer son tas en andin. Il s’agit d’un tas, fait sur la longueur. Un peu sous la forme d’un Toblerone, qui sera ainsi plus facile à retourner qu’un énorme tas de 3 m de haut !
Bon, tout cela c’est la théorie. En pratique, n’importe qui peut composter en tas, et n’importe où. La montée en chaleur n’est pas indispensable du tout. Nous vous conseillions même dans un autre article de faire du compostage de surface, à froid.
Aller plus loin avec notre article sur le compostage de surface, à froid.
Trouver le meilleur emplacement pour son tas de compost
Un coin à la mi-ombre…
Comme pour n’importe quelle façon de composter, le compost doit être de préférence à mi-ombre. En plein soleil, il sèchera rapidement, ce qui diminue drastiquement l’action des micro-organismes. À l’opposé, s’il est trop à l’ombre, il risque de se gorger d’eau et d’entrer en putréfaction (les matières azotées issues de déchets de cuisine sont majoritairement constituées d’eau). Pas très agréables pour les odeurs !
…Et protégé des vents dominants
Il faut donc trouver un coin à mi-ombre, où le tas est aussi protégé des vents dominants. Ces derniers entrainent le dessèchement du tas. Le compost doit cependant rester un minimum aéré, car les micro-organismes ont besoin d’oxygène pour travailler. En milieu anaérobie, sans air, les micro-organismes ne peuvent plus décomposer, ou très mal. Un coin à mi-ombre, protégé par de la végétation ou par un mur fera donc parfaitement l’affaire.
Proche de la maison et du jardin
Il faut aussi penser à son utilisation. Au quotidien, les déchets issus de la cuisine s’amassent rapidement. Le compost doit donc être placé à une distance raisonnable de la maison afin que les allers-retours avec le tas ne deviennent pas une corvée.
Vous pouvez aussi passer par un contenant un peu plus grand à proximité immédiate de la maison, dans lequel vous pourriez vider votre seau à compost quotidiennement.
Le bac intermédiaire sera ensuite vidé une fois par semaine afin que celui-ci ne fermente pas trop. (à éviter en été, mais il est nettement plus acceptable de marcher un peu dehors en saison estivale qu’en saison froide !).
Guillaume : je ne suis pas un mordu de compost. Mais par la force des choses on se retrouve toujours à avoir un petit tas de compost quelque part. Pour ma part, je réalise souvent plusieurs petits tas de compost à droite à gauche dans le jardin. Je m’en sers à tout stade : du compost très jeune, très grossier, au compost très mûr que j’ai « oublié ». Avec plusieurs petits tas un peu partout, pas de montée en température, mais une certaine praticité : on est jamais très loin de la poubelle !
Je précise que je fais mon compost… « n’importe comment » ! En plein vent et plein soleil, là où ça m’arrange. On obtient toujours du compost à la fin. Dans cet article on vous donne vraiment les clés pour faire un super compost, mais la technique de tout faire n’importe comment marche aussi 😅.
Réaliser son tas de compost
Tendre vers un équilibre carbone/azote.
Les déchets de cuisine, les tontes de gazon, les mauvaises herbes ou les déjections animales (pures) sont des apports très riches en azote. Il faut donc rajouter de la matière organique sèche en même temps sur son tas pour ne pas créer de déséquilibre. Parmi ces déchets carbonés, on peut citer les feuilles mortes, la paille, le foin, la sciure de bois ou du broyat sec. On peut aussi utiliser du fumier bien pailleux. L’équilibre se fait au jugé. Mais le compost doit être composé en moyenne de deux tiers de matière fraiche, humide, contre un tiers de matière sèche (plutôt carbonée).
Aller plus loin : tout comprendre sur le rapport carbone/azote ou C/N
Plus le compost sera fait rapidement, mieux la décomposition opèrera. En moyenne, on considère que le tas prend huit à quinze mois à se décomposer totalement. Pour activer plus rapidement la décomposition de la matière, vous pouvez la broyer à l’aide d’une tondeuse ou d’un broyeur. Certains préconisent aussi l’ajout d’orties (fraîches ou en purins) pour accélérer le processus.
Vous pouvez mettre tout type de déchets organiques sur le tas. Mais certains sont tout de même à éviter pour limiter les déconvenues. Les os, les coquilles d’œufs et les grosses sections de bois mettront du temps à se décomposer (même si ces matières sont acceptées au compost !). Au contraire, les déchets de cuisine diminuent très rapidement dans le compost.
Peut-on utiliser du compost qui n’est pas mûr ?
Oui tout à fait, c’est même un cadeau que vous faites à la vie du sol ! Le compost 100% mûr ne nourrit que quelques bactéries. Tandis que si vous mettez du compost qui n’est pas mûr, le reste de matière pourra nourrir les vers de terre et autres microorganisme du sol !
Pourquoi retourner son tas de compost ?
Si vous souhaitez obtenir un beau compost totalement mûr, il faudra retourner le tas au moins deux à trois fois. Ceci pour assurer sa bonne dégradation et une montée optimale en température.
Pour assainir le tas de compost
La chaleur est un des éléments qui participe à la dégradation de la matière organique. Dans les stations de compostage à grande échelle, les tas montent jusqu’à 66°C. À cette température, la plupart des pathogènes et des graines d’adventices sont détruits… Si vous faites seulement un ou deux apports par semaines sur votre tas, il vous sera difficile de garantir la chaleur nécessaire à la destruction des graines. Si vous utilisez ce compost pour vos semis ensuite, vous aurez une sacrée corvée de désherbage dans vos godets. Le compost maison non chauffé est donc à favoriser pour amender le sol (sous un paillage pour éviter la levée des adventices), pour les arbres et arbustes.
Et homogénéiser le tas et accélérer sa décomposition
Retourner et brasser le tas permet d’homogénéiser le mélange et ainsi accélérer le processus de dégradation. Dans la théorie, on procède à trois retournements minimum. Un à la fin du premier mois. Un au bout de 3 mois. Et un à 9 mois avant l’arrêt d’ajout de matière.
L’avantage du compost en tas est qu’il est facile à retourner. Un croc ou une fourche à foin permettent en quelques minutes de s’occuper du tas. Il suffit de le décaler d’un mètre à côté en tirant la matière afin de remettre au centre les végétaux non compostés. Il faut donc prendre les couches périphériques, plus sèches pour les remettre au cœur du tas. Si le mélange vous semble sec, n’hésitez pas à ajouter quelques arrosoirs d’eau pour réhumidifier le tout.
Prenez tous ces conseils à la légère…
Tous ces conseils, il s’agit de la théorie pour avoir un super tas de compost bien mûr et sans graines. La Rolls du compost, quoi !
En pratique : vous faites ce que vous voulez. L’important, c’est de respecter à peu près les doses (2 tiers de matières humides pour un tiers de matière sèches). On peut faire 50/50, ça marche aussi…
Rappelez-vous simplement cette histoire de graines. Si vous utilisez un compost qui n’est pas monté en température, vous aurez plein de graines dans le compost. Vous aurez donc énormément d’adventices dans vos godets ou au potager.
Et les maladies ? Honnêtement, on n’a jamais trop remarqué une invasion de mildiou ou autre suite à l’épandage d’un compost qui n’a pas chauffé. Les spores des champignons sont, de toute façon, présentes partout dans le jardin. Vous en avez même très probablement sous vos souliers de jardiniers ! Ce sont les conditions climatiques qui font que les maladies se déclarent ou non. À vous de voir, de tester, et de vous faire votre propre idée. De notre côté nous avons tranché.
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Lancer son compost en tas
Une fois le lieu idéal déterminé, rien de plus facile pour commencer ce compost en tas. Si la végétation est très dense à l’endroit choisi, vous pouvez désherber un peu afin que le tas ne soit pas envahi d’orties et de chiendent au bout de quelques mois (ou mettre une bonne couche de carton). Le meilleur moment pour le lancer est souvent à l’automne.
Ainsi, vous disposerez de matière organique en quantité. Une fois chose faite, disposez de la matière carbonée, sèche, sur une quinzaine de centimètres. Ces branchages assurent la bonne aération du tas par le dessous. Apportez ensuite régulièrement vos déchets de cuisines et de taille au jardin, tout en gardant en tête l’équilibre carbone azote.
Pour faciliter le processus, laissez de la matière sèche à proximité du tas. De la paille, des feuilles mortes, du broyat de bois… Afin d’en apporter en même temps que les déchets de cuisine. On complète ensuite le compost au fur et à mesure de la production de matière organique par le foyer.
Lorsque le tas atteint entre un mètre vingt et un mètre cinquante, vient le temps de le laisser finir son travail de décomposition. Retournez-le une dernière fois. Puis, couvrez-le (avec de la paille, une bâche perforée ou autre) le temps que les micro-organismes finissent leur travail. Vous pouvez ensuite commencer un nouveau tas quelques mètres plus loin. Dans quelques mois, le premier pourra être utilisé au potager. Pour l’utiliser, vous pouvez le tamiser pour obtenir un mélange homogène qui sera plus facilement incorporé au sol. Cela dit ce n’est pas du tout obligatoire. On pourra utiliser les déchets secs non compostés en paillage, ou bien les réincorporer dans le nouveau tas.
Comment utiliser son compost ?
Au bout de quelques mois de repos et de patience, le tas de déchet se transforme peu à peu en terreau humifère riche pour nos plantes potagères. Une fois que le tas semble mûr, que la température est descendue, qu’il est sombre et sent l’humus, il est temps de s’en servir.
Pour les cultures en pleine terre, il peut être utilisé en surface pour nourrir vos cultures. N’hésitez pas à déposer sur vos planches 2 à 3 kilos de compost par mètre carré. Vos plantes ne s’en porteront que mieux. Si les quantités produites sont limitées, une simple poignée au pied des plants sera la bienvenue.
Pour les bacs, les pots et les jardinières, mélangez 40% de compost avec de la terre végétale pour obtenir un substrat riche et drainant pour vos cultures.
Pour le verger, idem, vous pouvez en ajouter un bon seau à la plantation et/ou tous les ans au pied de vos fruitiers. Cette nourriture assurera le bon développement des plantes et vous apportera de belles récoltes. Il ne faut donc pas hésiter à se lancer. Un tas de compost permet de transformer des déchets en une ressource indispensable pour la croissance des plantes potagères.
Diagnostiquer et comprendre son compost
Généralement, le jardinier apprend au fur et à mesure de ses essais et de ces erreurs. Le compost en tas n’est pas très compliqué. Il faut cependant toujours garder en tête l’équilibre carbone/azote (1 tiers/2 tiers) lorsque l’on fait des apports. Et aussi surveiller le taux d’humidité du tas.
Le tas de compost ne chauffe pas
Si vous vous rendez compte que votre tas ne chauffe pas, il peut y avoir plusieurs raisons. Le tas peut être trop petit, il peut manquer d’humidité, d’azote ou d’aération. Retournez le tas, et arrosez-le si nécessaire, et vous devriez retrouver une montée en chaleur. Au contraire, s’il est trop chaud (supérieur à 65°C mais ce qui est rare), c’est qu’il y a un manque d’aération et de matière carbonée.
Le tas de compost sent très mauvais
Si le tas commence à avoir une odeur déplaisante, pas de panique ! C’est généralement dû à un excès d’humidité, cumulé à un surplus d’azote. Retournez le compost en y ajoutant de la matière sèche et votre problème devrait se réguler rapidement. Pensez à recouvrir systématiquement les déchets de cuisine (surtout la viande et le poisson) par de la matière carbonée.
Ces derniers ont tendance à attirer les rongeurs, les mouches et les oiseaux. Un compost n’est pas une source de nourriture uniquement pour les organismes du sol. En effet, d’autres animaux essaient d’en tirer bénéfice. Un composteur en silo ou en fut pourra être mieux protégé si vous avez des problèmes d’envahisseurs au potager.
Selon les cas particuliers, un type de compostage peut donc prévaloir sur un autre. Un compost est toujours une histoire d’équilibre. Il faut tendre vers des apports ayant bonne proportion de carbone/azote et ensuite, la microfaune du sol effectue le travail pour nous !
Aller plus loin avec d’autres articles :
• sur l’utilisation des composts au jardin, et les différents composts : « Le compost au potager, guide complet«
• sur le compostage en silo, en bac : « Le compostage en silo, en bac«
• sur le compostage de surface : « Tout savoir sur le compostage de surface«
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Bonjour,
Est-ce que laisser les poules accéder au compost serait une bonne pratique à votre avis ?
J’imagine que celles-ci picoreraient les graines présentes et permettrait d’éviter les pousses indésirables lors de la mise en place du compost sur les planches de culture et amenderait le compost avec leurs fientes…
Elle enrichiront le compost c’est certain, mais par contre elles ne feront pas spécialement baisser le réservoir de graines 😉
A bientôt
Article très proche de ce que je pratique dans mon petit jardin (120m°2) en location depuis 3 ans mais terre pauvre . Cette année essai du compost en tas car composteur trop petit. Je met un coup déchets cuisine, feuilles, bouts de branchettes bois, foin .herbes orties..etc
Bonjour: vous indiquez dans l’article comment faire un compost « La règle pour faire un compost réussi : 1/3 de sec, 2/3 d’humide ». Et dans cet article-ci du compost en tas vous dites: « un tiers de matière fraiche, humide, contre deux tiers de matière sèche ». Chercher l’erreur! Merci de clarifier.
C’est corrigé 🙂
Article très complet, merci !
Il reste une petite contradiction 😉
« Mais le compost doit être composé en moyenne de deux tiers de matière fraiche, humide, contre un tiers de matière sèche (plutôt carbonée). »
« En pratique : vous faites ce que vous voulez. L’important, c’est de respecter à peu près les doses (2 tiers de matières sèches pour un tiers de matière humide). »
» Il faut cependant toujours garder en tête l’équilibre carbone/azote (2 tiers/1 tiers) lorsque l’on fait des apports. »
C’est corrigé ! merci 🙂