La noctuelle est un petit papillon de nuit dont les larves s’attaquent à nos tomates. La chenille nocturne se nourrit de la chair de nos tomates au grand désarrois du jardinier. Qui est ce petit papillon et surtout, comment limiter les dégâts de ces chenilles sur les tomates ? Voyons cela ensemble.
Sommaire
Une envahisseuse récente
D’origine tropicale, la noctuelle de la tomate a été repérée dans le sud de la France pour la première fois pendant la canicule de 2003. Elle s’est depuis répandue sur tout le territoire national et fait particulièrement des dégâts dans le sud de la France (et de plus en plus dans les autres régions). La chenille peut s’attaquer aux autres solanacées (poivrons, aubergines…)
Dès le mois de mai, on aperçoit les premières attaques de la chenille. Les femelles pondent plusieurs centaines d’œufs de façon isolée sur toute la surface de la plante (tige, feuilles, fruits et fleurs). Le stade chenille dure environ trois semaines durant lesquelles elle connaît plusieurs comportements. Les jeunes chenilles sorties de l’œuf s’attaquent tout d’abord aux feuilles puis aux fleurs. On dit qu’elles sont arpenteuses.
Dès qu’elles sont suffisamment grosses, elles percent la peau de la tomate au niveau du pédoncule et deviennent mineuses. Elles se nourrissent de l’intérieur de la tomate en y creusant des galeries rendant les tomates impropres à la consommation.
Reconnaître la noctuelle de la tomate
On appelle communément ‘noctuelle de la tomate’ l’espèce de lépidoptère (papillon) ‘Helicoverpa armigera’. Le cycle d’œuf à œuf de la noctuelle dure environ un mois et demi. Lorsque les températures sont chaudes (autour de 27°C), les œufs prennent autour de trois jours à éclore.
Les jeunes sujets s’attaquent aux boutons floraux ce qui peut entraîner de lourds dégâts, en particulier dans les monocultures. La chenille connaît six stades larvaires, elle mesure trois à quatre centimètres avant de faire sa chrysalide pour devenir papillon. La chenille est glabre, de couleur verte à brune avec deux bandes latérales claires et plusieurs bandes sombres sur le dos. Au stade adulte, le papillon femelle devient orange- jaunâtre et gris verdâtre chez le mâle. Il ressemble à ce qu’on appelle communément un papillon de nuit. Il existe de nombreuses autres espèces de ces derniers qui font des dégâts similaires sur les tomates.
Des dégâts rapides
Au cours de ses premiers jours, la noctuelle s’attaque aux fleurs et aux feuilles ralentissant la croissance des plants de tomates.
Dès qu’elle pénètre dans la tomate, elle empêche la maturation du fruit et le rend impropre à la consommation. On les repère souvent à leurs multiples déjections collées sur les feuilles inférieures à la tomate minée. Une fois localisée, il faut systématiquement supprimer les chenilles. Elles se multiplient très rapidement et les dégâts sont fulgurants.
L’année 2022 a été particulièrement bénéfique à ces ravageurs. Un été chaud et sec a permis à ces nuisibles de gagner de nombreux jardins potagers. Dans le sud de la France, on compte désormais jusqu’à quatre générations par saison. C’est principalement le second vol du papillon (en juin) qui entraîne la majorité des dégâts pendant les deux mois qui suivent.
Les symptômes sur les tomates
Au cours de ses premiers jours, la noctuelle s’attaque aux fleurs et aux feuilles ralentissant la croissance des plants de tomates. Dès qu’elle pénètre dans la tomate, elle empêche la maturation du fruit et le rend impropre à la consommation et à la transformation. On les repère souvent à leurs multiples crottes collées sur les feuilles inférieures à la tomate minée. Une fois localisée, il faut systématiquement supprimer les chenilles.
La noctuelle de la tomate peut sembler bien agressive. Lorsque vous effectuez des ramassage ou des traitements, elle n’hésite pas à impressionner. Elle se fixe sur les ventouses arrières de sont corps et s’agite dans notre direction. Pas de risque, elle ne mord pas, vous pouvez même les “récolter” à la main.
Elles se multiplient très rapidement et les dégâts sont fulgurants. L’année 2022 a été particulièrement bénéfique à ces ravageurs. Un été chaud et sec a permis à ces nuisibles de gagner de nombreux jardins potagers. Dans le sud de la France, on compte désormais jusqu’à quatre générations par saison. C’est principalement le second vol du papillon (en juin) qui entraîne la majorité des dégâts pendant les deux mois qui suivent.
Les techniques de lutte bio contre les chenilles de la tomate
Le ramassage : une lutte quotidienne
Le plus simple à mettre en place pour limiter les dégâts de cette chenille est le ramassage manuel et quotidien des larves. Dès les premiers signes d’attaque, le jardinier part à la chasse. Les chenilles sont difficiles à repérer lors de leurs premiers stades larvaires, on les localise en général lorsqu’elles ont déjà attaqué le fruit de la tomate. Comme évoqué plus tôt, cette gourmande signe généralement ses méfaits.
Sous les fruits attaqués, la chenille laisse tomber des dizaines de petites crottes à la surface des feuilles des tomates. Lorsque vous repérez la tomate attaquée, cueillez là et ouvrez là à l’aide d’un couteau. Pas de pitié ! Tuez systématiquement les chenilles que vous y trouverez : dans quelques semaines, cet insecte rampant aura des ailes et sera capable de pondre plus d’une centaine d’œufs. Si le jardinier arrive à supprimer une grande partie des chenilles en début de saison, ce sera tous ces ravageurs là en moins le long de la saison.
Une lutte mécanique : le travail du sol
Comme de nombreux insectes, la larve de la noctuelle hiverne dans le sol. Elle s’enfouie à plusieurs centimètres de profondeur et passe les mois les plus froids dans sa chrysalide. Dans un jardin potager, ce n’est pas toujours facile de respecter les rotations de cultures. Pourtant, dès que les températures deviennent plus clémentes, la chenille sort et s’attaque aux tomates. Si vous les cultivez au même emplacement chaque année, la nouvelle génération de chenilles n’aura aucun mal à trouver vos tomates et à les attaquer tôt dans la saison.
Si vous êtes sujet aux noctuelles, vous pouvez, dans les zones où vous avez cultivé des tomates, faire un travail superficiel du sol. On ne parle pas d’un labour profond mais en grattant les cinq premiers centimètres, vous devriez mettre à mal l’hivernation de la chenille. Attendez que les températures soient bien descendues pour agir. Ainsi, les chrysalides exposées au froid et à la lumière seront détruites. En prime, certains oiseaux viendront se servir ! Ce sera donc déjà quelques centaines de papillons ravageurs en moins la saison prochaine.
Les filets anti-insectes : fini les dégâts !
Pour récolter de beaux fruits chaque année sans prendre de risques, les filets anti-insectes n’ont plus à prouver leur efficacité. Il s’agit d’un voile aux mailles très fines qui empêchent tout insecte de s’attaquer aux plantes et aux fruits. Les maraîchers ont de plus en plus recours à cette technique qui garantit une récolte. Malheureusement, c’est difficile de protéger tout le potager de la sorte. Le filet coûte en moyenne deux euros du mètre carré protégé, on peut donc parler d’un réel investissement.
Pour les jardiniers qui possèdent une serre, il est possible d’enlever les portes latérales et de les remplacer par un tel filet à un moindre coût. De cette manière, on peut maintenir la serre aérée pour l’été, tout en gardant nos légumes à l’abri des insectes (mais aussi des insectes pollinisateurs…).
Les prédateurs naturels
La noctuelle de la tomate est avant tout un papillon. Sous nos latitudes, de nombreuses espèces les consomment. On peut tout d’abord évoquer les oiseaux. Ce sont des prédateurs confirmés de chenilles. À titre d’exemple, un couple de mésanges bleues consomme en moyenne 500 chenilles par portée. Elle pond 5 à 12 œufs une à deux fois par an. Attirer les oiseaux au potager permet donc de limiter le nombre de ravageurs de nos légumes. Vous pouvez installer des nichoirs dispersés dans le jardin qui offriront le gîte à ces alliés. En plantant des haies, avec des arbres produisant de petites baies, vous offrez aussi de la nourriture pour ces derniers en hiver. Au mieux la biodiversité sera installée chez vous, moins vous aurez de soucis de ravageurs. Mais attention, certains oiseaux sont vraiment pénibles, comme les merles qui retournent les paillages…
La noctuelle est un papillon très majoritairement nocturne. Dans l’obscurité, les chauves-souris sont aguerries à la chasse. En leur installant des sites de nidification, vous augmentez les prédateurs de la chenille qui régulent passivement les invasions. Malheureusement, les noctuelles arrivent souvent en même temps que nombre de prédateurs de nos cultures. (piérides, altises…) Les oiseaux et les chauves-souris n’arriveront pas forcément à endiguer leur propagation massive. Les maraîchers ont donc recours à d’autres techniques de lutte pour garantir des récoltes.
Introduction de prédateurs contre les chenilles de la tomate ?
Il n’existe pas, à ce jour, de prédateur spécialisé sur cette chenille. Certains maraîchers expérimentent des lâchers de macrolophus pygameus dans la lutte préventive contre la noctuelle. Il s’agit d’une punaise prédatrice utilisée comme auxiliaire en agriculture biologique. Elle est dite polyphage. Cela signifie qu’elle mange de tout et surtout, en quantité ! Lâchée en grand nombre dans des espaces confinés comme des serres, elle parviendrait à limiter les dégâts occasionnés par le petit papillon. Elle serait capable de dévorer les noctuelles dès leur stade d’œuf, ce qui réduit grandement la propagation en début de saison. Des expériences sont réalisées sur le sujet, pour le moment les résultats semblent prometteurs. Cet auxiliaire s’installe uniquement dans le sud de la France, car il peut hiverner et rester dans les parcelles. Dans les autres régions, il meurt en hiver généralement.
Les insecticides naturels : adieu les chenilles
Il existe plusieurs façons de lutter localement contre les noctuelles. Attention cependant, ces traitements sont non-sélectifs et radicaux. En les utilisant, vous tuerez toute la microfaune présente sur vos plantes, auxiliaires y compris !
La terre de diatomée
Il s’agit d’un insecticide naturel qui produit de micro cristaux provoquant des lésions sur le tube digestif des insectes. Inoffensive pour l’Homme, cette pour est létale pour les noctuelles qui meurent quelques jours après avoir été en contact avec le produit. Le traitement est volatile et craint la pluie, il doit donc être renouvelé régulièrement.
La méthode plus radicale : Le BT
Le Bacillus thuringiensis est un insecticide utilisable en agriculture biologique. Il s’agit d’une bactérie aérobie qui est présente partout (eau, sol, air et dans les végétaux) dans de petites quantités. Utilisé en grande quantité, il apparaît comme un véritable fléau pour les insectes. Il agit grâce à une toxine appelée δ-endotoxines qui se forme lors de la sporulation de la bactérie. Ces toxines sont en fait des micro cristaux qui sont létaux pour les chenilles qui les consomment sans résidus pour les cultures traitées. Le BT est détruit par les UV.
Pour que ce traitement soit efficace sur les noctuelles, il faut agir dès le début de l’invasion. La bactérie est efficace contre les jeunes larves et les papillons. Une fois la chenille à l’abri dans la tomate, c’est trop tard pour le traitement. Les professionnels utilisent donc du piégeage sexuel pour repérer l’apparition des premiers indésirables. Cela permet de faire le traitement au BT avant le second vol où les individus seront plus nombreux.
Le Bacillus thuringiensis est vendu en jardinerie et pourra sauver des cultures traitées à temps. Bien qu’autorisé en agriculture biologique, ce produit résiste dans l’environnement lorsqu’il est dans l’eau. On remarque donc des concentrations élevées de produits dans les points d’eau à proximité des zones traitées. Cette présence dans les écosystèmes entraîne des résistances chez les insectes ciblés.
Le BT reste un insecticide, avec des effets notoires sur l’environnement : nous vous le déconseillons !
Prenez toujours des précautions en ayant recours à des produits, ils sont souvent nocifs pour TOUTES les bêbêtes du sol. À utiliser donc en dernier recours si les autres méthodes ne fonctionnent pas et que vous n’avez aucune récolte…
Une diversification du régime alimentaire
Originaire de zone tropicale, la noctuelle s’attaque à une grande diversité de végétaux. Dans son environnement naturel, elle pose beaucoup de problèmes aux agriculteurs sur les cultures de maïs et du cotonnier. Bien installée en métropole depuis une vingtaine d’années, elle étend aussi son régime alimentaire chez nous. Sur le bassin méditerranéen où elle fait le plus de ravages, elle consomme désormais tout type de solanacées, mais aussi les haricots, les courges ou encore l’artichaut. Le dérèglement climatique favorise ces papillons, particulièrement friands de chaleur. Leur développement ne devrait donc pas diminuer pour l’instant. Il faut donc apprendre à cohabiter avec ce ravageur et mettre en place le maximum de techniques pour limiter sa propagation dans votre jardin.
Attaque en bande organisée
Si la noctuelle Helicoverpa armigera est la plus répandue, elle n’est pas la seule à faire des dégâts sur nos tomates. Trois de ses cousines s’attaquent aussi à nos légumes d’été. On peut notamment citer la noctuelle gamma. Cette dernière très commune est verte flashy et six longues bandes longitudinales parent son abdomen. Cette dernière est davantage concentrée sur les feuilles. Elle grignote notamment celles des tomates, mais aussi d’autres potagères.
Parmi les autres chenilles de la tomate, on retrouve aussi la noctuelle potagère qui elle s’attaque aux fruits encore verts. Contrairement à la noctuelle de la tomate, elle ne pénètre pas dans le fruit. Elle est donc plus vulnérable aux traitements insecticides comme le BT. Enfin on retrouve la noctuelle arpenteuse, verte fluo avec un trait jaune sur son dos. Elle consomme quant à elle feuilles et boutons floraux des tomates. Toutes ces variétés sont gourmandes et peuvent décimer une culture de tomate. De façon générale, toutes les techniques de lutte évoquées plus tôt fonctionnent aussi sur ces dernières.
Gardez aussi en tête que plus vous agirez vite en début de saison, moins elles se reproduiront. Les ravages sur vos tomates en seront donc fortement diminués.
Vous êtes peut-être victime de ces chenilles sur vos tomates dans votre jardin ? N’hésitez pas à nous partager votre expérience en commentaire, et nous livrer vos astuces pour limiter leurs dégâts sur vos tomates 🙂
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Bonjour,
En cette fin de saison toutes mes tomates abritent des petits vers. Il y en a trop pour les ouvrir toutes afin de tuer ces chenilles. Les mettre au compost risque d’aider les chenilles à survivre à l’hiver et à se répandre ensuite sur tout le jardin. Que faire ? Mettre les fruits et plants contaminés à la poubelle avec les ordures ménagères ?
Vous mettez tout dans un sac poubelle et vous fermez bien. Vous l’ouvrirez au printemps : en principe il ne restera plus de chenilles 😉
L’an dernier, j’ai eu beaucoup de soucis avec ces chenilles. Elles se sont multipliées à vitesse grand V et je pouvais parfois en trouver plus d’une vingtaine sur un seul plant de tomates.
Cette année, j’en ai trouvé 2 max et plus aucune après !
Donc coup de chance, je crois 😀