Le désherbage au potager est probablement l’une des actions les plus pénibles, rébarbatives et chronophages à effectuer. Toutes les méthodes et astuces permettant de limiter cette contrainte sont donc les bienvenues 😉
C’est bien connu, la nature a horreur du vide ! Dès que le sol est à nu, elle s’empresse aussitôt de tout coloniser.
Le sol étant un immense réservoir de graines, dès que les conditions sont réunies (lumière, température, humidité) les graines contenues dans le sol se mettent à germer. On parle alors d’adventices, plus communément surnommées “mauvaises herbes”.
Ces plantes sauvages sont naturellement plus adaptées que nos plantes cultivées. Elles sont plus vigoureuses, plus résistantes. Si on les laisse envahir nos plates-bandes, elles peuvent rapidement prendre le dessus sur nos cultures et se développer à leur détriment.
Le désherbage devient alors inévitable. Une guerre s’engage entre le jardinier et ces plantes qui veulent à tout prix coloniser le moindre espace vide ! Heureusement, plusieurs astuces permettent de réduire cette corvée de désherbage. On vous propose nos préférées qui ont prouvé leur efficacité dans nos jardins.
Sommaire
Petite règle de bon sens sur le désherbage
Plus vous désherberez tôt, plus les plantules seront faciles à arracher/déterrer. C’est le principe général qui vous épargnera des heures de « rattrapage » à faire du désherbage. Retenez vraiment cette règle, elle est toujours valide. 😉
Comment désherber ?
Pour ce qui est de la méthode, sur petites surfaces on peut agir avec des outils à main : sarcloir, binette, râteau, le choix ne manque pas. Sachez également qu’il existe des outils de désherbage à manche que l’on peut trouver sur internet ou en magasin. Ils permettent de désherber debout.
C’est à vous de voir en fonction de vos envies. À noter que lorsqu’on commence à pailler nos cultures, le besoin en désherbage est si réduit que l’utilisation de ces outils devient presque caduque ! 🙂
Limiter le désherbage grâce au paillage : la meilleure méthode
On l’a dit en introduction, les graines d’adventices contenues dans le sol ne germent que si les conditions favorables sont réunies. Notamment la luminosité, l’humidité et la température. Au-delà de ses nombreux autres avantages, un paillage suffisamment épais permet d’occulter la lumière au niveau du sol. Il limite ainsi la levée des herbes indésirables.
Certaines vivaces peuvent toutefois parvenir à se frayer un chemin vers la surface. Mais le sol, maintenu souple et humide sous le paillage, permettra de les arracher beaucoup plus facilement.
Le paillage est donc LA méthode qui vous permettra de réduire vos désherbages au potager de 90%, c’est sûr.
Maintenant, reste une difficulté : trouver du paillage. Si vous n’en trouvez pas suffisamment, il faudra désherber davantage… Pensez à vos arbres, arbustes. On peut couper des rameaux pour pailler le sol. Pensez également à la bâche qui est aussi un paillage (non organique). On en parle ci-dessous.
Aller plus loin :
• Désherber avec du paillage : un article complet sur la manière de désherber grâce au paillage et créer facilement de nouvelles zones de culture
Le bâchage : une autre méthode de désherbage très efficace
Les bâches sont particulièrement inesthétiques. Nombreux sont les jardiniers qui se refusent à les utiliser pour cette raison. Les bâches plastiques sont issues de la pétrochimie. Ce qui en fait un matériau discutable pour ceux qui se soucient du caractère durable de leurs pratiques. Cela dit, on peut les récupérer déjà utilisées et ainsi valoriser un déchet.
Récupérez-les gratuitement
Il est facile d’avoir recours à des matériaux de récupération pour bâcher certaines zones de son potager. Les bâches d’ensilage usagées peuvent être récupérées auprès des éleveurs. Ils seront heureux de s’en débarrasser. En tant que professionnels, ils doivent payer pour évacuer leurs déchets en déchetterie. Pour les surfaces plus modestes, les vieux sacs de terreau vides, découpés, posés sur le sol, face noire vers l’extérieur, peuvent constituer des bâches de fortune.
Comment ça marche ?
L’action de la bâche est la même que celle du paillage. En plus efficace car elle occulte complètement la lumière et emmagasine la chaleur. Ce qui permet de “brûler” les adventices qui parviendraient à lever.
Comment désherber une zone du potager avec une bâche ?
Un bâchage de plusieurs mois, notamment en période poussante (de mars à octobre) permet de débarrasser la zone des herbes indésirables en place. Si vous pouvez la laisser un an, c’est encore mieux : vous aurez un désherbage complet.
Alors pour ne pas perdre de temps et réussir ce grand « reset » sur votre zone à désherber, nous vous conseillons de joindre l’utile à l’agréable : cultivez en même temps que vous désherbez 😉
Certaines plantes se prêtent particulièrement à la culture sur bâche, notamment les plantes gourmandes en chaleur. On pensera aux cucurbitacées (courges, courgettes, melons, pastèques, etc) ou encore aux patates douces par exemple.
La culture sur bâche consiste à installer les plants dans des trous percés dans la bâche. Ce qui empêche mécaniquement l’enherbement entre les plantations. C’est une technique très utilisée par les maraîchers professionnels. Elle peut également convenir aux jardiniers, notamment à ceux qui cultivent en régions fraîches à saisons courtes où certaines cultures gourmandes en chaleur peinent parfois à arriver à maturité. En effet, les bâches emmagasinent la chaleur et réchauffent le sol au moindre rayon de soleil. C’est inesthétique mais efficace !
Alors vous pouvez lancer votre culture sur bâche. Et quand vous débâcherez, six mois à un an plus tard, votre parcelle sera toute propre en dessous, bien désherbée 😉 Les saisons suivantes, vous aurez la possibilité de ne pas utiliser de bâche. Ou de faire un roulement sur vos parcelles pour les nettoyer totalement de manière cyclique, tous les trois ou quatre ans par exemple.
La technique carton/broyat
Cette méthode de désherbage est souvent utilisée pour les allées mais elle fonctionne très bien pour le désherbage des zones de culture. Le désherbage avec du carton est très plébiscité en permaculture !
Il s’agit de les couvrir de carton (de préférence non imprimé, dépourvu de bandes collantes et de revêtements plastifiés pour ne pas intégrer d’éléments polluants dans son sol).
Après quoi, on recouvre le carton d’une bonne couche de bois broyé. Le carton joue le même rôle que la bâche en occultant la lumière. Cela dit, il est biodégradable. Il finit donc par se décomposer complètement après avoir étouffé la végétation en place. Le broyat déposé par-dessus joue alors le rôle de paillage, bloquant mécaniquement la repousse des plantes indésirables. Cela les épuise.
Il est préférable d’utiliser des cartons d’origine française. Les cartons ayant parcouru de longues distances peuvent avoir été traités avec des produits fongicides ou insecticides, nocifs pour la vie du sol. Les normes françaises imposent également l’utilisation de colles végétales pour l’assemblage des cartons, contrairement à d’autres pays.
Planter plutôt que semer
Ça parait logique, mais on n’y pense pas toujours : en plantant une culture déjà avancée, elle va pouvoir concurrencer les adventices. En effet, elle va partir avec plusieurs semaines d’avance par rapport aux jeunes plantules qui vont germer. Vous aurez donc généralement besoin d’intervenir une fois ou deux sur la culture et elle finira par occuper tout l’espace.
Les faux semis pour limiter le désherbage
Qu’est-ce qu’un faux semis ? Il s’agit de faire comme si on semait notre zone, mais sans les graines 😉
Vous préparez votre zone de culture, vous arrosez et vous laissez sans ensemencer. Dix jours après, des adventices auront germé.
Vous pourrez passer un coup d’outil : râteau, binette ou autre. Cela aura pour effet de détruire les adventices les plus à même de germer aux côtés de votre culture. Une fois ce désherbage réalisé (par temps chaud si possible), vous pourrez laisser le sol à nu au soleil une journée ou deux. Les adventices vont « griller » et sécher. Enfin, vous pourrez venir semer sur votre zone de culture et vous aurez nettement moins d’adventices au mètre carré. 😉
Néanmoins, cette technique est légèrement chronophage. Nous préférons tout simplement l’occultation avec un paillage. Elle reste cependant très efficace pour les carottes par exemple et tout ce que vous semez en retirant le paillage (épinards, laitues, radis, etc).
La prégermination des graines : une méthode pour moins désherber
Une méthode simple à comprendre : en semant des graines prégermées, elles lèveront beaucoup plus rapidement que des graines qui n’auront pas commencé à germer.
Ainsi, on pourra avoir des carottes qui germent et sortent de terre en trois à cinq jours par exemple !
On vous laisse avec un tuto réalisé par ‘Le potager permacole’ sur la prégermination des graines 🙂
Témoignages sur le désherbage au potager
Le climat méditerranéen nous offre un peu de répit, plusieurs mois de l’année, avec le désherbage. D’avoir un manque d’eau assez criant de juin à septembre, l’herbe pousse peu et seulement là où on cible l’arrosage. Néanmoins, il ne faut pas croire que la tâche est facile pour autant. Combien de fois je me suis laissé envahir par dame nature qui ne tarde jamais à vite reconquérir le moindre espace laissé vide. Surtout au printemps, à l’automne, là où l’humidité est encore bien présente. Ma stratégie première est d’en faire un peu tous les jours. En passant quotidiennement au potager, j’arrache par-ci par-là des départs d’herbes indésirables. Parfois je sors la débroussailleuse quand les herbes ont trop pris le dessus, que ce soit dans les allées, sur des parcelles non cultivées.
Le désherbage… je dois avouer que je n’y passe pas beaucoup de temps. Je n’ai pas de chiendent, pas de liseron. En fait je n’ai aucune herbe très problématique ici. Si ce n’est la petite oseille, très prolifique mais facilement gérable. Ma technique ? Être hyper régulier ! Je passe tous les jours dans mon potager pour regarder les cultures, faire une pause au travail ou simplement admirer. Alors je veille au grain et j’arrache toute plantule indésirée dès sa germination. Enfin presque : je ne suis pas non plus un robot mais en passant tout le temps, on a vraiment très peu de travail : quelques minutes par-ci, par-là. En cumulé, c’est peut-être 2, 3 ou 4 après-midi par an qui sont consacrées au désherbage du potager.
Et vous ? Avez-vous d’autres méthodes pour limiter le désherbage du potager ? Dites-le-nous en commentaire !
Si cet article vous a aidé, n’hésitez à nous aider en retour en le partageant, merci 🙂 !
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Bonjour à tous,
encore des trucs intéressants dans ce post ! Merci.
je désherbe à la main et le plus régulièrement possible, mais je suis envahi de liseron que j’arrache au mieux, mais il reste toujours un bout de racine et ça repart… Si j’ai le malheur de m’absenter qq jours j’ai du boulot en rentrant ! Le bâchage ne m’inspire pas en été, mais peut-être le ferais-je cet hiver. Bonne weekend à tous.
Bonjour Antoine, un truc venu je crois du Potager du Paresseux contre le liseron : Recouvrir les pousses aériennes avec des boites de conserve retournées. Le but est de les priver de lumière et donc de photosynthèse. Au bout d’un moment, la partie rhizome s’épuiserait à produire ainsi des parties vertes en pure perte et finirait par mourir. Toutefois je n’ai pas testé cette méthode, j’ai la chance de ne pas avoir de liseron.
Ca le ralenti, mais ce n’est pas magique malheureusement. En fonction de l’invasion c’est difficile… J’ai déjà pu débâcher par exemple une zone envahie, bachée depuis 1 an : sous la bâche, des dizaines de mètres de tiges blanches de liseron… C’était en stage dans une ferme. Alors avec une boîte de conserve on ne serait pas allé très loin 🙂
Cela dit, j’en ai très peu ici, comme vous, et je dois avouer que le simple fait de l’arracher le prive de lumière et l’épuise, c’est suffisant pour chez moi.
Je compatis…envahie de liseron ! De chiendent aussi mais sous la paille il pousse beaucoup moins alors que le liseron…ça doit le faire rire !
Je suis parti d’un sol couvert de gazon cette année pour créer mon potager ; j’ai utilisé la technique du carton après un coup de grelinette, c’est vraiment magique ! 8 mois après je commence à voir réapparaitre un peu d’adventices mais c’est vraiment très léger et simple à gérer. Les racines de mes semis ont trouvé leur chemin à travers le carton en décomposition après seulement un mois, c’est parfait !
j’ai fait 4 terrasses pour légumes avec la méthode carton/broyat/etc… posé directement sur du chiendent, c’est génial. J’ai tout découvert après 6 a 8 mois: plein de rhizomes de chiendent tout blancs que l’on ramasse facilement. une couche de compost et on plante et on remet le mulch déjà pas mal composté. pendant 2 ans j’ai eu un peu de chiendent qui repart, mais beaucoup plus â partir des bords.Même pas eu besoin de travailler la terre.
Bonjour, malgré une bonne couche de foin sur mes cultures le chiendent ressort et le colonise à la surface. Je ne sais plus quoi faire.
L’année dernière j’ai passé 3jours à l’arracher jusqu’à 30cm de profondeur sur mes 30m2 de potager mais il est reparti de plus belle malgré mes efforts. Avez vous des solutions plus pérennes ?
Merci d’avance
Un opinel, de l’huile de coude, recommencer… C’est long… mais on fini par en venir à bout.. Pour mourir, une plante ne doit pas voir la lumière durant un sacré moment… Alors courage à vous et bonne journée. EN solution extrême : tout bâcher pendant 1 an
Bonjour, le liseron est une plante bio-indicatrice qui pousse dans les sols compactés. Il est recommandé pour s’en débarrasser de ne pas marcher sur les zones de culture, d’aérer la terre avec la grelinette ou une fourche en la plantant verticalement et en créant des trous avec les dents, souvent et en cas de pluie. Ce n’est pas efficace à 100 % mais ça réduit quand même bien les repousses.
Bravo pour votre travail.
Marie-Pierre de Burdignin
Bonjour, bonjour! Chez moi moi c’est liseron, prêle, potentille,et chiendent….Les plantes bio-indicatrices me laissent perplexes: le liseron pousse là où la terre est la + souple (le potager est sur buttes inspirées par JM lespinasse), la prêle (non stérile) indicatrice de présence d’eau, pousse aux endroits les + secs!!!! Elles ressortent quand le paillage se tasse. Les buttes ont 30 à 40 cm de hauteur, je mets une planche entre 2 et désherbe à la main. L’avantage est d’être à la hauteur des plantations pour voir ce qui se passe. Je désherbe donc en surface en me disant que coupées de la lumière elles finiront par diminuer. Si j’ai une petite surface non paillée, je les laisse comme couvre-sol sauf prêle et chiendent. (réf le potager du paresseux).