Ami(e)s de Terra bonjour,
Nous voici de retour pour les actualités au potager pour ce début du mois de février. Les journées commencent à rallonger progressivement, les oiseaux chantent, les rayons des jardineries se mettent en place, les photos et vidéos de semis sur les réseaux sociaux battent leur plein … Bref, tout indique que la nouvelle saison est sur de bons rails. Mais, car il y a toujours un mais, nous ne sommes encore que début février ! Alors, entrons de suite dans le vif du sujet et voyons ce qu’il nous est possible de faire au potager.
Sommaire
Mise en garde…
Soyons clairs, se lancer dès le début du mois de février, demande motivation, expérience, passion, et du temps ! Pourquoi ne pas se lancer aussi tôt ?
- Parce que votre potager est encore plein de légumes 😉 Vous avez bien anticipé la saison passée votre potager d’automne / hiver, avec des semis étalés de mâches (semées en septembre / octobre), avec des semis de carottes en fin de printemps / début d’été, ou encore des céleris que vous aurez repiqués en mai et pris le soin de protéger du gel avec une bonne couche de paillage de 30 à 40 cm. Vous aurez également encore des salades d’hiver semées en septembre ou en octobre, des navets semés en août ou encore des poireaux semés en mars ou avril et repiqués pour le 15 août (au plus tard !).
- Parce que mener une culture contre saison est une galère. Il vous faudra tricher pour reconstituer des conditions favorables au développement des semis, en intérieur, avec éventuellement des nappes chauffantes, des lampes… Vos plantules risquent de filer à tout moment, et les autres semis de fin février ou début mars vont les rattraper.
- Parce que vos plants risquent d’être prêts trop tôt, ils vont stagner dans leur substrat, être à l’étroit, risquent de manquer de nourriture. Les racines vont spiraler dans les godets, ce qui compliquera leur reprise.
- Parce que les semis en cette période nécessitent l’utilisation de structures de protection (serres, châssis, tunnels) qui, s’ils ne sont pas correctement installés, risquent d’être détériorés par les intempéries (vent, averses de neige …) encore possibles en cette saison.
- Parce que la saison est marquée par de forts écarts de température. Il n’est pas rare la même journée d’avoir un coup de gel au petit matin, et que la température dépasse 10° la journée. Sans précautions, vous risquez de perdre vos plants (légumes d’été par exemple) et de devoir recommencer.
Si vous n’êtes pas dans ces cas de figure, ou si tout simplement vous ne tenez plus en place, alors allez-y, testez, il ne vous en coûtera qu’un peu de temps, quelques poignées de terreau et quelques graines. Soyez toutefois conscient qu’il s’agit d’une prise de risque, et préparez-vous à la déception en cas d’échec.
Pour ceux qui veulent se lancer…
Vous avez décidé de franchir le pas, très bien. Mais il vous faut garder à l’esprit que les semis que vous lancerez maintenant se feront sous abri froid (salades, oignons, persil, choux cabus, pois, fèves…) ou au bien chaud (poivrons, aubergines, piments). Les climats les plus chauds pourront tenter quelques semis en extérieur (pois, fève, ail), et encore ! Il sera plus sage d’attendre.
Pour les poivrons, aubergines, tomates, ne les lancez que si vous envisagez une culture sous serre (plantation mi-avril), sinon patientez encore un peu (ou alors il faudra les rempoter au moins 2 fois…).
Ces semis demanderont une surveillance quotidienne, que ce soit pour l’arrosage (le substrat de culture doit toujours être humide, comme une éponge essorée), ou en cas de gel (gardez les voiles d’hivernage à portée de main). Et si vous vous situez dans le bassin méditerranéen, les semis de pois et de fève en pleine terre sont possibles, ainsi que les plantations d’ail rose, d’échalotes, et des bulbilles d’oignons.
Avant de vous lancer, regardez bien en fonction de votre situation quels sont les besoins des différentes espèces : il y a un article sur Terra à cet effet.
Voyons dans le détail comment procéder pour quelques un d’entre eux.
Semis au chaud
Les semis des poivrons, aubergines et piments sont longs et délicats. Comme déjà écrit plus haut, ne les lancez maintenant que si vous envisagez de les cultiver sous serre, pour une plantation mi-avril. Sinon, attendez la fin février/début mars pour les semer.
Ils peuvent être semés en barquettes (en lignes, graines espacées d’1 ou 2 cm), terrines ou en plaques alvéolées (1 à 2 graines par alvéoles, dans ce cas il faudra démarier les plantules en ne conservant que le plus vigoureux). Les graines seront recouvertes d’une fine couche de terreau que vous tamiserez dans la mesure du possible. Effectuez ensuite un arrosage délicatement au pulvérisateur, pour ne pas décaler toutes les graines. Veiller également à ce que l’eau soit à température ambiante, pour qu’il n’y ait pas de choc thermique.
Placez-les ensuite près d’une source de chaleur (radiateur, nappe chauffante …) : leur température idéale de germination se situe autour de 25 degrés. Ils mettront ainsi 8 à 10 jours pour lever.
Attention, dès la levée, il faudra leur assurer une bonne exposition à la lumière ! Le simple fait de les placer devant une fenêtre peut ne pas être suffisant. Dans ce cas il faudra avoir recours à un éclairage artificiel.
Ces semis seront ensuite rempotés au bout de 3 semaines à 1 mois.
Vous aurez les vidéos disponibles sur l’espace membre et le calendrier dès que ce sera le moment 🙂
Semis sous abri froid
Vous pouvez utiliser le même mode opératoire pour réaliser les semis d’autres espèces : laitues, oignons, persil, épinard, choux cabus … En terrine ou en plaques alvéolées, selon vos habitudes. Pour les plaques alvéolées, veillez à utiliser des diamètres d’alvéoles adaptés à la taille des graines. Et pour tous les contenants, pensez à regrouper des espèces qui ont une durée de levée sensiblement équivalente. Si vous mélangez les espèces à durée de levée différente, une fois les plus précoces rempotées, il vous restera qu’une partie du récipient occupé par les plus tardives, ce qui n’est pas très pratique en termes de stockage, logistique…
Les laitues et les choux seront rempotés 3 semaines à 1 mois après le semis. Les épinards en plaques alvéolées, le persil et les oignons pourront être repiqués directement en pleine terre quand ils seront suffisamment développés, d’ici mi-mars pour les épinards, et début avril pour les oignons (avant pour les bulbilles) et le persil.
Les fèves, les pois, le mesclun, les radis et les carottes peuvent également être semés en pleine terre, mais uniquement sous abri, et à condition que le sol soit bien ressuyé. Gardez sous la main les voiles de forçage pour recouvrir vos semis en cas de gel annoncé.
Pour ceux qui sèment les pois et les fèves en godets, il faut savoir qu’on ne gagne pas ou peu en précocité de récolte par rapport au semis en pleine terre. Mieux vaut donc attendre que les conditions soient favorables. Cela peut par contre vous permettre d’éviter certains ravageurs ! 😉
Plantations et semis en pleine terre
Pour les régions au climat le plus favorable, et à condition là encore que votre sol soit suffisamment ressuyé, c’est la bonne période pour planter l’ail rose, les échalotes et les bulbilles d’oignons. Si votre sol présente un risque d’engorgement d’eau, n’hésitez pas à façonner de petites butes sur lesquelles vous viendrez planter. Cela évitera aux bulbes de pourrir à cause de l’humidité. Là aussi, n’hésitez pas à utiliser des voiles de forçage pour gagner en précocité. Pour les plantations, espacez les bulbes de 10 à 15 cm, et les rangs de 25 à 30 cm.
Pour gagner en précocité de récolte des oignons bulbilles (car ils ne craignent pas les gelées), ou si votre sol n’est pas encore suffisamment réchauffé ou ressuyé, vous pouvez planter vos bulbilles en godets ou en plaques alvéolées (veillez à utiliser des alvéoles d’un diamètre suffisant). Vous pourrez alors gagner quasi un mois sur la culture des oignons.
Les fèves, les pois, le mesclun, les radis et les carottes peuvent également être semés en pleine terre, mais uniquement sous abri, et à condition que le sol soit bien ressuyé. Gardez sous la main les voiles de forçage pour recouvrir vos semis en cas de gel annoncé (et même : laissez le voile le temps de la levée, et même après si les températures ne sont pas clémentes).
Pour ceux qui sèment les pois et les fèves en godets, il faut savoir qu’on ne gagne pas ou peu en précocité de récolte par rapport au semis en pleine terre. Mieux vaut donc attendre que les conditions soient favorables. Cela peut par contre vous permettre de boucher les trous d’un semis qui aura levé partiellement, ou encore d’éviter les attaques de gastéropodes si la pression est trop forte.
Et les tomates ?
Pour le semis de tomates, il est encore trop tôt pour lancer les semis. Il faut en effet compter 8 semaines maximum entre le semis et la plantation. Pour une culture sous serre, effectuez votre semis vers la mi-février pour une plantation à la mi-avril (début avril en climat doux, et plutôt fin avril en climat frais).
Mais veillez à garder à portée de main les protections contre le gel : malgré le réchauffement climatique, les gelées tardives restent possibles, et la serre n’évite pas la gelée.
Nous avions fait un article pour protéger vos légumes des gelées « tardives » d’avril notamment.
Pour ceux qui ont déjà lancé leurs semis, il vous faudra les faire patienter jusqu’au repiquage. Cela vous imposera 2 ou 3 rempotages, pour éviter que les plants manquent de nutriments, et qu’ils se retrouvent à l’étroit dans leur contenant, ce qui provoquerait un chignonage des racines.
Construire un châssis
Si vous n’avez pas de serre, et si vous en avez le temps et les talents de bricoleur, vous pouvez vous lancer dans la construction d’un châssis qui pourra abriter vos premiers semis. C’est un équipement peu coûteux, que l’on peut fabriquer avec des matériaux de récupération. Si possible, disposez-le contre un mur, exposé au sud. Le cadre sera en bois, le haut du cadre sera en pente, orienté vers le sud. Vous le couvrirez d’une vitre que vous pourrez récupérer sur un chantier de démolition par exemple. Vous pouvez aussi utiliser du plexiglas, une plaque de polycarbonate, etc.
Le châssis comme le tunnel nécessite une présence et un entretien quotidien (humidité, ventilation). Il faut en assurer l’ouverture lors des journées ensoleillées pour éviter la surchauffe qui entrainerait la mort des plants. Et bien entendu, il ne faut pas oublier de le refermer le soir sous peine de voir vos semis grillés par la gelée du lendemain. Pour pallier partiellement à ces contraintes, il existe un système de vérin automatique (louvre vent) qui peut rendre bien des services.
Il existe différents types de châssis, certaines avec des bottes de paille. Allez plus loin avec cet article
Alors semis or not semis ? Telle est la question… Les photos et vidéos sur les réseaux sociaux donnent envie, le jardinier piaffe d’impatience… Au final, faites comme vous en avez envie, il appartient à chacun de se créer sa saison potagère. Mais n’y allez pas à l’aveuglette au risque de vous décourager : les semis en cette saison restent une affaire très délicate à gérer. Si vous n’avez pas envie de prendre trop de risques, patientez encore quelques semaines, et observez la nature qui vous enverra le signal du top départ : bien souvent, la floraison du forsythia et du cornouiller mâle lance le signal des premiers semis 😉
Je trouve que l’on commence TRES BIEN cette nouvelle saison de jardinage. Les conseils donnés sont très pertinents et dans l’esprit « Terra Potager » à savoir : pas de recherche « bling-bling », on fait le jardin pour avoir des légumes pour nourrir sa famillle et pas pour faire des « posts » sur les réseaux sociaux. J’écoute les conseils de prudence sur l’envie de commencer trop tôt mais le propos respecte aussi celui qui veut faire autrement (mais il est prévenu !). Merci à l’équipe Terra Potager, content d’en faire partie. J’ai semé en alvéoles : salade, choux cabus et rave, épinard, bettes et quelques betteraves rouges.