Ami(e)s de Terra bonjour,

Et bien ça y est, la période estivale est là… Certains d’entre nous ont déjà mis les voiles pour prendre du bon temps sous d’autres contrées, d’autres s’apprêtent avec impatience à les rejoindre dans les jours ou semaines à venir, tandis que les derniers restent fidèles au poste, par choix ou par obligation. C’est la saison où les récoltes commencent à battre leur plein, et où il faut gérer sécheresse et canicule dans certaines régions, dégâts d’orages dans d’autres. Malgré la torpeur estivale, le travail ne manque pas au jardin, ou en cuisine 🙂 …

Que faire au jardin fin juin ?

Bien que cette période soit surtout celle des récoltes et des arrosages, il reste malgré tout quelques semis et plantations possibles, à adapter selon vos régions (vous avez tous les semis de l’année à réaliser dans notre calendrier des semis)

Semis

Réalisez un nouveau semis de haricots nains pour prolonger les récoltes. Pour les haricots ramants, il est trop tard désormais.

Semez des aromatiques (persil, cerfeuil, coriandre) pour s’assurer des récoltes jusqu’en plein hiver. Et si l’hiver prochain n’est pas trop rude, la production reprendra dès le printemps.

En pleine terre, semez betteraves, carottes, courgettes, blettes, radis d’été et d’automne.

Semez également les chicorées frisées et scaroles en pépinière : début juillet pour les variétés d’automne (frisée de Meaux, scarole Cornet d’Anjou, blonde à cœur plein), fin juillet / début août pour les variétés d’hiver (frisée wallonne, scarole Cornet de Bordeaux, Grosse bouclée ou Ronde verte à cœur plein) qui résiste mieux à l’humidité et au froid. Après avoir couvert les graines de fine terre, dans un sillon peu profond (1 cm maximum), maintenez le sol humide jusqu’à la levée qui doit être rapide (3 à 5 jours) pour éviter une montée en graine trop précoce.

Plantations

Il est encore possible de planter des choux pour l’automne (choux de Chine) et l’hiver (choux-fleurs, cabus, brocolis, romanesco, pommés, frisés, raves, Bruxelles), et des courgettes qui viendront prendre le relais des premiers pieds qui arriveront vite à épuisement désormais.

C’est également le bon moment pour repiquer vos poireaux (voir le focus ci-après).

Quoi d’autre ?

• Installez des points d’eau dans votre jardin, dans des récipients suffisamment profonds pour conserver l’eau quelques jours, en y installant une pierre, une planche, … pour permettre aux oiseaux et aux insectes de s’abreuver en conditions de sécheresse. Cela évitera qu’ils s’en prennent à vos récoltes (tomates notamment) pour s’hydrater.

• En fonction de votre région, c’est peut-être déjà le moment de récolter ail et oignons. Attendez que le feuillage soit bien sec (au moins les deux tiers) et tombé. Faites-les sécher dans un espace bien aéré et ventilé, à l’abri des intempéries et à mi-ombre, après les avoir bien étalés sur des claies ou dans des cagettes (en cas de trop grand ensoleillement, ils risquent de brûler si vous les laissez sur les planches). Au bout de deux ou trois semaines, les collets des bulbes doivent être bien secs. Vous pourrez enlever les feuilles sèches (certains jardiniers les laissent en place) et les conserver ensuite en cagettes, à une température proche de 15°.

Si vous n’en êtes pas encore à la récolte, en cas de sécheresse, n’hésitez pas à arroser légèrement  vos alliacées. Au moment de la bulbaison, les besoins en eau sont importants. Il vous faudra par contre stopper les arrosages 3 semaines environ avant la récolte, pour permettre la formation des peaux extérieures, afin que la conservation se fasse dans de bonnes conditions, sans pourrissement.

• Ne laissez pas vos planches de culture à nu. Après avoir effectué les récoltes de pois, pomme de terre, oignons …, si vous n’enchaînez pas par une nouvelle culture (ce qui serait dommage…), effectuez un léger travail superficiel du sol au croc par exemple, éliminez les indésirables, et implantez un engrais vert (féverole, trèfle incarnat, vesce, seigle, phacélie, …) ou un paillage. Vous protégerez la structure de votre sol, et vous éviterez également le lessivage des éléments nutritifs causé par les intempéries automnales et hivernales. Assurez la bonne implantation de cet engrais vert en maintenant le sol humide jusqu’à la levée des plantules.

Si vous vous absentez pendant les vacances, demandez à une personne de confiance de venir s’occuper de votre jardin. Elle pourra alors profiter des récoltes de délicieux légumes, ce qui maintiendra certaines cultures en production (la courgette notamment), et pourra arroser vos cultures pour éviter qu’elles ne dépérissent. Si votre absence est de courte durée, effectuez un bon arrosage avant votre départ sur 15 à 20 cm de profondeur, suivi d’un paillage : si votre sol retient bien l’eau, vous pourrez vous absenter tranquillement et sereinement. Une autre possibilité est d’équiper votre jardin, moyennant une dépense de quelques dizaines d’euros, d’un système d’arrosage automatique.

Zoom sur…

La culture du poireau

La culture du poireau est une des plus longues au jardin. Les premiers semis auront été lancés dès février ou mars. Si vous avez raté cette étape, pas de panique, il est toujours possible de se procurer des plants en jardinerie. Ou encore auprès de collègues jardiniers : généralement les surplus de plants ne manquent pas !

Procédez tout d’abord à un arrosage massif de votre pépinière (planche de culture, barquette, …). Avec l’humidité, il sera plus commode d’arracher et de séparer les plants dont les systèmes racinaires sont très chevelus !

Une fois les plants séparés, vous pouvez procéder à un calibrage, c’est-à-dire sélectionner les plants selon une taille homogène. Il est communément admis qu’il est temps de repiquer les plants quand ils atteignent la taille d’un crayon. Mais vous pouvez très bien sélectionner et repiquer le « tout venant » de manière à avoir une production étalée dans le temps, les plus gros plants donneront les poireaux les plus gros en début de saison.

Procédez ensuite à un habillage des plants, pour faciliter la reprise : couper proprement les racines et les feuilles sur environ la moitié de leur longueur.

Un pralinage est ensuite possible (c’est un plus, mais ça fonctionne très bien sans) : tremper les racines dans une boue semi-liquide constituée à base de terre de jardin à laquelle vous ajouterez si possible un peu de bouse de vache.

Réaliser vos sillons d’une profondeur de 15 à 20 cm, espacés de 30 à 40  cm.

Arrosez-les préalablement au repiquage (1 à 2 heures avant), pour que la terre ne rebouche pas le trou réalisé au plantoir.

Implantez les poireaux tous les 10 à 15 cm : faites un trou au plantoir, insérer le plant jusqu’au fond puis remontez-le de quelques centimètres pour que les racines ne soient pas retournées vers le haut, et enfin bornez-le (= apportez de la terre contre le plant avec le plantoir, en l’enfonçant à quelques centimètres du plant, comme si vous faisiez un nouveau trou, puis en le rapprochant du plant pour combler le trou dans lequel il se trouve). Arrosez ensuite copieusement au niveau du trou de bornage.

Ombragez pendant quelques jours en cas de chaleur, et arrosez généreusement en cas de sécheresse.

Une fois que les plants auront repris (généralement ou bout d’une semaine ou deux selon la météo), comblez progressivement le sillon, puis paillez pour conserver l’humidité.

En cours de culture, n’hésitez pas à buter à deux ou trois reprises (après avoir enlevé préalablement le paillage) pour augmenter la proportion de blanc sur vos futures récoltes.

N’hésitez pas à protéger dès que possible d’un voile anti-insectes, dès le semis, puis au repiquage, pour protéger votre culture contre la teigne ou la mouche mineuse du poireau.

Aller plus loin :
• Bien planter ses poireaux

La gestion de la sécheresse et de la canicule (suite du précédent JDB)

Juin et juillet sont souvent les mois les plus chauds et les plus secs de l’année. Le jardinier dispose de plusieurs outils et astuces pour essayer de gérer au mieux cette période critique pour la survie de ses légumes au jardin. L’objectif principal est de les protéger des excès d’ensoleillement, et de maintenir des conditions d’humidité favorables.

Par les grosses chaleurs, la transpiration des plantes par le feuillage est en effet au maximum. Elles ont besoin de 2 à 3 litres par jour minimum uniquement pour survivre. Ces besoins sont encore accrus en période de maturation des fruits.

Ces besoins peuvent être couverts par une aspersion de courte durée en début de matinée, et par un arrosage au sol le matin ou le soir (ou les deux en cas de très fortes chaleurs!). Pour être le plus efficace possible, veillez à ce que votre sol soit bien meuble, enrichi en matière organique, et paillé. Vous éviterez ainsi que l’eau ne ruisselle, la matière organique servira de vraie éponge, et le paillage limitera au minimum l’évaporation et la montée en température du sol qui serait fatale à la vie du sol.

En complément de l’arrosage, l’ombrage viendra limiter les impacts directs et indirects des rayons du soleil. C’est notamment crucial pour la survie des jeunes plants fraîchement repiqués, ou bien pour les tout jeunes semis sortis de terre.

Diverses solutions techniques s’offrent au jardinier :

• la cagette : à mettre en place directement sur les planches de semis ou de plantations. Très efficace, mais nécessite de la place pour le stockage, et attention aux bourrasques de vent sous les orages… Pensez à les retirer rapidement après la plantation pour éviter que les semis ne filent !
• les voiles d’ombrage : à installer sur des câbles ou des arceaux. Selon le modèle, ils réduisent la lumière de 20 à 70 %. Attention à bien les amarrer, faute de quoi vous les retrouverez au pied de la haie au premier orage. À défaut de voiles d’ombrage, vous pouvez les remplacer par des voiles de forçage qui rempliront le même rôle (mais ils sont très fragiles).
• les canisses de roseaux ou de cannes de Provence : très occultantes, installez-les en bandes parallèles orientées nord / sud, espacées entre elles, pour qu’elles laissent passer un peu de lumière.
• pour la serre où les températures dépassent fréquemment les 40 ° : utilisez des filets d’ombrage, ou du blanc de Meudon appliqué au pinceau ou par aspersion (réduction jusqu’à 60 % de la luminosité).

En complément de ces solutions mécaniques, vous pouvez aussi utiliser des méthodes plus naturelles, par exemple en pratiquant un désherbage sélectif. Les adventices seront laissées sur place en paillage, et d’autres seront laissées en place pour apporter un ombrage (chénopodes, amarantes, arroches…).

Dans la même idée, installez des grimpantes sur des structures judicieusement positionnées devant vos planches de culture : haricots ramants, courges coureuses, chayottes, ipomées, vigne … Outre leur rôle de protection, elles vous apporteront des récoltes complémentaires et égaieront visuellement votre potager… À moins que les trop grandes chaleurs n’aient aussi raison d’elles !

Et si par chance en cette saison vous manquez de chaleur et de soleil, alors n’hésitez pas une seule seconde, exposez un maximum vos cultures au soleil !

Aller plus loin :
• Canicule et sécheresse au potager : comment gérer ?

Jardinez comme vous aimez, profitez de chaque instant au jardin, et passez de très belles vacances !