Cultiver en altitude et créer un potager en montagne peut sembler être un challenge. Et pourtant, il est tout à fait possible d’avoir un espace productif dans ce contexte particulier.
Il faudra simplement prendre quelques précautions pour s’adapter au climat parfois extrême. Sols en pente, météo capricieuse, hivers froids marqués par la neige, belle saison écourtée par des gelées tardives au printemps et précoces à l’automne, sols caillouteux, peu profonds, souvent acides… autant d’obstacles à franchir pour apprivoiser cet environnement parfois hostile, heureusement compensé par l’incomparable beauté des paysages en toutes saisons.
Voyons ensemble les particularités d’un potager en montagne.
Sommaire
Des conditions particulières…
Qu’entendons-nous par montagne ?
Avant toute chose, il convient de préciser qu’il y a montagne et montagne… cultiver au pied du Massif central, ce n’est pas tout à fait la même chose que d’implanter un potager au pied des pistes de ski dans les Alpes ! On considère généralement que l’air se refroidit d’environ un demi-degré tous les 100m d’altitude, et ça, c’est seulement la théorie.
En effet, du haut de ma petite montagne, à 650m d’altitude environ, j’observe souvent une bonne dizaine de jours de retard dans les floraisons par rapport à la vallée, située seulement deux kilomètres plus bas… À altitude égale, l’exposition du versant sur lequel vous vous trouvez peut également radicalement changer la donne !
Actuellement, en plein mois de janvier, la neige a totalement fondu depuis plusieurs semaines sur mon versant, exposé plein sud. Tandis que, le versant d’en face est encore tout blanc, car il ne voit presque jamais le soleil.
On parle généralement de moyenne montagne entre 500/600m d’altitude et 1000m. De 1000m à 1500m, c’est la montagne, et au-delà, c’est la haute montagne.
Des points communs
Si les températures, la météo et la végétation environnante peuvent être très différentes en fonction de ces contextes montagneux, la rigueur du climat est leur point commun. Des hivers longs et froids, de la neige en hiver (c’est un excellent isolant pour le sol, mais elle peut abîmer les arbres et les plantes par son poids), des épisodes de gel redoutables, et des orages réguliers, parfois destructeurs, en fin de journée pendant la saison estivale.
Des sols parfois peu fertiles
Les sols sont variables, mais souvent caillouteux, peu profonds, sujets à l’érosion et au lessivage à cause de la pente. On les dit souvent acides, relativement pauvres, perturbés par l’alternance de gels et de dégels, et les précipitations importantes. Pas facile de faire un potager de montagne avec tout ça ! Et pourtant, c’est tout à fait possible.
Niveler le terrain
J’ai la chance d’avoir un terrain relativement plat, mais c’est rarement le cas en altitude. Je me souviens d’une remarque de ma voisine, peu après notre emménagement : “Vous avez le seul terrain plat du village”, m’avait-elle dit. Si tel n’est pas votre cas, il vous faudra probablement ruser pour aménager le relief à votre avantage, pour que le sol ne dévale pas la colline…
Il sera possible de créer des terrasses, de creuser des baissières, par exemple. En effet, un sol en pente retient moins bien l’eau. Cette dernière a tendance à s’écouler le long de la pente plutôt que de s’infiltrer dans le sol, emportant avec elle les précieux nutriments dont les plantes ont besoin.
Choisir des variétés adaptées à la montagne.
Généralités
Le choix des variétés, adaptées à un potager de montagne, me semble également essentiel. J’ai tendance à privilégier les variétés hâtives et précoces, plus adaptées à nos saisons estivales courtes.
En altitude, pas question de jouer au plus malin avec les gelées tardives au printemps ! On attendra sagement la mi-mai (voire même début-juin en montagne et haute montagne) pour planter les cultures frileuses en pleine terre.
Les frileuses à croissance rapide, comme les tomates, les courgettes, les courges ou les concombres, s’acclimateront très bien en pleine terre au potager. Il faudra simplement les planter une fois les risques de gelées écartés.
Mais si vous voulez récolter des poivrons, piments, aubergines et autres melons, il vous faudra penser à l’installation d’une serre. Sans quoi vous risquez fort de ne pas récolter avant la fin de l’été… Nous en parlons plus bas.
Quelques variétés précoces pour son potager de montagne :
Bien entendu cette liste est à titre indicatif. Rien ne vous empêche de tester d’autres variétés précoces ou non, ce sont simplement des variétés que j’ai pu tester, et que j’ai appréciées.
• Les tomates, j’aime bien la Anna Russian qui est une coeur de boeuf rose, plus précoce que la coeur de boeuf normale. La Roma est intéressante, même si elle est plutôt banale. En tomate cerise, la Red Robin.
• Du côté des pois : le nain hâtif d’Annonay
• Pour le navet : ‘navet rave hâtif d’Auvergne’, semé tout début septembre, aura le temps de grossir avant décembre.
• Les carottes : je privilégie les rondes, courtes ou demi-courtes, comme la Marché de paris. Je cultive aussi la Amsterdamse bak (hâtive à racine fine). Pour la conservation, je cultive une tardive : la Chantenay à cœur rouge.
• L’aubergine : la Barbentane, on ne le dit pas souvent, mais c’est aussi une hâtive (voire très hâtive)
• Le concombre : le concombre citron aux petits fruits ronds.
• Les choux cabus : le cœur de bœuf moyen de la Halle, offre des petits choux pointus, plus hâtifs que les gros choux. Cette variété résiste très bien au froid, les pommes n’éclatent pas.
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Une serre et des voiles pour son potager montagnard.
En effet, pour les cultures particulièrement gourmandes en chaleur, c’est presque indispensable. La serre vous sera également très utile pour prolonger la saison de culture et le potager d’hiver. Vous pourrez également l’utiliser pour réaliser vos semis précoces au printemps. En altitude, elle prend tout son sens, mais là encore, ne sous-estimez pas les particularités du climat montagnard. Notamment le poids de la neige et la violence des tempêtes… Soyez vigilants sur la qualité du matériel et les précautions d’installation.
Ainsi, les protections dites “hivernales” seront des alliés de choix. En effet, tunnels, châssis, voiles de forçage et d’hivernage vous permettront de prolonger la saison, aussi bien au printemps qu’à l’automne.
Même le potager d’hiver est possible en altitude. À condition d’identifier les espèces résistantes au froid, parmi lesquelles on peut citer les laitues d’hiver, les épinards, les blettes, les poireaux et la plupart des choux…
Le paillage protège du froid
Le paillage est indiscutablement un précieux atout pour le jardinier montagnard. Il protège le sol des variations de température et du lessivage en hiver. En été, il permet de garder l’humidité au niveau du sol pendant les journées les plus chaudes. Et surtout, il protège les racines des plantes des écarts de température entre le jour et la nuit, qui peuvent être importants, même pendant la belle saison !
Miser sur des plantes vivaces
Les plantes vivaces rustiques sont bien adaptées aux potagers montagnards. On peut citer la rhubarbe, qui apprécie les climats frais, les poireaux perpétuels, l’oseille, le chou Daubenton, les cardons… Mais aussi de nombreuses plantes aromatiques, comme la menthe, la mélisse, la sauge… mêmes les Méditerranéennes, comme la lavande, le thym ou le romarin sauront tirer leur épingle du jeu. Il faudra leur trouver un petit coin ensoleillé, et pas trop humide.
Réussir un potager en montagne est donc parfaitement possible !
Il est donc tout à fait possible d’installer un potager productif en altitude, à condition d’apprivoiser le climat et de respecter ses exigences. Ne vous comparez pas aux jardiniers du sud de la France, qui peuvent facilement avoir un mois d’avance sur vous au printemps ! Quand viendra l’été, la canicule et la sécheresse des régions chaudes, là où nos amis méditerranéens seront contraints d’ombrager et d’irriguer, vous serez heureux de voir arriver les fréquents orages de fin de journée, qui arroseront le potager à votre place, et les chutes de températures nocturnes, apportant avec elles une fraîcheur salutaire et une abondante rosée matinale.
En attendant de planter, il ne vous reste plus qu’à contempler les beaux paysages que nous offrent la montagne !
Bonnes récoltes dans votre potager d’altitude !
Aller plus loin sur les variétés de légumes adaptés à la culture en montagne : https://www.gerbeaud.com/jardin/fiches/legumes-rustiques-potager-montagne,1744.html
Très beau jardin de montagne Maud ! Et merci pour tes conseils de choix de légumes adaptés à cette zone particulière.
En effet, ce n’est pas facile de cultiver un jardin en pente à 550 m d’altitude ! Alors je me suis servie des troncs d’arbres pour casser cette pente et retenir tout ce broyat, feuilles, et herbes coupées que j’ai mis en amendement. Ma première année a été en demi-teinte mais j’espère bien me rattraper en 2022.
Par contre, je me rend compte que mon terrain est plus ensoleillé que le tien puisque j’ai pu cultiver des légumes d’été sans l’usage d’une serre. Mais je n’en ai pas eu en grande quantité et du coup la saison est courte.
Bonjour Marie Noëlle,
j’arrivais aussi à avoir quelques récoltes en fin de saison, avec les poivrons, piments et aubergines, mais c’était trop court ! Sous la serre, j’ai commencé à les récolter fin-juillet cette année, et jusqu’en novembre, pour la première fois depuis que j’ai commencé mon potager il y a 5 ans ! Je pense donc que ça vaut le coup, car en extérieur, avec ces plantes-là, la saison est trop courte (mais si tu as la chance d’y arriver en extérieur, c’est super !)
Je te souhaite une belle saison
Merci pour tous ces conseils que je vais adapter à mon petit potager alpin (900m d’altitude et encore sous la neige)
Merci Sophie. Bonne saison avec un peu de patience encore alors 🙂
Bonjour merci de parler de la culture du potager en montagne et merci pour vos conseils. Je vais essayer la culture d’aubergine cette année merci bon jardinage
Merci Maud pour cet article ! Je suis à 700 m d’altitude, à flanc de vallée mal exposé en hiver. C’est très intéressant de connaître les variétés précoces et rustiques adaptées à notre climat ! 👍
Si ton versant est mal exposé en hiver, n’hésites pas à utiliser les voiles, ça fait vraiment gagner quelques précieux degrés 👍
Merci, merci, merci!!! Que l’on se sent moins seul quand on peux enfin comparer à climat et situation similaire. J’aime bien Anthoine et Olivier mais pas du tout en phase avec leur calendrier en effet et malheureusement beaucoup de variétés à oublier. Je crois que tu as bien résumé en apprivoisant son climat et en ayant l’expérience des variétés qui fonctionneront avec le temps. Bon courage, je me suis caler sur ton calendrier depuis deja 3ans et cela fonctionne pour ma part.
Bonjour Lionel,
effectivement, pour les jardiniers montagnards, il est aussi important d’apprivoiser le climat que de comprendre les rudiments de la culture potagère, mais on finit par y arriver !
Bonjour Je découvre le site et je trouve génial d’avoir des explications en fonction du climat Je fais mon jardin depuis quelques années sans jamais avoir de grosses productions jusqu’à maintenant j »étais à 1000 m Cette année je vais m’y mettre très sérieusement maintenant Je suis à 800 m d’altitude pas très bien exposé donc vos conseils vont etre précieux Merci
merci Claudie,bienvenue.
On échangera énormément tout au long de notre saison pour la réussir ensemble au mieux.
J’imagine qu’il fait encore bien froid par chez vous à cette saison. Au plaisir
Bonjour à tous,
Pour ma part, je jardine à 750 m d’altitude sur des terrasses orientées plein sud et quelques carrés potagers que je peux couvrir facilement d’une protection en cas de nuits trop froides.
Mes rendements sont faibles pour l’instant mais j’espère les augmenter cette année en suivant tous vos conseils donnés sur vos chaînes et sur Terra.
Bon début de saison à tous!
On y manquera pas 🙂 A bientôt et bonne saison
Merci beaucoup, pour ma part deux potagers un à 750m et un que je vais créer cette année à 1200m
Merci pour le choix de variétés de légumes je vais pouvoir commencer mes achats
Hâte d’essayer
Cette année sera en demi-teinte, puisque je me fais opérer de l’épaule dans 15 jours, mais je pourrais observer la nature autour de moi et commander les légumes perpétuelles
belle récolte à tous
Merci Marie Noëlle, a très bientôt et bonne récoltes en altitude 😉
Merci, je ne savais pas ce que pouvais planter à 550 m. En Hautes Cévennes avec un climat méditerranéen mais température plus fraîche. Je suis obligé de planter sous serre à cause des animaux sangliers, chevreuils…)
Bonjour je suis dans le puy de dome à 700 m d’altitude , les petits pois , ail ,oignons,échalottes sont semés depuis une 15 de jours et attendent sagement que les nuits soient un peu moins fraiche ( hier – 8° et aujourd’hui – 5°) j’ai débuté mes semis en mini serre dans mon salon exposé plein sud de salade , aubergine , choux fleur depuis un mois et bien sur tout ce petit monde est bien sortie , j’ai conscience que c’est trés tot dans la saison , mais tout comme olivier j’aime bien tenter des expériences , néanmoins je souhaiterais repiquer en pleine terre sous voile d’hivernage quel conseil pourriez vos me préconiser ??? par avance merci
Bonjour Jean-Luc, par chez vous c’est vraiment la patience qu’il faut avoir !
Il fait encore des très gros gels et toutes les cultures y succomberait. Le seul moyen serait d’avoir une serre chauffée mais gros coût de chauffage.
Sinon les voiles mais il faudra plusieurs épaisseurs ou de grosses épaisseurs (P30 au moins).
Bonne saison