Chaque jardinier ne part pas sur le même pied d’égalité à vouloir un potager au pied de sa maison.
Parfois le sol sera une terre merveilleuse, grumeleuse, d’une belle couleur foncée laissant espérer des récoltes abondantes sans trop d’efforts.
Parfois ce sera tout l’inverse avec une terre dite de remblais. Des caillasses, des morceaux de briques ou de béton venant de constructions réalisées toutes proches. Des constructions dont on a enfoui les restes sous terre.
Et que dire de toutes ces terres naturelles, mais non propices à faire du potager. Simplement parce qu’elles sont beaucoup trop argileuses, calcaires, sableuses, avec très peu d’activité biologique. Une solution vient alors répondre à tous ces contextes, une solution à la fois rapide et efficace : apporter de la terre végétale sur son potager.
Sommaire
La terre végétale, mais c’est quoi ?
La terre végétale est encadrée par une norme (norme U44-551) dont la dernière mise à jour date de 2009. Cette norme spécifie que cette terre doit provenir d’horizons humifères. Autrement dit, c’est une terre qui doit venir des premiers centimètres de sol, ceux les plus propices à faire de la culture de légumes.
Cette terre vient souvent de constructions de lotissements, de chantiers qui empiètent sur dame nature. La terre des premiers centimètres est séparée des terres plus profondes, pour potentiellement devenir de la terre végétale. L’autre terre plus profonde deviendra quant à elle de la terre de remblais, pour terrasser, rehausser, niveler des terrains.
Cette norme précise aussi que la terre végétale peut être mélangée avec des matières organiques d’origine végétale ou animale.
C’est logique puisque les premiers centimètres de sol sont souvent remplis d’humus, résultant d’une décomposition de feuilles mortes, herbes, brindilles, mais aussi de cadavres d’animaux, de déjections des animaux, que ce soit urines ou fèces.
Et si cette matière organique manque, le vendeur de terre végétale peut très bien en rajouter. Ce sera par exemple du compost végétal jusqu’à 15% du volume total. C’est très important parce que la matière organique est un moteur de fertilité pour le sol, pour le potager. Tout jardinier y court après en ramenant constamment des composts à son potager, composts de matières végétales, composts de déchets de cuisine, composts de fumiers d’animaux. Ici, avec la terre végétale, ces composts sont déjà intégrés.
Terre végétale et compost végétal, mais quelle différence exactement ?
Ne surtout pas confondre ces deux notions. La terre végétale est du sol, de la TERRE. C’est la résultante sur des millénaires, d’une dégradation de la roche mère. Cette roche se dégrade en petits cailloux. Des cailloux qui ensuite se dégradent en sable, en limons et enfin en argile, particules les plus fines. On trouve souvent ces 3 stades de décomposition dans un sol. On aura parfois un sol plutôt sableux, plutôt limoneux, plutôt argileux.
L’idéal est d’avoir 50% de sable, 30% de limon, 10% d’argile et le reste en matières organiques. Mais ces proportions ne sont pas obligatoires dans une terre végétale.
Aller plus loin : comprendre la granulométrie du sol
Vous pouvez très bien avoir une terre végétale très argileuse ou très sableuse. À vous de vous renseigner auprès de votre revendeur, quitte à demander une analyse réalisée via des laboratoires spécialisés. Le tout est d’avoir un support propice au potager sans trop de cailloux, avec de la matière organique incorporée. Au final, le but est d’avoir tout simplement une belle terre que l’on prend plaisir à manipuler dans ses mains et propice à faire pousser des légumes.
Mais pourquoi ne pas faire avec son sol de départ ?
Quand vous partez, par exemple, d’un sol avec 0 % de sable, avec des cailloux gros comme votre main, presque collés les uns contre les autres, il faut avouer que la pratique du potager n’est pas chose aisée. Sitôt un manque d’humidité ou au contraire trop d’humidité, vous aurez un sol compact, presque du béton. Et à l’inverse comme de la glaise si ce sol est trop humide. C’est intéressant pour faire de la poterie, mais un peu moins envieux pour faire du potager.
Et concernant les gros cailloux à tout va, et bien tout simplement, les légumes ne poussent pas dans les cailloux. Trop de sable est aussi une difficulté conséquente. Regardez la plage. Force est de constater que peu de légumes y poussent. Simplement parce qu’il manque de l’argile, du limon, une texture de sol capable de retenir l’eau, les minéraux, capable d’accueillir une activité biologique intense.
Alors il faudra une énergie conséquente pour, au fil des mois et des années, retirer les plus gros cailloux. Pour apporter sans cesse des composts, des paillages, de la matière organique afin d’améliorer votre sol. Quiconque jardinier a eu à faire à ces sols de départ pourra vous témoigner l’aventure que cela représente. Dans ces cas-là, faire un carré potager rempli de terre végétale, ou encore décaisser quelques mètres carrés pour y installer à vie de la terre végétale est une solution rapide et efficace. Pas obligatoire, bien sûr, mais quel confort et quel gain de temps !
Au potager d’olivier : Je fais partie de ces jardiniers qui n’ont pas la chance d’avoir une belle terre maraichère. Argile, cailloux, sol tout bon à faire de la brique ! Cette dernière décennie m’a montré qu’il faut de la ténacité, de l’énergie, de la logistique pour véhiculer des tonnes d’amendements au fil des saisons. Il faut dire que j’ai plus de 15 parcelles à améliorer, allant de 5 à 15 m² chacune.
Au fil des ans, on sent le sol gagner en fertilité, plus meuble, plus noir, rempli de vie qui se délecte de décomposer tous les apports de fumiers, composts, paillages diversifiés. L’eau reste une clé essentielle pour que les processus biologiques d’amélioration du sol puissent fonctionner au mieux. Pour une dernière extension, j’ai choisi la méthode bien plus radicale de décaisser mon sol ingrat et le remplacer par une belle terre végétale. Ce sont des années, des efforts en journées, semaines, mois de travail que je m’économise. Cela au prix d’un investissement de départ pour faire ces travaux d’aménagement. Mais c’est une fois pour tout le reste de la vie.
Terre végétale : quel coût économique et écologique ?
Le coût écologique est à fortement nuancer. On pourrait croire que décaisser un sol, faire venir de la terre, c’est un non-sens. Mais on parle bien de situation de départ très calamiteuse. On parle aussi d’un produit, la terre, qui a une durabilité à vie.
Ce n’est pas comme apporter un paillage de foin qui disparait six mois plus tard.
D’ailleurs, même une botte de foin a un coût écologique puisqu’il faut un tracteur, du pétrole, pour la confectionner et ensuite du pétrole pour la transporter. La terre a un sacré argument de durabilité. On la retrouve ainsi dans des sacs, en jardinerie, sous la dénomination de terre végétale à côté des sacs de terreau ou encore des sacs de composts de fumiers.
Pour des plus gros volumes, tournez-vous plutôt vers des sablières, des entreprises spécialisées. Vous trouverez via un bon moteur de recherche ou sur des sites d’annonces, des sources d’approvisionnement de terre végétale. Mais attention à bien vérifier la qualité de la terre. Hélas les arnaques ne manquent pas avec des revendeurs peu scrupuleux qui font vite passer de la terre de remblais (bien moins chère) pour de la terre végétale.
Concernant le coût économique, tout dépendra évidemment de votre surface. La tonne de terre vous comblera environ 8 m² sur 20 cm de profondeur. Ou 4 m² sur carrément 40 cm de profondeur si vous voulez allez plus profond encore. Déjà avec 20 cm, l’énorme majorité des cultures pourra pleinement se développer. La tonne se vend entre 25 et 80 €.
Les disparités sont énormes selon les régions, les facilités d’approvisionnement. En jardinerie, le sac de 25 kilos coutera autour des 10 € et le rapport prix/quantité sera bien plus élevé que via des gros volumes. Ce sera du dépannage plus qu’autre chose, mais déjà remplir une jardinière de terre végétale procure bien des plaisirs de récoltes.
Et une fois en place, plus rien à faire ?
La terre végétale vous procurera une terre sans cailloux, sans remblai, bien amendée. Il restera à lui donner du corps, de la structure, de l’activité biologique. Il sera intéressant de rapidement lui apporter de la matière organique non compostée, du broyat, des paillages diversifiés, pour que bon nombre d’organismes environnants viennent vivre et se développer dans votre terre. Avec les semaines, mois, années, leur activité va structurer le sol, le solidifier, le rendre plus fertile encore.
Vous pourrez aussi au fil des saisons, enrichir chaque mètre carré d’une bonne poignée d’engrais organique pour redonner toute une fertilité à votre sol et permettre aux cultures de trouver tout ce dont elles ont besoin. Et bien sûr, l’eau ! C’est 90 % du poids de vos légumes. C’est le moteur de toute activité biologique. Alors si la pluie venait à manquer, pensez à maintenir votre terre végétale humide comme une éponge essorée en arrosant si nécessaire. Une terre sèche aurait presque la même fertilité quasi nulle qu’une terre de remblais… Alors à vous jardinier, de veiller à sa bonne humidité.
D’autres solutions que la terre végétale pour améliorer une terre ingrate ?
La terre végétale n’est évidemment pas la seule solution pour se défaire d’un sol ingrat. Vous pourrez utiliser ponctuellement un motoculteur (avec un bon taux d’humidité dans le sol, après une belle pluie) pour faire remonter les plus gros cailloux et les mettre de côté pour en faire par exemple des bordures. Pour les plus courageux, vous pourrez même vous éviter tout engin à pétrole et utiliser une grelinette, un croc, une fourche, mais quel labeur… Dans le même temps, profitez-en pour enfouir du compost sur les 15/20 premiers centimètres, toujours à l’aide d’un motoculteur.
Ce motoculteur va vous oxygéner la terre, la décompacter. Mais tout cela va vite se compacter à nouveau. C’est une solution éphémère et artificielle que de mouliner le sol au travers des dents acérées de ces engins. L’idéal sera de constamment apporter de la matière organique pour amender votre sol au fil des saisons. Procurez-vous tout ce que vous pourrez, en paillages, composts, toute matière d’origine animale ou végétale et si possible diversifiez vos apports comme vous aimez avoir une assiette diversifiée à chacun de vos repas. C’est en amendant régulièrement votre sol de départ, quel qu’il soit, que vous aurez au fil des saisons, une amélioration de sol.
Enfin, pensez au broyat qui lui aussi permet de redonner vie à bien des sols. Mélangé aux premiers centimètres, il est rétenteur d’eau, générateur d’activité biologique et d’humus à moyen et long terme. Vous pourrez en trouver via des paysagistes.
Le broyat a le mérite d’être très riche en carbone : on estime que 12 cm de broyat équivaut à peu près… à 90 cm de paille en termes d’apport de carbone ! Vous comprenez pourquoi cette matière est si plébiscitée par les jardiniers qui souhaitent créer de l’humus sur leur sol.
Alors à vous de jouer, tout est possible quand on a la volonté sans faille de vouloir produire des légumes dans son jardin.
Très intéressant comme dab. J’ai 4 sacs de terre vegetale et 3 de fumier de cheval. Puis je les mélanger en ajoutant du compost maison pour mettre dans mes carrés de tomates, et puis-je le faire maintenant ou dois je attendre le début du printemps ?
Oui vous pouvez faire ça dès maintenant 😉
A bientôt
Bonjour Olivier, Je trouve qu’il faut tout de même le signaler à ton « fournisseur » et dans ton entourage faire passer le mot que celui là n’est pas à la hauteur de tes attentes. courage
Bonjour à vous tous.
J’ai un jardin de 100 m² de terre argileuse.
Au début j’ai tout travaillé au piochon… laborieux !!!
Jamais de motoculteur et pourtant j’ai de gros problème de santé que j’oublis dans mon jardin salvateur dans lequel je passe des heures car je ne suis pas trop efficace.
Ce n’est que du pur plaisir et de l’amour.
Mais quelle joie après des années d’amendements divers et variés selon les conseils d’Olivier j’arrache mes poireaux à la main !
J’ai ramassé mes 7 kilos (2 plants à l’origine) de patates douces à la main.
comme tout le monde j’ai des raté cela enrichi la personne et le composte…..
Bonne année potagère à tous.
Merci pour cet article. Connaissez vous des fournisseurs de terre végétale ? je suis dans le Lot et Garonne et impossible de trouver dans ma région. Si vous avez des informations pour s’en procurer, je vous en serais très très reconnaissant.
Bonne récolte à vous