Laisser buissonner ses plants de tomates ou au contraire ne laisser qu’une seule et belle tige principale ? Bien des jardiniers se posent la question chaque printemps.
Dans cet article en deux parties, nous verrons :
• comment tailler vos tomates : enlever les gourmands, effeuiller et étêter vos plants de tomates
• et les détails de cette pratique, pourquoi tailler ou ne pas tailler.
Sommaire
Tailler vos tomates : la suppression des gourmands
Tout plant de tomates va rapidement développer des gourmands. Ce sont de petites pousses qui vont se développer à l’aisselle des feuilles.
En réalité les « gourmands » sont simplement des tiges secondaires. Le terme gourmand relève plus de l’arboriculture et désigne un rameau qui se développe à partir d’un œil à bois. Néanmoins le terme gourmand est le plus utilisé pour désigner les pousses secondaires des tomates, c’est pour cela que nous l’utilisons ici.
C’est en la suppression régulière de ces petites pousses que réside l’essentiel de la taille de la tomate 🙂 Mais ce n’est pas tout ! On pourra également réaliser un effeuillage et un étêtage, nous vous en parlons juste après.
L’idéal sera de passer jour après jour pour supprimer les nouveaux gourmands. Il suffira de les pincer entre les doigts pour les couper. Néanmoins, quel jardinier n’a pas manqué d’attention ou de temps ? Et voilà qu’on se retrouve avec des gourmands déjà forts développés d’un bon centimètre de diamètre. Dans ce cas, on pourra utiliser un ciseau, un sécateur. Il faudra faire attention à ce qu’ils soient bien propres et à faire une taille nette. On évitera ce geste en cas de temps humide. Chaque coupure est comme une petite blessure qui préférera se soigner par temps sec pour éviter toute maladie, le mildiou en premier lieu.
Taillez vos tomates par temps chaud et sec : une plaie vite séchée sera vite cicatrisée.
D’ailleurs, on entend souvent qu’une taille peut favoriser l’apparition de ce champignon. Mais jamais une étude n’a démontré ce fait. Sinon, bien évidemment, la non-taille ne se discuterait pas.
De plus nous le verrons plus bas, ne pas tailler peut aussi créer un manque d’aération de vos plants et peut aussi favoriser l’apparition de maladies.
La taille des feuilles ou effeuillage des tomates
Il n’y a pas que les gourmands que l’on pourra tailler. Les feuilles pourront elles aussi recevoir quelques coups de ciseau ou sécateur.
Ce sont les feuilles du bas qui seront surtout ciblées. Au contact du sol, elles pourraient être vectrices de maladies. Alors, n’hésitez pas à effeuiller vos plants sur les 3 ou 4 premières hauteurs dès lors que les plants ont bien repris.
Tailler les feuilles de tomate au fur et à mesure
Par la suite, de nombreux maraîchers effeuillent les plants au fur et à mesure de l’arrivée à maturité des tomates. Quand le bouquet de tomate est mûr, les feuilles sont coupées à même hauteur. Et ainsi de suite jusqu’au sommet du plant. Cela permet de concentrer l’eau, l’énergie dans les bouquets restants et les feuilles restantes. Reste la question de la photosynthèse qui a besoin de feuilles pour être pleinement active. Mais les études de productivité montrent que les plants se développent tout aussi bien, voire mieux, avec une partie du feuillage en moins. Tout en économisant de l’eau (jusqu’à 40% d’eau consommée en moins en septembre et octobre).
Les « vieilles » feuilles consomment plus de sucres qu’elles n’en offrent au plant, et donc aux fruits. Elles sont en compétition avec les fruits.
C’est notamment ce qui ressort d’une étude sur l’effeuillage et la taille des tomates dont le résumé est disponible ici : https://www.agrireseau.net/legumesdeserre/Documents/Effeuillage.PDF
Effeuiller les tomates : des avantages en fin de saison
Cette manière de tailler les tomates, leurs feuilles, permet aussi de faire en sorte que la lumière atteigne à nouveau le sol. Et qui dit lumière, dit possibilité de cultiver ! Ainsi, on pourra profiter de cet effeuillage pour mettre en culture au pied des tomates en fin de saison par exemple. Quand l’espace sous serre est compté par exemple, on pourra contre-planter des cultures d’hiver avant que les pieds de tomates meurent. Ici des laitues courant septembre. Si vous faites ça, n’hésitez pas à tailler sévèrement sur les 50 premiers centimètres si vous avez du mal à faire pénétrer la lumière. Sur la photo ci-dessous, un léger effeuillage a permis d’en retrouver suffisamment.
La taille de la tige principale ou l’étêtage des tomates
Enfin, on pourra tailler son pied de tomate au niveau de la tige principale. Cette opération aura tendance à concentrer l’énergie sur les bouquets existants et accélérer leur maturité. Cela peut être fort utile dans des régions où la fraîcheur arrive très vite, trop vite en fin de saison. Les tomates restent vertes et le jardinier tout pâlot.
Vous pourrez ainsi étêter les plants au-dessus du sixième/cinquième bouquet, peut-être même quatrième dans les régions les plus froides, l’arrivée à maturité des fruits sera bien accélérée.
Et donc, plutôt que de chercher quoi faire avec vos tomates vertes, vous aurez tout simplement plus de tomates bien mûres 😉
Voilà, maintenant que vous avez égourmandé, effeuillé et étêté vos tomates, la taille est terminée 😉
Vous devriez bien réussir la culture et récolter un maximum de tomates sur vos plants. Reste à traiter le cas particulier de la taille des tomates cerises.
La taille des tomates cerises
On isole souvent ce cas précis puisqu’ici les tomates n’ont pas à bien grossir. On pourra alors bien plus facilement laisser buissonner les plants et récolter à la folie. Seule contrainte, celle du tuteurage et parfois d’un étouffement du plant. Là aussi on pourra jouer de compromis si on le souhaite, laisser quatre, cinq, six gourmands et supprimer les autres pour trouver un bel équilibre. Mais globalement, on pourra laisser quelques gourmands supplémentaires comparativement aux plants de tomates.
Voyons maintenant la deuxième partie de cet article :
– pourquoi tailler ou ne pas tailler ?
– une solution plus nuancée que la taille drastique : tailler à moitié, au ressenti !
Ne pas tailler ses tomates et leurs gourmands ?
Vous pouvez tout à fait choisir de ne pas tailler vos tomates.
En ne les taillant pas, elles vont rapidement se développer pour au final se transformer en véritables buissons.
Vous aurez ainsi une production plus tardive, mais plus importante par plant. Ils prendront plus de place, et pourront résister nettement moins aux maladies comme le mildiou, particulièrement en contexte humide.
De nombreuses contraintes peuvent donc rapidement se présenter si vous décidez de ne pas tailler, voyons les ensemble. N’hésitez pas à débattre dans les commentaires 🙂
Trop de vigueur
Le plant non-taillé pourrait manquer d’eau, de nutriments dans certains contextes. Chaque tige développant de nouvelles branches, de nouveaux fruits, les besoins en eau et en minéraux essentiels vont se démultiplier. Eh oui, tout ce beau monde demande à boire et à manger au quotidien. Il faudra alors un sol de compétition (forts apports de composts, d’engrais, d’arrosage) pour satisfaire les besoins de chacun sans quoi les tomates pourraient avoir du mal à s’en sortir.
Un tuteurage plus délicat
Le plant buissonnant sera bien plus difficile à tuteurer le long d’un tuteur. Que ce soit un bambou, un roseau, un piquet ou autre support à tomates. Il faudra ficeler de tous les côtés pour maintenir la structure en hauteur et éviter qu’elle ne s’abîme au sol. On peut faire des sortes de tipis avec plusieurs bambous ou autre tuteur, afin de retenir un peu mieux les plants.
Dans les climats un peu moins humides, on peut cependant cultiver des variétés à port déterminé directement sur le sol, en les laissant ramper. Une cagette ou autre « réhausse » pourra être utilisée pour surélever légèrement le plant du sol. C’est comme cela que Guillaume cultive ses ‘Roma’ pour faire de la sauce : tomates rampantes, sur bâche ou cagette. Mais attention au mildiou…! Généralement ces plants ne tiennent pas jusqu’en octobre, mais ils demandent si peu d’attention qu’il devient intéressant de les cultiver.
Des associations de culture rendues difficiles
Vous ne pourrez généralement pas cultiver grand-chose à côté du plant : exit les petites betteraves, laitues, ou autres au pied des tomates : les buissons vont rapidement occuper tout l’espace et empêcher toute plante de pousser à proximité immédiate d’eux. Vous aurez tout de même le temps de faire quelques récoltes à leurs pieds avant qu’elles n’occupent tout l’espace, comme des radis par exemple qui pousseront rapidement, mais n’envisagez pas de faire plusieurs séries consécutives de cultures durant la période des tomates.
Non-taille et risques de maladies
Enfin, de ne pas tailler, les buissons pourront être confrontés à un manque d’aération. Surtout si vous n’espacez pas suffisamment vos plants. En cas d’humidité, cela peut vite générer des maladies, empêcher une bonne photosynthèse et nuire au développement optimal des plants. C’est pour ces raisons essentielles que bon nombre de jardiniers se décident à tailler au printemps leurs plants de tomates.
Là ici encore, la pratique porte à débat : ne pas tailler c’est aussi ne pas ouvrir de plaie.
Certes, mais dans des conditions humides le manque d’aération présent sur un plant en buisson jouera incontestablement en sa défaveur… Ce n’est pas pour rien que les maraîchers (qui comptent sur leur récolte pour vivre) taillent les tomates pour plus de 90% d’entre eux. La taille est moins risquée et plus productive.
Néanmoins, ne pas tailler c’est gagner du temps, et moins de plants à produire ! À chacun de faire en fonction de son contexte et de sa philosophie de jardinage. Et même si cet article porte sur la taille des tomates, nous invitons tous les jardiniers à faire leurs propres tests, essayer les deux méthodes et se faire leur propre idée de ce que peut donner une tomate non taillée dans leur contexte.
Non-taille et production plus abondante ?
Sur ce point aussi, jamais les études n’ont démontré une production plus importante pour des plants de tomates non taillés. Néanmoins, on peut aisément comprendre que la production par plant peut être plus importante : plus de tiges, plus de fleurs, plus de tomates.
Cela dit, l’important au potager, particulièrement sur des petites surfaces, ce n’est pas la production par plant, mais celle par mètre carré qui est intéressante.
Et là encore, c’est la tomate taillée qui va gagner, avec une meilleure précocité, une régularité dans la production toute la saison. Si vous ne taillez pas, vous perdrez largement plusieurs semaines, voire plus d’un mois sur la récolte de la première tomate. Encore une fois à vous de voir, mais si vous êtes impatients de récolter, la taille s’avèrera utile.
Et si on taillait à moitié nos tomates ?
Les joies de notre cerveau humain à raisonner par le compromis font qu’on peut bien sûr choisir une alternative entre la taille totale et la non-taille totale, à savoir de tailler « un peu » !
À vrai dire, de très nombreux jardiniers fonctionnent ainsi. On pourra supprimer une grande partie des gourmands et parfois en laisser un ou deux. Le plant de tomates va ainsi se développer sur deux ou trois tiges principales. C’est un très bon compromis qui permet de tuteurer ses plants sans trop de difficulté tout en espérant des récoltes plus conséquentes.
Au potager d’Olivier : C’est le mot que je préfère au potager : nuance. Un plant m’inspirera une taille conséquente, un autre une taille plus sommaire. Tout de même, une pratique se dégage. Je préfère des plants bien oxygénés, assez taillés, faciles à tuteurer. Je veille à toujours tailler par temps sec. Au final, une grande partie de mes plants sont sur une tige principale. Quelques-uns, notamment des plants greffés toujours très vigoureux, sont sur deux, voire trois tiges principales. Les plants de tomates cerises, eux, buissonnent bien plus conséquemment avec des ficelles qui les encerclent pour tenter de les tuteurer au mieux. Mais même eux sont taillés en partie pour éviter une jungle trop conséquente !
Guillaume : je taille la plupart de mes plants de tomates. Néanmoins il m’arrive tous les ans de faire des plants un peu moins taillés, et même de laisser des buissons en extérieur, c’est aussi sympa de ne pas s’occuper du plant plus que ça. Et sous serre, je reste opportuniste : si un gourmand est trop gros, que le plant à côté est un peu chétif, je ne vais pas hésiter à laisser partir le premier sur deux tiges si je vois que j’aurais suffisamment d’espace aérien pour que ces tiges voient la lumière !
Du ressenti, de l’envie, des finalités
Comme souvent au potager, ce sont les aspirations du jardinier qui pourront dicter les bons gestes à réaliser.
Envie de laisser faire la nature au risque de « galérer » à tuteurer la culture, au risque de ne voir jamais des gros fruits se développer. Oui, mais le plant ne sera jamais blessé et fera sa vie. Dans les meilleures circonstances, en plus il fournira une abondance de récoltes avec un sol riche, un jardinier aux petits soins.
Envie de praticité, d’un jardin éclairci, de plants bien oxygénés, bien en hauteur avec des fruits plus gros ? Eh bien taillez vos tomates !
Envie de trouver un compromis ? On taille par ci, on laisse un gourmand par là. Cela ne compromettra pas vos récoltes, la tomate est si généreuse et vigoureuse !
Merci pour votre lecture, n’hésitez pas à poser vos questions en commentaire et à partager cet article autour de vous, cela nous aide beaucoup 😉
Aller plus loin : https://www.youtube.com/watch?v=Aut2kFwKp3Q Une vidéo du potager d’Olivier.
Et on n’oublie pas de mettre les gros gourmands dans de l’eau
En quelques jours ils font des racines et deviennent productifs très vite
Très intéressant et bien fait merci
Merci à toi pour ton retour Jean 🙂
Bravo pour cet excellent dossier sur la taille des tomates. Le premier que je trouve complet, explicite et bien illustré. Une mine d’or pour les débutants mais également pour confirmer ou infirmer les expériences de chacun. Et merci de rappeler que le lien essentiel du rapport au vivant et aux pratiques qui en découlent passe en premier lieu par l’observation et l’intuition.
merci beaucoup 🙂
Merci pour tous ces bons conseils. Je m’en vais enlever les gourmands de ce pas 😉
Vous êtes vraiment top 🙂 Merci beaucoup
Excellent article !
Enfin une réponse claire à toutes mes questions et mes retours d’expérience !
Bravo l’équipe 😉
Merci Aude 🙂
Bravo pur ce travail et cette formidable pédagogie pour nous transmettre avec toujours beaucoup de délicatesse et d’humilité votre expérience!
Emmauelle
Merci pour ce gentil retour Emmanuelle 🙂
Très bon article qui donne des conseils sans imposer
Merci pour ton retour!
Bravo pour cet excellent article très clair et très pratique
Merci à toi 🙂
Bravo pour cet article aussi simple qu’efficace.
Merci pour les explications, ça donne envie de jardiner.
Bravo à tous pour le travail sur le contenu et à Antoine pour la réalisation du site.
J’ai voulu suivre les conseils d’Olivier et j’ai donc commencé à dégager la base de mes tomates cerises. Un coup de sécateur de trop et me voilà avec mon plants de tomates dans la main !!!!! Je l’ai mis à l’ombre dans un arrosoir d’eau. Mais est ce que je peux le récupérer ?
Vous avez le droit de vous moquer je ne manque pas d’auto-derision !!!!!!
Merci beaucoup pour votre aide
Bonjour 🙂
Mince ! Ca m’est déjà arrivé avec un concombre…
C’est difficilement rattrapable mais vous pouvez toujours tenter une bouture 😉
A bientôt
Guillaume
Merci Guillaume !
Je vais tenter l’aventure avec la bouture !
Bonne journée
Frederique
Merci pour cet article complet, qui nous explique vraiment les avantages et inconvénients de la taille/non taille.
Cette année j’ai décidé de m’amuser avec les tomates : un endroit avec des pieds que je taille, un autre endroit plus loin avec des pieds que je taille pas, et enfin, un 3eme endroit avec des pieds non taillé, et sans tuteur, c’est les pieds que j’avais en trop que j’ai pas pu donner 😅
Bon jardinage à tous !
Bonjour
J’ai planté des tomates pour la premiere fois cet été sans avoir fait tout cela. Puis je le faire sur mes plants de tomates maintenant? (Je viens de m’abonner) .
Est-ce que mes plants de tomates doivent être détérré pour l’hiver et mis dans des pots que je rentrerai dans mon garage ou vont ils s’endormir et refleurir au prochain printemps? Bien entendu je compte pailler et rajouter du compost sur ma petite parcelle dédiée à cet effet.
Oui vous pouvez tout à fait tailler vos plants si vous le souhaitez, vous avez la taille de fin de saison qui est sortie récemment. Allez voir 😉 Je vous conseille de couper les fleurs de tomates.
A bientôt
Guillaume
Nouvel abonné ! … un « peu » âgé donc avec un peu d’expérience …
Bravo pour l’article.
Perso j’enlève les gourmands en fonction de la puissance du pied. Sur un pied très costaud (tomates Russe par exemple) je laisse volontiers 3 branches; sur des pieds plus faibles j’enlève tous les gourmands.
Important de supprimer les feuilles du bas dès que le pied peut le supporter.
Bonne continuation et à bientôt.
merci Bernard sur ce retour sur la taille des tomates 🙂
Excellente article très riche et très intéressant.
Merci infiniment
j’ai eu un plant de tomates sur la jardinière de la tombe de mon père. Il restait quelques tomates dessus dont certaines étaient rouges que j’ai d’ailleurs mangées. Toutefois, je suis novice dans cette culture et je ne sais pas comment entretenir ce plant. Actuellement, les feuilles sont sèches et quelques malheureuses tomates encore vertes qui ne muriront certainement pas. Je ne sais pas quoi faire pour maintenir ce plant. Faut-il couper les blanches qui sèchent ? J’aimerai bien le garder.
Merci pour vos conseils
Il sera difficile de le garder, mais vous pouvez toujours tenter en intérieur dans une pièce peu chauffée.