Tomate et mildiou ne font pas bon ménage. Une fois les plants atteints, ils sont presque à coup sûr condamnés à moins que les températures ne remontent fortement, ou que vous vous battiez comme un gladiateur ! Revenons un peu sur cette maladie afin de mieux l’appréhender et essayer de l’éviter au potager.
Sommaire
Le mildiou de la tomate kesako ?
Le mildiou est une maladie cryptogamique qui atteint les pieds de tomates. Le champignon phytophthora infestans est arrivé en même temps que les tomates du Nouveau Monde. Il peut s’attaquer principalement aux tomates et aux pommes de terre. Ce champignon est présent dans tous les sols cultivés et lorsque ses conditions de développement sont là, il n’y a plus grand-chose à faire pour s’en débarrasser.
Le mildiou nécessite une température comprise entre 17 et 20°C et un taux d’humidité élevé pour croître. Une fois les premiers spores développés, la vitesse de propagation est exponentielle. Une année comme en 2021 avec un printemps et un début d’été humide ont eu raison des tomates de nombreux jardiniers. Pas de panique pour autant, il existe de nombreuses façons de l’éviter ou tout du moins de limiter son développement. Mais vous découvrirez à la lecture qu’à moins d’être dans un climat chaud, le seul moyen de profiter de vos tomates tous les ans est d’avoir un abri, un tunnel, une serre…
Comment les tomates attrapent-elles le mildiou
La tomate fait partie des solanacées. Originaire de la région des Andes en Amérique latine, son cycle de vie peut durer plusieurs années. En France, cette culture est annuelle, et la tomate meurt naturellement avec la diminution du nombre d’heures de jours et la baisse des températures. En fin de saison, lorsque la fin de l’été arrive, les conditions de développement du mildiou sont réunies. Les spores du mildiou se répandent et signent la fin de vie des plants de tomates. Ce qui peut être décevant pour le jardinier, c’est lorsque la maladie apparaît en début de saison. En revanche en fin de saison c’est tout à fait normal !
Comment lutter contre le mildiou ?
Une fois le mildiou installé, la seule solution pour le ralentir vraiment est que la température remonte. Au-delà de 30°C, le développement du champignon s’arrête et le développement de la plante reprend. Voici quand même quelques façons de limiter le mildiou au potager.
1 – Des traitements préventifs contre le mildiou
La technique des maraîchers : la bouillie bordelaise
Dès la fin du XIXe siècle, les vignerons et les maraîchers ont trouvé une façon de limiter les dégâts du mildiou : la bouillie bordelaise. Il s’agit d’un traitement confectionné à base d’ions de cuivres qui inhibent le développement des spores du champignon. C’est une méthode qui fait ses preuves en préventif, mais n’a pas d’effet une fois la maladie installée. Si les hyphes (racines) du champignon parviennent à “piquer” les feuilles ou les tiges et pénètrent dans les tissus de la plante, c’est trop tard. Ce n’est donc pas un traitement curatif.
On dilue la bouillie bordelaise dans de l’eau et on la vaporise sur les plants. Elle protège la plante en la couvrant d’un voile de cuivre qui rend les feuilles bleutées. C’est un pesticide de contact : il empêche tout simplement les spores de germer.
Le traitement est renouvelé à chaque pluie, sans quoi la couche protectrice est lessivée. La bouillie bordelaise est le seul fongicide autorisé en agriculture biologique.
Mais ne prenez pas ce traitement à la légère. Bien que naturel, il reste controversé pour son impact sur l’environnement. L’INRAE lui reconnaît des caractéristiques écotoxiques et phytotoxiques. Cela signifie qu’il est nocif pour la plupart des écosystèmes, que ce soit la faune ou la flore. De plus, à haute dose dans le sol, il aurait tendance à nuire à la croissance racinaire et foliaire des plantes cultivées.
La bouillie bordelaise n’est donc pas efficace en curatif et demande de nombreuses précautions pour être efficace en prévention. De plus elle a tendance à polluer, ce n’est donc pas la solution la plus pérenne à adopter au potager : nous vous la déconseillons !
Les remèdes de grand-mère contre le mildiou des tomates
En fouillant un peu sur le web, on retrouve des remèdes faits maison pour lutter contre le champignon sur nos tomates. On entend des jardiniers qui mettent quelques feuilles d’orties au fond du trou à la plantation des pieds, ou bien des pulvérisations de purins de prêle ou de bicarbonate. On entend aussi souvent que l’on peut piquer le pied de tomate avec un fil de cuivre…
À ce jour, aucune de ces méthodes n’a prouvé une véritable efficacité, même si le purin de prêle semble être mis en avant par de nombreux jardiniers. En préventif, la bouillie bordelaise reste le seul traitement reconnu. Si vous avez des résultats intéressants à nous partager sur vos remèdes maisons, n’hésitez pas à le faire en commentaire.
Pour manger de belles tomates saines, le plus simple reste de mettre en place des stratégies permettant de cohabiter avec le mildiou et le faire arriver le plus tard possible. Comment s’y prendre ? Il suffit de protéger vos tomates !
2 – Des tomates bien à l’abri : LA solution contre le mildiou des tomates
Comme nous l’avons évoqué en début d’article, l’humidité est l’un des facteurs déclencheurs du champignon. Pour se développer sur les feuilles de tomates, le mildiou a besoin que celles-ci soient recouvertes d’une fine pellicule d’eau. Protéger les tomates de la pluie permet donc de diminuer drastiquement la maladie.
La saison 2021 a été catastrophique pour les tomates. En extérieur, la plupart des plants ont succombé avant même de produire un fruit. En revanche, sous serre, les tomates ont produit comme à leur habitude.
Une serre ou un abri permet donc de garantir un minimum de récolte de tomates tous les ans !
Ce qui compte, c’est que les plantes puissent être à l’abri de la rosée et des pluies. Attention tout de même à la température sous la serre. En plein été, si l’aération n’est pas suffisante, les légumes peuvent rapidement cuire. L’installation d’un filet d’ombrage ou de blanc de Meudon permet de faire chuter la température jusqu’à 10°C sous la serre. Commencez à aérer relativement tôt dans la saison, afin d’éviter que la serre reste trop humide, surtout le matin. Notre méthode ? De juin à septembre, voire octobre, la serre reste grande ouverte sur les pignons, et seul le tunnel reste en place, protégeant de fait les tomates du mildiou.
3 – Attention à l’arrosage
Lorsque vous arrosez, il est primordial de garder le feuillage des tomates au sec. Il faut à tout prix éviter de réunir les conditions de développement du champignon. Arrosez vos plants de tomate bien au pied pour éviter de trop mouiller les feuilles. Vous pouvez, par jour de grosses chaleurs, arroser le feuillage. Cela leur fera du bien et tant que le mercure est au-dessus de 30°C, le risque de mildiou est quasiment nul. Nous vous en parlions dans notre article sur la sécheresse et la canicule au potager.
Pour limiter l’humidité résiduelle sur les feuilles, l’air doit circuler.
C’est pour cela que l’on tuteure généralement les tomates et qu’on les taille. Naturellement, elles ont tendance à faire un buisson rampant, pas idéal pour l’humidité. Vous pouvez attacher vos plantes avec de nombreuses astuces : bambou, tuteurs, ficelles… faites selon ce que vous avez à disposition chez vous.
Il faut garder à l’esprit qu’un pied de tomate monte facilement jusqu’à 2 m de haut (voire 3, 4 m !), le tuteur doit donc être choisi en conséquence.
Certaines variétés comme les Roma ne sont pas très sensibles au champignon. C’est donc possible de les laisser buissonner. Vous pouvez les poser sur une cagette pour éviter tout de même qu’elles soient directement en contact avec le sol. Ou plus simplement accepter que le mildiou arrive plus tôt sur ces tomates, et se contenter de la récolte de début de saison.
Guillaume : je cultive presque tous les ans sur bâche des Roma pour faire des sauces et des tomates séchées. Le mildiou arrive généralement début septembre les bonnes années, ce qui nous permet de récolter quand même de grosses quantités avant que les tomates ne périclitent.
4 – Une taille préventive contre le mildiou
Toujours dans une logique d’éviter que les pieds de tomates soient humides, certains jardiniers taillent leurs tomates. Pour tailler une tomate, on coupe généralement les feuilles du bas, ainsi que tous les gourmands (branches latérales qui poussent à l’aisselle d’une feuille et qui porteront des fruits). La taille permet de bien aérer le plant et qu’il sèche rapidement en cas d’humidité.
Lorsqu’on taille, on vient aussi blesser le plant de tomate. Il est recommandé de pratiquer la taille avec un outil tranchant et désinfecté pour éviter la propagation du mildiou entre les différents plants s’ils sont atteints.
Taillez impérativement par temps sec, le matin de préférence. Si le temps est au beau fixe et que la taille est réalisée sur de toutes petites sections de tiges, la cicatrice laissée par la taille se referme en quelques heures et le risque de contamination est quasiment nul. En revanche, si la météo est humide et fraiche, la taille laisse une blessure béante dans laquelle les spores de mildiou n’auront aucun mal à s’installer.
Tailler ses tomates peut donc être à double tranchant. Certains jardiniers ne taillent pas du tout, d’autres de façon drastique et d’autres encore font en fonction de chaque pied. Il n’existe pas de vérité absolue là-dessus, c’est selon le ressenti du jardinier et du climat dans lequel il cultive.
Aller plus loin avec notre article : « Tailler les tomates »
5 – Des variétés de tomates résistantes face au mildiou
Des variétés sélectionnées pour leur résistance
Le mildiou n’est pas une maladie nouvelle de la tomate et les scientifiques travaillent sur de nouvelles variétés, beaucoup plus résistantes. La plupart d’entre elles sont davantage tolérantes que résistantes à la maladie cryptogamique. Si les conditions de développement du mildiou sont réunies, la plante peut en présenter quelques symptômes, mais les fruits restent sains. Des variétés comme ‘Pyros’ ou ‘Maestria’ sont particulièrement tolérantes au mildiou. Sur ces variétés, la sélection a été faite davantage sur la résistance au champignon que sur le goût. Il peut être judicieux d’en mettre quelques pieds pour assurer une récolte minimale pour les mauvaises années.
Certaines tomates paysannes comme la ‘Rose de Berne’ ont l’avantage d’être tolérantes, tout en gardant un goût délicat. Si vous êtes très sujet aux maladies cryptogamiques dans votre potager, c’est donc recommandé de choisir des variétés adaptées. Néanmoins, vous n’aurez jamais le même résultat qu’avec des plants cultivés sous serre ou abri…
Des variétés précoces : récolter avant l’arrivée du mildiou
Au-delà de la tolérance à la maladie, on peut aussi essayer de prendre le mildiou de court. Certaines variétés ont quant à elles été sélectionnées pour leur précocité. Des variétés excellentes comme la ‘Noire de Crimée’ produisent leurs premiers fruits fin juillet. Si la météo est favorable au développement du champignon, vous risquez tout simplement de ne pas ramasser de fruits. En revanche, il y a aussi de variétés précoces qui elles peuvent vous permettre d’avoir un minimum de récolte tous les ans. On peut par exemple citer la ‘précoce de Quimper’, la ‘stupice’ ou la ‘précoce glacier’ qui produisent leurs premiers fruits très tôt dans la saison. Même si le mildiou attaque les tomates de bonne heure, il y aura une partie de la production de sauvée.
Dans tous les cas, le choix variétal est important pour assurer une récolte de tomates. Le secret réside dans la diversité : en multipliant les variétés cultivées, vous devriez pouvoir déguster au moins quelques fruits goûteux. Et surtout vous faire votre petite sélection de variétés que vous aimez et qui réagissent bien chez vous.
6 – Attention lors de la fertilisation des tomates
Les tomates font partie des gourmandes au potager. Dans l’impatience de récolter de gros fruits bien mûrs, le jardinier peut avoir tendance à suramender le sol en début de culture. Le développement de la plante sera donc en général rapide, avec beaucoup de feuillage. Lorsqu’une plante pousse avec des excès, notamment d’azote, elle pousse trop vite, trop fort. Les pieds de tomates dans cette situation deviennent plus vulnérables aux maladies et aux ravageurs. Il faut donc faire attention aux besoins des plantes et ne pas avoir la main trop lourde sur les apports fertilisants comme le sang séché par exemple. Vous limiterez ainsi l’apparition du mildiou sur vos tomates.
7 – Une rotation dans les cultures ?
Le mildiou est un champignon qui se propage par ses spores. En France métropolitaine, tous les ans, les pieds de tomates attrapent la maladie en fin de saison. C’est naturel : ils meurent comme cela. Les spores très volatiles du champignon se retrouvent donc présents en masse dans les restes de culture, mais aussi dans le sol et dans l’air. L’année suivante, si la culture est faite au même endroit, les spores se développeront plus rapidement, toujours si les conditions d’humidité et de température sont présentes.
Dans les exploitations maraîchères, une rotation de culture sur quatre ou cinq ans est recommandée sur la tomate. Difficile à mettre en place au jardin, surtout lorsqu’on manque de place. Pour nous autres jardiniers, il vaut mieux partir du principe que le champignon est présent partout dans notre sol. Ainsi, toutes les méthodes de lutte et de prévention expliquées ci-dessus peuvent être mises en avant. Le mildiou étant présent dans les sols depuis de nombreuses années, cette rotation peut apparaître comme superficielle dans de nombreux cas. Il faut essayer d’abriter les tomates, et de garder le feuillage au sec pour tenter de repousser au maximum l’arrivée de la maladie.
Tentez dans l’absolu de conserver votre sol paillé : les spores de mildiou étant présentes dans le sol, des projections de terre sur les feuilles lors de l’arrosage risquent de transmettre la maladie. Pour limiter tout ça, le paillage du sol permet de limiter la contamination du mildiou sur vos tomates.
Vivre avec le mildiou de la tomate
Dans un jardin familial, le mildiou de la tomate est donc présent partout. Pour se régaler de belles tomates, il faut donc tout mettre en place pour retarder l’apparition des premiers signes du champignon. Voici un récapitulatif des astuces offertes dans cet article pour éviter le mildiou :
- si vous le souhaitez, lors de la sélection des graines, vous pouvez vous orienter vers des semences plus résilientes face au mildiou.
- évitez de mouiller le feuillage systématiquement en arrosant.
- gardez vos plants de tomates bien aérés, en les taillant par temps chaud et sec et en ouvrant vos abris.
- abritez vos tomates et en les protégeant de l’humidité : c’est la meilleure solution.
Dans tous les cas, la lutte contre ce champignon est avant tout préventive : en limitant son apparition au potager, vous devriez repousser au maximum le mildiou sur vos tomates. Et récolter des cagettes entières ! Et si vos tomates attrapent le mildiou précocement ? Pas de soucis, c’est l’occasion de se lancer dans un potager d’hiver en profitant de l’espace libéré ! 😉
Apprenez à récolter toute l’année
N’attendez plus pour démarrer votre propre potager. Commandez notre livre numérique/calendrier des semis interactif et commencez à cultiver vos propres légumes dès maintenant !
Très bon article synthétique qui traite de (presque) tous les aspects liés au mildiou. Lors d’une mise à jour éventuelle pouvez-vous y rajouter 2 thématiques qui m’intéressent:
1-Quelle méthode de tuteurage idéale pour éviter de blesser les tiges (point d’entrée de la maladie)
2- Quid des restes de culture (feuillage brulé, tomates vertes atteintes) en fin de saison. Peut-on les mettre sans risque au compost?
Bonjour Gilles, merci pour ce retour, super sympa ! On va le faire oui, c ‘est une bonne idée.
Je me pose également la question du compost.
A priori, je n’ai pas eu de mildiou cette année (je suis en Drôme provençale, il y fait sec). Mais par contre beaucoup d’oïdum. Dans le doute, je n’ai pas mis mes vieux plants dans le compost.
Je précise que je n’ai pas lu tous les articles du site, peut-être que c’est déjà mentionné quelque part !
Bonjour! N’est-ce pas plutôt d’oïdium dont souffrent les tomates en cette année de sécheresse?
C’est possible oui ! Mais là, le mildiou arrive 🙂 Antoine en a attrapé déjà. et après ces pluies, je pense que mon heure va sonner 😀
Une centaine de plants sous serres tunnel ( 75 m² et 50 m² ) ouvertes aux pignons, très peu d’arrosage sinon à la plantation et lors de la reprise. Taille des gourmands systématique sauf sur variété déterminée ( Siberian Peasant ), bon espacement entre les plants ( 70 cm. ). Seules les tomates cerises sont plantées en extérieur ( tonneaux de 60 l. de récup. ). En 2021, mildiou sur les plants siciliens plantés en extérieur ( arrivés trop tard pour être dans la serre, plus place …). En 2022 malgré les trop fortes températures du printemps ( fleurs avortées ) suivies d’une canicule sévère en été, récolte d’un peu moins de 300 kg. un seul arrosage important fin juillet ( 30 l / m² ) en goutte à goutte.