Chaque saison, c’est avec une grande impatience que tout jardinier espère au plus vite pouvoir semer quelques graines. Pour la pleine terre, il faudra attendre que le sol se réchauffe, mars, avril, mai… On vous explique tout ça dans notre calendrier des semis. Mais pour préparer ses plants, on peut commencer à semer dès le mois de janvier à semer en contenant. Voyons alors les différentes possibilités, les différentes techniques qui s’offrent à nous pour réussir au mieux ces semis, en abordant pour chacune d’elles, les principaux avantages et inconvénients.
Sommaire
Les semis en barquette
Dans la moindre barquette de 20 cm sur 10 de large, plusieurs dizaines de plants de laitues, tomates, poivrons, aubergines… peuvent être semés. Veillez simplement à ce que le contenant soit un minimum profond, bien 5 cm. Veillez aussi à ce qu’il y ait quelques trous sur le fond pour qu’un éventuel excès d’eau puisse s’évacuer. Sinon, percez la barquette.
Les avantages :
Ces barquettes sont très faciles à se procurer ou à récupérer. Quelconque emballage de plat préparé, tout rectangle en plastique peut faire office d’un bon contenant à semis. Vous pouvez même récupérer des bacs à poisson. Ici par exemple, les premières années j’utilisais beaucoup de barquettes de récupération. Puis petit à petit, en me dépannant parfois de plants en jardinerie ou chez des producteurs de plants, j’ai aujourd’hui tout un tas de barquettes dans lesquelles je sème à la folie toutes les saisons. Alors premier avantage, celui d’un coût quasi nul.
Autre gros avantage de la technique, celui d’avoir un gain de place, de praticité, surtout sur les premières semaines du semis. Toutes les graines sont semées densément, tout juste un centimètre entre-elles. Inutile en effet d’avoir beaucoup d’espace pour chaque graine durant les premières semaines. Le temps qu’elles germent et que les plants se développent de quelques centimètres, tout le monde peut se contenir dans une petite barquette. C’est très pratique pour entreposer sur une étagère, pour déplacer le semis si besoin. Par exemple pour sortir la barquette la journée à la pleine lumière, la rentrée la nuit pour éviter trop de froid. En parlant de froid, c’est aussi très pratique pour chauffer le semis si besoin. Le moindre petit tapis chauffant peut accueillir 3 petites barquettes, l’équivalent de dizaines et dizaines de plants, sans souci. Ainsi, on peut facilement semer dans ces barquettes, des tomates, laitues, aubergines, poivrons, céleri, choux, fenouil, oignons, échalotes.
Les inconvénients :
L’avantage d’un gain de place durant les premières semaines implique qu’il faudra repiquer ensuite chaque plant en godet individuel.
C’est une manutention qu’on évite avec d’autres techniques. C’est aussi souvent un stress pour les réseaux racinaires, une reprise moins vigoureuse en godet ou en pleine terre. C’est pourquoi bien des professionnels préfèrent semer différemment pour prioriser la protection du réseau racinaire et un plant qui se développe plus vite, plus vigoureusement.
Autre inconvénient, l’arrosage parfois catastrophique si jamais vous oubliez de percer la barquette. Un terreau trop humide, c’est un manque d’air, un risque rapide de voir vos semis tomber malades et mourir. Alors attention à bien percer vos barquettes ou à avoir la main légère pour avoir un terreau tout juste humide comme une éponge essorée.
Aller plus loin : Arroser les semis
Ce sont des inconvénients qui ne vont pas empêcher une grande majorité de jardiniers amateurs d’utiliser cette technique. Elle est simple, efficace, peu coûteuse, pratique.
Les semis en plaques alvéolées
Les plaques alvéolées sont des plateaux compartimentés avec des cellules individuelles, appelées alvéoles. Cela permet de semer à chaque fois une graine qui donnera un plant. Quoi que, semer une graine par alvéole soit à nuancer. Souvent on peut avoir peur d’un taux de germination bien en dessous des 100 %. On préfèrera alors semer 2 ou 3 graines par alvéoles, quitte à arracher les plants en surplus si tout germe. Aussi, certaines cultures apprécient d’être semées en poquet. On peut ainsi semer 3 graines d’épinard par alvéoles, 3 graines de mesclun. Les aromatiques aussi se sèment en poquet de 5 à 10 graines, tout comme les petits pois, les mangetouts.
Les avantages :
Chaque graine a son espace dédié. La concurrence entre les plantules, entre les réseaux racinaires, devient nulle. Cela implique des plants bien plus homogènes et surtout, une reprise en pleine terre plus vigoureuse.
Les racines ne sont pas chamboulées, enchevêtrées les unes aux autres. C’est pourquoi bien des professionnels utilisent cette technique.
Autre avantage, les alvéoles ont des trous conséquents sur le fond, laissant passer tout excès d’eau. On peut sinon les reposer sur plateau rempli d’eau pour que chaque motte absorbe l’eau juste nécessaire à une bonne humidité.
Par rapport à des semis en godet individuel, ici on peut beaucoup plus facilement transporter, entreposer, déplacer le semis. Enfin, plusieurs tailles d’alvéoles font qu’on trouve toujours une plaque alvéolée adaptée au semis à réaliser. Les petites alvéoles de 2 cm peuvent accueillir des graines de tomates, choux, oignons, laitues, mesclun, épinard…
Pour des plants qui sont plus conséquents une fois adulte, on peut passer sur des alvéoles plus conséquentes elles aussi. Les graines de courgettes, courges, melons, pastèques, concombres, haricots, maïs, tournesols… peuvent prendre place dans des alvéoles de 5 à 7 cm. Enfin, une taille intermédiaire de 3 à 4 cm convient très bien pour des graines de betteraves, de blettes. Ou pour les petites graines qu’on peut semer en petites alvéoles, mais aussi en moyenne avec des plants qui pourront prendre plus d’envergure avant le repiquage en pleine terre.
Les inconvénients :
Le coût initial des plaques alvéolées est plus onéreux que des barquettes classiques. Il vous faut compter 8 à 10 € pour une bonne plaque. Comptez quelques euros supplémentaires si vous souhaitez un plateau sur le dessous pour un arrosage par capillarité.
Autre inconvénient, celui de prendre beaucoup de place dès la phase de germination. C’est 3, 4, 5 fois plus de place que de semer en barquette. Si jamais vous souhaitez chauffer votre semis via un tapis chauffant, il faut donc un tapis 4 à 5 fois plus grand ou avoir plusieurs tapis chauffants.
Dernier inconvénient, surtout pour les jardiniers amateurs que nous sommes, celui de n’avoir pas besoin d’une plaque entière à vouloir tout juste 5 ou 6 plants d’une culture.
Il faut sinon semer conjointement plusieurs cultures dans la même plaque. Ou encore, vous pouvez « découper » votre plaque en deux ou trois parties. Ici par exemple, à l’aide d’une meuleuse, j’ai découpé la plupart des plaques pour n’avoir que des petits morceaux de plaques qui peuvent contenir chacun 10 à 20, 30 plants selon les diamètres d’alvéoles.
Ici j’ai pour habitude de semer mes blettes et betteraves en alvéoles de tailles moyennes. J’apprécie aussi de semer les cultures d’épinards, mescluns, en alvéoles de petites tailles, 3 graines par alvéoles, avant de faire d’autres semis plus tard en saison, cette fois-ci directement en pleine terre. Pour les grosses graines, je préfère semer en godets individuels. Que ce soit les courges, courgettes, melons, pastèques, maïs, concombres… une graine par godet et le tour est joué.
Les semis en presse-mottes
La presse-mottes permet de créer des blocs de terreau compressé dans lesquels les graines sont semées directement. C’est une technique très utilisée par les professionnels, mais qui peut tout autant être mise à l’usage quand on jardine pour le plaisir.
Les avantages :
Oubliez l’utilisation de godets, de plastique à outrance. Pour autant, la technique ne vous permet pas de vous en passer totalement parce qu’il faut entreposer les mottes idéalement dans un contenant pour les arroser au mieux par capillarité. Mais quoi qu’il en soit, c’est moins de plastique utilisé.
Autre avantage notable, la technique permet de gagner de la place. Ici le terreau est compressé avec les nutriments qu’il contient. Chaque plant peut se développer dans des mottes de 3 ou 4 cm de côté plutôt que des godets de taille double !
C’est aussi un réseau racinaire qui se développe sans concurrence, sans contrainte. Ce qui génère une reprise vigoureuse et rapide en pleine terre. Un repiquage qui est d’ailleurs grandement simplifié sans devoir sortir les plants de leurs godets ou de leurs alvéoles.
C’est pourquoi que bien des professionnels utilisent cette technique. Ici au potager, au fil des saisons, j’ai pu m’équiper de presse-mottes de différentes tailles. J’avoue peu les utiliser au profit des deux autres techniques vues précédemment. Mais parfois, il me prend l’envie de faire quelques mottes pour y semer des tomates, choux, aubergines, poivrons. Il faut dire que la technique est efficace. Mais elle a aussi ses inconvénients qui me freinent à plus l’utiliser…
Les inconvénients :
Il faut un coût de départ bien plus conséquent que pour les barquettes. Le moindre presse-motte coûte autour des 40 €. C’est une somme non négligeable. Si vous souhaitez deux tailles de mottes, par exemple de 3 cm et une autre de 5 cm, il faut logiquement doubler cette somme. Néanmoins, l’outil est durable, robuste. C’est donc un investissement pour de nombreuses saisons à venir.
Autre inconvénient, il faut obligatoirement un terreau de qualité, fin, sans grossièreté. Sans quoi les mottes ne peuvent se tenir correctement et finissent par s’émietter, se casser. Idéalement, prenez un terreau spécial motte que vous pouvez trouver en jardinerie ou mieux encore, en coopérative agricole.
Autre inconvénient, celui d’avoir une humidité constante plus difficile à gérer qu’avec les autres techniques. Les mottes sont exposées de toute part au soleil, à l’air. Elles se dessèchent rapidement. C’est pourquoi on conseille de les entreposer dans un contenant (barquette, plateau…) pour avoir un fond d’eau dans lequel elles pourront puiser l’eau nécessaire. Le gage de réussite est aussi d’avoir au départ un terreau très humide pour ne pas avoir à arroser les mottes tant que les graines n’ont pas germé et développer de petits plants.
Enfin, il faut du temps pour réaliser les mottes, humidifier conséquemment le terreau dans un premier temps pour bien remplir le presse-motte et bien tasser. Il faut doubler le temps de semis par rapport aux autres techniques.
Au final, c’est une technique peu utilisée par les jardiniers amateurs, mais qui a son mot à dire. Le fait d’avoir une reprise très vigoureuse en terre est un argument de poids. Aussi celui de s’éviter d’innombrables godets en plastique.
En conclusion, choisir entre les semis en barquettes, en plaques alvéolées ou en presse-mottes dépend de vos priorités : budget, consommation de plastique, organisation, place occupée ou quantité de semis. Chaque technique a ses spécificités et peut être complémentaire selon vos besoins. Expérimentez et adaptez-vous aux exigences de votre potager pour tirer le meilleur parti de chaque méthode.
Aller plus loin : réussir ses semis
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