On dit souvent que le gel est fatal pour le potager avec des semis, des cultures qui ne pourront pas y résister. Cela peut vite se comprendre avec des plants, des légumes, qui sont composés en grande partie d’eau. Sitôt des températures négatives, l’eau se dilate pour se transformer petit à petit en glace avec un impact rapide sur l’activité biologique de nos cultures. Rapidement c’est la mort assurée.
Mais une donnée va permettre de fortement nuancer la résistance au gel de nos semis et nos cultures : le taux de sucre. Oui, l’eau sucrée gèle à des températures inférieures à celle de l’eau pure. Et plus il y a de sucres, plus la résistance au gel est conséquente. Certaines cultures auront la capacité à générer un plus fort taux de sucre pour se défendre du gel. C’est pourquoi par exemple, on dit qu’un chou de Milan sera meilleur après une belle gelée. Il aura augmenté plus encore son taux de sucre pour se défendre du gel et aura une meilleure qualité gustative.
Au contraire, d’autres cultures ne sauront résister au moindre gel. Ce sont celles les plus riches en eau, celles aériennes et donc plus sensible au froid ambiant (il fait toujours moins froid dans le sol). Ce sont souvent les cultures venues d’ailleurs, comme les tomates, les poivrons, etc. Ce ne sont pas des plantes de nos climats, on les cultive durant les périodes hors gel de l’année (avril/mai à octobre/novembre).
Voyons ensemble les cultures qui résistent au gel, et celles qui n’y résistent pas du tout !
Sommaire
Les semis et cultures non résistantes au gel
Sans trop de surprise, on retrouvera ici toutes les cultures dites « estivales ». Ceux sont celles qui ont besoin de plusieurs mois de douceur de température, autour des 20 à 25°. Celles aussi qui ont besoin d’un sol bien réchauffé autour des 15 à 20° pour germer dans de bonnes conditions.
Enfin ce sont celles qui, évidemment, ont besoin de plusieurs mois d’une météo sans aucun gel.
Sinon c’est vite le drame et des cultures qui ne pourront pas s’en remettre. Alors, ne vous aventurez pas dans ces itinéraires de cultures avant tout risque de gel terminé. Sauf bien sûr si vous avez la possibilité de semer, planter, sous abri. Dans ce cas vous pourrez gagner quelques degrés, parfois de nombreux degrés sous abri chauffé. À vous alors la possibilité de prendre de l’avance sur la saison.
Pensez seulement que, certes, parfois un plant de tomate pourra survivre à un petit gel rapide de -1° mais c’est une réelle souffrance pour lui et une perte de productivité qui s’en suivra. Vraiment, évitez le gel pour ces cultures en respectant les saisons ou en les protégeant des températures négatives et même du froid jusqu’à 8/10° qui rapidement peut les fragiliser.
Les semis et cultures résistantes à des gels allant jusqu’à -4°
On parle ici de fortes gelées sans que ce ne soit non plus de « très » fortes gelées. La distinction est notable. Bien des cultures et même des semis, sauront résister à cette tranche de températures négatives. Ce sont d’ailleurs des cultures que l’on retrouve dans les potagers d’hiver de bien des régions du sud ou celles proches de la mer, de l’océan. Ces régions ont des températures peu souvent négatives et quasi jamais en dessous des -4°.
On retrouve des légumes qui se plaisent sous une douce météo pour bien se développer, entre 10 et 20°. Et des cultures qui sauront donc s’acclimater d’un bon gel passager. On pense aux fèves, aux petits pois, mangetouts, blettes… Toutes ces cultures résisteront. C’est pourquoi on peut rapidement envisager de les semer en saison. On parle de cultures précoces.
Sous climat doux, c’est directement en pleine terre qu’on peut envisager des semis de pois, fèves, mangetout, épinards dès le mois de février ! Certes une partie de ces cultures pourront agrémenter les potagers d’hiver, mais elles pourront aussi être les premières à être récoltées au printemps, supportant le froid de février, mars, avril.
Les semis et cultures résistantes à des gels allant jusqu’à -8°
Ce sont des championnes de l’hiver ou championnes de semis précoces pour des récoltes hâtives de début de saison. Leur constitution leur permet de fortement résister au gel.
On pense aux choux (sauf le chou fleur, et même certains brocolis), aux épinards, aux oignons, poireaux, navets…
Vraiment, ces cultures sont fort résistantes, et cela dès le semis (même si on évite toujours de jouer avec le feu en exposant nos semis à -8°C !). Elles peuvent traverser l’hiver dans la grande majorité des régions.
Certes, parfois, elles perdront un peu de qualité gustative si vraiment le gel est intense.
On pense aux radis noirs qui peuvent devenir mous ou perdre en goût. Mais dans l’ensemble, les épinards par exemple sauront vous régaler même après un très fort épisode de températures négatives.
C’est même une meilleure qualité gustative qui vous attend, par exemple pour les choux de Milan qui aime prendre le gel et développer plus de sucres.
La liste des cultures en fonction de leur résistance au gel
Avant d’aller plus loin, voici une liste qui vous permettra de juger d’un coup d’œil si telle ou telle culture est plutôt résistante au gel ou non.
Vous pouvez télécharger gratuitement ce tableau en cliquant ici.
Des gels différents des autres
Bien que le tableau reflète au mieux une résistance au gel des semis et cultures au potager, il est opportun de nuancer cette résistance aux températures négatives. Cela dépendra aussi de la brutalité d’arrivée du gel, sa durée et le taux d’humidité ambiant. Un gel à -2°, brutal, sans acclimatation des plants et avec un fort taux d’humidité pourra être plus préjudiciable qu’un gel plus fort à -5°. Parce que les cultures n’auront pas eu le temps de s’acclimater, parce que le taux d’humidité sera peut-être plus fort avec une emprise du gel plus conséquente même s’il est moins fort en température.
Par ailleurs, certaines cultures supporteront -8°C, mais les parties habituellement récoltées seront endommagées. Il faudra attendre une nouvelle pousse pour récolter…
C’est pour dire que ce tableau se veut donner une image des résistances. Mais comme souvent dans la vie, il y aura des exceptions. C’est d’ailleurs l’occasion de noter qu’une résistance au gel sera plus conséquente sous serre, sous tunnel. Pour la simple raison que le taux d’humidité y est souvent bien moindre qu’en extérieur.
Ainsi, une culture de blettes sous serre pourra se remettre d’un gel à -6°, -8°. Quand celles en extérieur auront bien du mal à ne pas en pâtir. Elles redémarreront mais les feuilles seront souvent cramées. Il faudra attendre quelques semaines pour récolter à nouveau.
Comparaison de la résistance et de la tenue au froid d’une culture de blette
Et les différentes variétés par culture ?
Alors, n’ayez pas d’espoir, vous ne trouverez pas des variétés d’aubergines ou de tomates qui sauront résister au gel ou passer l’hiver sous vos contrées. Néanmoins, pour des laitues par exemple, certaines variétés seront plus aptes à se défendre face au froid que d’autres variétés. C’est pourquoi on parle par exemple de laitue d’hiver et de laitue d’été.
Comparaison de la résistance et de la tenue au froid de deux variétés de laitues semées en septembre
Les deux variétés sont dans une serre, et ont subi -8° (4 semaines auparavant)) ainsi que plusieurs jours de gelées à -4°C, -5°C durant les 2 dernières semaines.
Vous trouverez aussi des choux d’hiver ou des choux quatre saisons. Mais même si, nous venons de le voir, le choix des variétés peut être intéressant, l’espèce reste le paramètre le plus important quand on parle de résistance au gel. Il faut avant tout raisonner à la culture et comprendre que certaines sauront beaucoup résister, d’autres un peu, et d’autres pas du tout.
Quelques précautions pour se protéger d’un gel annoncé et éviter de perdre des semis ou des cultures en place au potager ?
Si vos semis sont en place et qu’une vague conséquente de froid est annoncée, tout n’est pas perdu pour autant. Ils existent de multiples façons de s’en protéger. Pour vos semis et jeunes plants en pleine terre, vous pourrez installer un tunnel qui vous fera gagner 1 ou 2° durant la nuit, plus encore en journée. Vous pourrez même voiler vos cultures avec des voiles d’hivernage, de forçage, qui eux aussi font gagner 1 à 2°. De multiplier les protections, vous additionnez les degrés gagnés contre le gel.
Pour des semis sous abri, la donne est plus simple. Même si une serre, un tunnel, isole peu du froid, on pourra toujours augmenter ponctuellement la température sous abri. Que ce soit via un chauffage de chantier, de serre. Ou encore via des nappes chauffantes, tapis chauffants, qui eux concentreront la chaleur sur vos semis en godets. On pourra aussi réaliser des couches chaudes, ou user d’une masse d’eau comme un tampon thermique.
Des châssis, tunnels, voiles, permettront eux aussi de vous faire gagner des degrés.
Alors avec ces données, à vous de semer selon votre contexte météorologique et votre envie à vouloir semer tôt en saison, ou espérer cultiver tard et récolter au final presque toute l’année ! On vous laisse avec une petit compilation de données récoltées par nos abonnés.
Ils ont résisté à des températures très froides !
Voici quelques retours de nos abonnés :
• Sophie M. nous fait savoir que ces épinards Géant d’hiver, sa mâche Vit, ses choux de Bruxelles et chou Kale ont résisté à -15°C en Moselle.
• Sébastien nous transmet qu’en Haute-Loire à 900m, les carottes De Tilques, St Valery ont bien résisté à -13°C
Aller plus loin :
• Nos conseils pour réussir vos semis
• Trouver la bonne température pour effectuer ses semis
Apprenez à récolter toute l’année
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Merci beaucoup pour les explications utiles et importantes
Bonjour, je pense qu’il y a une petite coquille dans cette phrase à propos de l’humidité serre : « Pour la simple raison que le taux d’humidité y est souvent bien moins inférieur qu’en extérieur. »
Ne vouliez-vous pas dire « y est souvent bien moindre qu’en extérieur ? »
Cordialement
Merci Marie, une coquille en moins ! On est navrés. Belle journée à vous
Guillaume