Quel jardinier ne s’est pas un jour posé la question face à un tas de compost, de savoir quelle dose amener à son sol potager ? Que ce soit du compost de fumier, du compost de végétaux, du compost de nos résidus de cuisine, ou même un mélange de tous ces composts, il faudra savoir en faire le meilleur usage tellement cette ressource est précieuse.
C’est de l’or noir pour le potager alors autant bien l’utiliser et nous allons voir comment. Mais avant, nous vous donnons tout de suite la réponse sur la quantité de compost au mètre carré (m²) à mettre au potager 😉
Sommaire
La richesse du compost pour comprendre quelle quantité apporter au mètre carré (m²)
Nos cultures se nourrissent de lumière, d’eau, de CO² et de minéraux essentiels, notamment le phosphore, le potassium et l’azote. Ces minéraux sont indispensables pour une bonne croissance des plants, pour un bon enracinement, une bonne fructification. Ils peuvent vite manquer dans le sol sitôt que l’on enchaine les cultures. C’est là que le compost pourra jouer un rôle clé en apportant une quantité conséquente de minéraux, et même plus que cela encore.
Pour savoir combien apporter de compost, il faut connaître sa concentration en minéraux. Elle est très faible. On peut parler d’une concentration autour des 0.5% d’azote, phosphore et potassium. C’est variable selon les résidus compostés, mais l’ordre de grandeur y est et nous verrons qu’il n’est pas important de raisonner au dixième près.
Cela signifie qu’avec 100 grammes d’apports, vous aurez 0.5g d’azote dans votre sol.
Avec un kilo d’apport, vous aurez 5 grammes d’azote.
Et ainsi de suite, avec 3 kilos d’apport vous aurez 15g d’azote, 15g de phosphore, 15g de potassium.
Quand on sait que les cultures au potager réclament, sur leur durée de croissance et fructification allant de 2 à 8 mois, une quantité pour chaque minéraux essentiel autour des 5 à 20 grammes, nous avons une première réponse à la question de savoir combien apporter de compost.
Avec 3 kilos de compost par mètre carré (m²) (environ 10L), vous répondez ainsi aux besoins de la grande majorité des cultures.
Biodisponibilité des apports de composts
Attention tout de même à ne pas tomber dans l’erreur à penser qu’un apport de compost fera de suite des miracles. Les plantes ne se nourrissent pas de votre compost en tant que tel. Il faut tout un travail de l’activité biologique pour que le compost soit minéralisé et accessible par les racines des plants de légumes.
Et ce travail peut parfois être long, très long. L’azote contenu dans le compost, par exemple, sera assimilable qu’en très faible proportion les premières semaines. Seulement 10 à 20% de l’azote du compost sera disponible les deux premiers mois. Le reste se libèrera petit à petit au fil des mois, des années. C’est pourquoi on parle d’apports à diffusion très lente dans le sol.
On comprend ainsi qu’un risque d’excès est quasi impossible. Sauf à amener constamment des doses folles. Le compost est vraiment un or noir, comme un sucre lent, dont on peut se servir sans trop de danger de « gaver » les cultures.
Oui, mais alors il va manquer des minéraux à court terme ?
Et oui, si on apporte du compost juste à la plantation, il risque de manquer des minéraux disponibles. L’activité biologique du sol n’aura pas eu le temps de faire son travail.
C’est pourquoi on conseille d’amener son compost quelque mois en amont des cultures. L’automne étant la saison phare. Autre paramètre à intégrer, il y a toujours un résidu de minéraux dans le sol.
C’est pourquoi 3 kilos de compost au m² est déjà un apport largement suffisant. Aussi, les apports s’accumulent année après année, notamment pour l’azote si tout n’a pas été consommé. Alors au final, raisonner par un apport ponctuel de 3 kilos par an reste une bonne solution.
Aller plus loin : Pourquoi mettre du compost à l’automne au potager ?
Un rôle aussi d’amendement
Ayez aussi en tête qu’apporter du compost est un geste en faveur de votre sol, de l’activité biologique.
Si le compost est peu concentré en minéraux essentiels (0.5% alors que des engrais naturels ou chimiques en contiennent 20 à 30 fois plus), c’est qu’il est rempli de carbone. Et le carbone, c’est de l’or pour votre sol. Cette matière organique va jouer sur une meilleure structure de sol. Les sols légers seront alourdis. Les sols lourds seront allégés. Le sol gagnera en oxygénation, porosité. Et cette couleur sombre du compost permettra un meilleur réchauffement au printemps.
C’est pour cela qu’on parle du compost comme un amendement. C’est un apport qui non seulement va nourrir à terme vos cultures, mais qui aussi, va améliorer votre sol.
Aller plus loin : Le compost au potager
Rien à voir avec les engrais
Les engrais, eux, sont très peu carbonés. Prenons l’exemple d’un engrais chimique comme l’ammonitrate. Il contient 33% d’azote. Et c’est un azote qui se libère sous quelques jours alors que, souvenez-vous, il faut des mois et des années pour l’azote du compost. Vous imaginez le monde d’écart… Dans ce cas-là, oui il faudra raisonner à la virgule près pour apporter les bonnes doses.
Ces engrais chimiques n’apportent rien au sol et tout va directement aux plantes comme une perfusion. Ils sont apportés en toute petite poignée au m² plutôt qu’en kilo. C’est un simple calcul de proportion. 33% plutôt que 0.5% et inutile de vous faire un dessin. On prêtera à ces engrais l’avantage d’un coût logistique tout autre. Il faudra beaucoup moins de transport, d’aller-retour aux champs pour répandre les justes doses. Quand il faut une poignée plutôt qu’une brouette, l’effort logistique et énergétique est moindre. Mais les engrais minéraux restent assez polluant de par leur mode de production. À éviter, on préfèrera des engrais organiques. Ils mettent un peu plus de temps à être disponibles, mais cela en vaut la peine.
Aller plus loin : Les engrais au potager : pourquoi en utiliser ?
Enfouir le compost ?
Profitons-en pour répondre à l’enfouissement du compost ou non ? La réponse est à nuancer selon votre sol. Avec une activité biologique foisonnante, vous pourrez le laisser en surface et les microorganismes feront le travail à votre place. Au contraire, sur un sol récalcitrant, tassé, compacté, sec, prenez alors le temps d’intégrer le compost mécaniquement pour mieux l’optimiser. On pense aux sols lourds, argileux où parfois l’incorporation ne se fera pas d’elle-même. Au final le compost risque de se volatiliser dans la nature avec le vent, les pluies, le temps passant.
Vous avez plus d’informations dans notre article sur le compost au potager.
L’exception du compost de fumier de volailles
Comme souvent, il existe des exceptions. Le compost de fumier de volailles est bien plus riche que tous les autres composts.
Il contient des concentrations en minéraux essentiels presque triples. Alors prenez l’attention de ne pas dépasser le kilo d’apport au m². Sur un premier apport excessif, le risque n’est pas très conséquent avec toujours cette assimilation lente qui atténue une surdose. Mais si les apports trop conséquents se répètent, cela pourrait porter préjudice avec un sol saturé d’azote et des plantes fragilisées.
Aller plus loin : Les fientes de poule au potager
Des cultures qui préfèrent peu de compost ou beaucoup de compost
Enfin pour finir, même si toutes les cultures adorent le compost, on peut nuancer quelque peu. Les cultures d’été, courgettes, poivrons, aubergines, courges, concombres… adoreront le compost. Les légumineuses, pois, mangetout, fèves… n’en auront guère besoin.
Les légumes racines préfèrent des apports plus concentrés en potasse. On peut alors se contenter d’un kilo au mètre carré et compléter avec des cendres par exemple.
MAIS dans l’ensemble, le compost reste un apport fantastique à utiliser sans trop de modération dans vos potagers.
En espérant avoir répondu à la question du début : combien de kilo de compost au mètre carré (m²) apporter au potager. Dites-vous que 10L ou 3 kilos c’est très bien !
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Merci pour cet article qui répond à beaucoup de mes questions, sauf peut-être une (il faut bien quelques exceptions 🙂 )
Donc voici ma question : n’ayant jamais suffisamment de compost pour l’ensemble de mon petit potager je l’utilise directement en mettant quelques poignées au fond des trous de plantation de mes légumes. Si j’ai bien compris, cela ne sert pas à grand chose puisque le compost maison n’apporte pas beaucoup de nutriments. Dans ce cas que dois-je faire, le saupoudrer sur mes plates-bandes, je précise que ma terre est lourde ?
Par avance merci pour votre aide
Merci pour cet article qui a répondu à toutes les questions que je me posais 😉
Un moyen mnémotechnique, la règle des 1,3,5-7
1cm/M2 pour plantes peu gourmandes ou faible envergure: gazon, jardinières…
3cm/M2 légumes, engrais verts
5à7 cm/M2 plantes charpentées, arbres haies petits fruits.