On le lit, on le voit, on l’entend souvent ! Apporter du compost à l’automne, c’est semer la fertilité et l’abondance du printemps prochain. Quoique… nous verrons qu’il est peut-être un peu trop facile de raisonner ainsi. Apporter du compost, c’est surtout prendre soin de son sol. En améliorer sa structure et sa solidité. Oui, le compost est un or noir qui est mieux valorisé encore lorsqu’il est apporté plusieurs mois avant les cultures.
Voyons en détail pourquoi et comment mettre du compost en automne au potager.
Sommaire
Rappel sur l’extraordinaire bienfait du compost
Le compost est la résultante d’une décomposition de matières organiques végétales et/ou animales. Il en résulte un produit d’une qualité extraordinaire.
Il est stable, riche, rétenteur d’eau, de minéraux, avec des molécules complexes qui vont améliorer la structure du sol.
C’est d’ailleurs pourquoi on parle d’un amendement. Même si c’est une résultante de l’apport, le compost n’a pas pour fonction première de nourrir les cultures (on parle alors d’engrais), mais bien d’améliorer le sol.
Le jardinier reproduit en quelque sorte ce qui se fait dans la nature (en accéléré, en réalité la nature procède plutôt au compostage de surface). Dans la forêt, les matières organiques se déposent au sol. Les feuilles d’arbres, les brindilles… se mêlent aux cadavres d’animaux, aux déjections, aux urines, à la pluie, pour petit à petit former de l’humus. Dans le potager, à mi-ombre, on prendra soin de recréer un mélange équilibré et diversifié de matières organiques. Cela pour obtenir un semblant d’humus, appelé compost lorsqu’il vient d’une intervention humaine (tous les détails sur la recette pour un bon compost dans cet article).
Pourquoi apporter du compost à l’automne ?
Le compost est très stable, très complexe, avec des molécules organiques composées autour de l’atome de carbone. C’est fort utile pour bonifier le sol, mais souvent inadapté pour nourrir rapidement les cultures. Elles se nourrissent de minéraux essentiels (azote, phosphore, potassium pour les plus importants) qui devront être comme libérés du compost par un travail en amont de l’activité biologique. On parle de minéralisation. Toute une diversité d’organismes biologiques entre en jeux. De la plus petite bactérie ou gros macroorganisme qui déchiquettera les morceaux les plus grossiers du compost.
Ce travail de minéralisation prend des mois pour libérer la plupart des minéraux, et même des années pour l’azote contenu dans le compost. On parle souvent de deux années pour que 100% de l’azote d’un compost soit disponible pour les cultures. Au départ c’est un azote organique, rattaché au carbone. Au final, ce sera un azote minéral, assimilable par les racines de nos plants de légumes.
Vous comprenez alors qu’en apportant votre compost au printemps, l’activité biologique n’aura pas eu le temps de libérer toute la richesse du compost pour la saison potagère.
Apporter du compost au printemps, est-ce inutile ?
Même s’il est préférable d’apporter son compost à l’automne, il sera aussi très bénéfique de l’apporter au printemps. Pourquoi ?! Parce que le compost, c’est aussi une amélioration des autres fertilités d’un potager, celle physique et celle biologique. Le sol sera plus léger, plus apte à offrir un superbe terrain de jeux pour les racines. Elles vont s’y développer avec moins de contraintes. Elles vont aller plus facilement à la quête de minéraux, d’eau. Moins de contraintes physiques, c’est plus d’abondance dans nos potagers.
Le compost va amener aussi toute une fertilité biologique. Cet or noir, surtout s’il est mené à froid, grouille de bactéries, de microorganismes. Il va apporter à votre sol, une armée de petits travailleurs capables de bonifier le moindre de vos autres apports. Par exemple des paillages en tout genre et surtout ceux les plus tendres comme les tontes, mais aussi les engrais ou préparations comme les purins, le sang séché…
Tous ces apports seront bonifiés par une activité biologique intense, présente grâce au compost ! Alors ne vous privez pas d’apporter du compost au printemps, et même toute l’année : il sera valorisé, tôt ou tard.
Quelle quantité de compost apporter en automne ?
C’est difficile de penser que l’on puisse apporter trop de compost. Peut-on être trop riche de trop d’or noir ?! Bien des cultures s’y régaleront sans retenue. Néanmoins, un compost finit par se minéraliser en partie, année après année. Et apporter des tonnes de compost au mètre carré, c’est potentiellement apporter une surdose de minéraux au fil du temps. Des minéraux qui peuvent se faire lessiver dans les nappes phréatiques, fragiliser les cultures qui en seraient trop gourmandes. Un excès d’azote par exemple peut fragiliser des cultures qui auront tendance à s’en goinfrer, à pousser trop vite, trop haut, trop fort.
Alors, retenez qu’une dose de 2 à 5 kilos par m² est déjà comme une assiette bien remplie pour notre sol. Il aura de quoi être rassasié pour une bonne année. Même les cultures les plus gourmandes devraient y trouver de quoi se nourrir. Le compost, avec de telles quantités, est capable non seulement d’améliorer votre sol, mais aussi de nourrir vos cultures. Une double capacité très appréciable pour quelconque jardinier qui souhaite à la fois prendre soin de son sol et de ses cultures.
Parfois, certains jardiniers déposent jusqu’à 30 kilos de compost au mètre carré. C’est intéressant pour lancer un potager, à sa création, mais par la suite ce n’est plus tellement nécessaire de monter jusqu’à ces quantités.
Est-ce suffisant de n’amener que du compost au potager ?
Nous venons de le voir, le compost peut libérer des quantités conséquentes de minéraux s’il est apporté en fort volume au potager. Néanmoins, souvent les quantités disponibles manquent pour le jardinier. Un compost de résidus de cuisine offrira une brouette tout au mieux, sur l’année pour une famille standard. Et avec une brouette, vous en aurez pour amender une dizaine de mètres carrés.
Et si votre potager fait 100 m²… ? Vous pourrez alors vous tourner vers des composts de jardinerie, par exemple des composts de fumiers de cheval (parfois enrichis d’algues pour plus de fertilité encore). Ou vous tournez vers des engrais organiques que vous trouverez aussi en jardinerie. À noter enfin que le compost est parfois déséquilibré pour répondre à tous les besoins des légumes racines. Ils adorent la potasse qui pourrait manquer.
On peut alors compléter avec de la cendre, de la vinasse de betterave, ou un engrais de jardinerie riche en potasse. Mais beaucoup de jardiniers témoignent une forte abondance de leur potager avec une approche simplement par le compost, bien utilisé et bien valorisé par un sol humide, aéré, bichonné par le jardinier !
Faut-il enfouir son compost à l’automne ?
Sur un sol quelque peu capricieux, mal texturé, trop compact, trop argileux, trop peu fourni d’activité biologique, vous pourrez aider le compost à bien s’incorporer au sol.
Un léger croc suffira. L’important est de toujours laisser le compost en milieu aérobie, oxygéné. Sur les dix à quinze premiers centimètres, il en sera toujours le cas. Seul un labour profond, chaotique, pourrait engloutir le compost à des profondeurs où l’oxygène manque. Cet or noir serait comme anéanti de toute sa richesse. Alors, n’enfouissez pas de trop ce trésor, laissez-le respirer. Personne ne viendra vous le dérober, si ce n’est la vie du sol, mais pour en faire très bon usage 😉
Voilà, vous en savez maintenant un peu plus sur le fait de mettre du compost à l’automne dans votre potager. Pour résumer : vous avez le choix, faites comme vous pouvez. Au printemps, cela fonctionnera aussi ! Mais mettre du compost en automne, c’est laisser le temps à la vie du sol de le prédigérer et de préparer votre sol à la prochaine saison de culture qui l’attend 😉
Aller plus loin avec nos articles sur le compost :
• Le compost au potager et les différents types de compost
• Le compostage de surface (ou comment ne plus composter !)
• Le compostage en silo ou en bac
Compléter l’article avec notre podcast : « Déposer du compost à l’automne au potager«
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Bonjour, puis-je épandre directement du fumier frais de cheval et le recouvrir de foin maintenant (en novembre) ou est-ce peu prudent ?
Merci pour tous les précieux conseils…
C’est très bien 🙂
Coucou, merci pour ce chouette article.
Perso j’opte pour le compostage de surface tout au long de l’année avec ce qui arrive au fur et à mesure autour de moi, dans mon environnement proche ( tontes, brf, paille, foin, feuilles, déchets alimentaires, fientes de poule…)
Je trouve cela beaucoup plus simple, en harmonie avec la nature et en respect de son rythme, comme vous le dites dans l’article comme la nature fonctionne en fait!!!
C’est la philosophie du NON AGIR comme la définie FUKUOKA pour la culture ou bien le TAOISME pour l’humain (les deux vont de paire, c’est la base selon moi de la permaculture…)
En compostant ailleurs, dans un composteur tu perds 90% des apports alors que tu peux en avoir 100% si tu mets tout direct!!!
Allez à vos commentaires, AGGRADONS nous, des bisous…
Super article sui répond à une de mes préoccupations savoir quand épandre mon compost
Bonjour ,
Merci pour cet article très intéressant, étant débutante dans mon potager, je me posais la question suivante, je fais du compostage de surface, en petite quantité, dans mes carrés potager, je souhaite toutefois apporter du compost, dois-je ôter d’abord mon compostage de surface, amender et remettre par-dessus celui-ci ou puis-je mettre du compost par dessus ?
Merci pour votre retour.
Vous faites comme vous voulez 😉 Si vous pouvez juste poser un paillage par dessus votre mélange, ce sera le top 🙂
Merci pour cet article clair et concis. Ces conseils me sont d’une grande aide.
Bonjour,
Puis je planter des fraisiers remontants dans des bacs en ce moment, je suis en Maine et loir
Oui vous pouvez 🙂