La lune est un astre, objet de nombreuses croyances, vérités et autres légendes autour du potager et de bien d’autres domaines encore. Des semis qui germent mieux en lune croissante ? Des plantations à absolument éviter en nœud lunaire ? À en croire certains guides et calendriers, c’est presque à la minute près qu’il faudrait réaliser certains faits et gestes. Essayons d’y voir plus clair sous la pleine lune… ou pas !
Sommaire
Que nous dit la science ?
Pour déceler une vérité d’un sujet qui provoque débat, il est bon de se tourner vers la science. Elle a pour sacré avantage de mettre de côté les biais de perceptions. Eh oui, rien de pire que notre cerveau, que notre ressenti, pour deviner quelconque vérité. On aura tendance à croire ce qu’on trouve de beau, de bon, de chouette, ce qui vient d’une personne qu’on affectionne, ce qui nous plaît tout simplement. Et si par exemple, nous pensons que la lune a un effet sur les plantes, et bien quiconque ira dans ce sens aura beaucoup plus de crédit à notre écoute que quelqu’un qui dit le contraire. Parce qu’on aime le contenu de ses propos, parce qu’il nous conforte. La science, elle, met au maximum de côté les émotions, l’affectif pour se concentrer sur les connaissances, les chiffres, les études.
Cette science est claire et nette. La lune n’a, selon nos connaissances actuelles, absolument aucun impact sur le potager. Prenons l’exemple souvent cité de son influence sur l’attraction, la capacité à favoriser une germination quand la lune est en phase ascendante. La science montre que la force d’attraction de la lune est totalement insignifiante. L’équivalent d’un souffle d’air qui lui aussi génère une force d’attraction déjà bien supérieure à celle de la lune.
Autre paramètre souvent relevé, la luminosité de la pleine lune souvent citée comme responsable d’une meilleure germination. Elle aussi est mesurée et elle aussi est totalement insignifiante. Elle correspond à 1/10e de seconde d’un petit nuage qui passerait devant le soleil. La lune n’émet d’ailleurs pas de lumière, mais réfléchit celle du soleil. Elle correspond à 0.25 lux quand la luminosité du soleil correspond elle à 100.000 lux. Vous comprenez le rapport de force quatre cent mille fois supérieur. D’ailleurs, s’il y avait un astre à s’occuper sur une influence sur le potager, c’est mille fois plus le soleil que la lune !
Outre ces chiffres scientifiques assez complexes, c’est aussi la pratique d’une grande majorité de jardiniers. Notamment ceux de grands potagers, de maraîchers qui n’ont d’autres choix que d’étaler leurs semis sur plusieurs jours, plusieurs semaines. Et force est de constater que jamais ils ne notent une corrélation entre la réussite d’un semis et une quelconque phase lunaire. C’est bien plus le professionnalisme des gestes, la qualité du sol, l’humidité, la température qui sont exponentiellement plus importants qu’une quelconque phase lunaire.
Alors pourquoi tout ce contenu média autour de la lune ?!
Eh oui, des centaines de livres, d’articles, de vidéos sur internet, abordent ce sujet avec une conviction sans faille. Des calendriers détaillés au jour près, à l’heure près même, pour nous dicter les faits et gestes à adopter.
Tout cela relève d’un ancien temps et de croyances. D’un ancien temps parce qu’à l’époque où l’électricité était encore aux abonnés absents, les paysans, jardiniers, sautaient sur toutes les pleines lunes pour travailler plus longtemps encore dans leurs champs, leurs potagers. C’était à l’époque un potager de survie, source de nourriture bien plus qu’un potager de plaisir comme il l’est souvent à notre époque. Il fallait travailler dur pour produire abondamment et nourrir ses proches. Chaque heure de luminosité offerte par le ciel était précieuse. Et en soir de pleine lune, on arrivait à distinguer encore suffisamment l’horizon pour travailler plus encore. De ce fait là, s’est propagée de nombreuses pratiques qui ne tiennent que de croyances. C’est pourquoi il est bon de parler de différence entre croyances et vérités établies.
Croire en la lune
Le monde serait bien triste sans croyance. Croire en son horoscope, croire en une religion, aux énergies d’un monde inexpliqué par la science… Quel reproche pourrions-nous faire à cette beauté de l’être humain à vouloir croire ce que la science annonce pour faux ? Aucun reproche bien sûr ! La seule précaution à prendre sera peut-être de ne pas adhérer à une croyance qui incite à dépenser plus que de raison ou qui incite à entraver la liberté d’autrui. Croire en la lune ne semble pas déranger ceux qui n’y croient pas. Et vice-versa ! Alors respectons les pensées différentes d’autant plus qu’un jour la science leur donnera peut-être raison… ?
Les biais de perception
Les croyances, du moins celle de la lune, sont avant tout une histoire de biais de perception. L’anecdote de la sage-femme qui est convaincue qu’il y a plus de naissances un jour de pleine lune est un parfait exemple. Elle aura tendance à ne regarder le calendrier lunaire que les jours de grosses activités. Et donc de ne jamais s’apercevoir que parfois des pleines lunes tombent un jour de petite activité. Autre biais, elle effacera de sa mémoire un jour de forte activité qui ne tombe pas un jour de pleine lune. Alors qu’au contraire, un jour de forte activité qui tombe sur une pleine lune (correspondant à sa croyance) restera fortement gravé dans son cerveau. C’est ainsi que l’on peut dire qu’il n’y a rien de pire que la perception humaine pour déceler une vérité ! Et c’est pourquoi la science existe.
Il en est exactement pareil pour le potager. Combien de jardiniers vont graver en mémoire un semis réussi un jour de phase lunaire ascendante, un semis loupé un jour de phase lunaire descendante. Au contraire, des faits non correspondants à cette croyance ne seront pas retenus. Les jardiniers vont ainsi se forger une vérité propre, mais qui n’a rien d’universelle ou rien de scientifique.
Se rajoute l’effet placebo ! Vous savez, le fait de guérir d’une maladie alors que le patient a pris un médicament qui n’en est pas un. C’est dire le pouvoir de notre cerveau, encore inexpliqué aujourd’hui en grande partie. Un jardinier croyant en la lune va tout faire pour qu’un jour de bonne phase lunaire soit un bon jour de jardinage. Il va prendre grand soin à ses faits et gestes, va jardiner avec beaucoup de positivité, et va quelque part générer de lui-même une forte réussite de ses faits et gestes ! Et au contraire, s’il est contraint de jardiner un jour de mauvaise phase lunaire, il aura une telle négativité dans ses actes que certainement, le résultat sera moins performant. C’est une loi d’attraction, non pas celle de la lune, mais celle d’attirer à soi, ce que l’on croit… Et quelque part, c’est simplement beau et humain alors croyez en la lune si le cœur vous le dicte ainsi.
Alors au final ?
Il faut de tout pour faire un monde ! Que ce serait triste à mourir d’avoir un cerveau informatisé à raisonner en chiffres, mathématiques, sciences, sans émotion et étoile dans les yeux. Le tout est de respecter les pensées d’autrui et d’éviter de tomber dans le piège de croyances apportant des vérités fort plaisantes, mais fort coûteuses ou fort liberticides. D’ailleurs le calendrier lunaire ne prive personne de liberté (quoi que, il faut suivre à la lettre des jours à respecter pour faire tel geste), mais il est au top des ventes chaque début d’année, ayant pour faculté de ne jamais être le même d’une année sur l’autre. C’est dire que si la lune n’affecte pas le potager, elle l’affecte tout de même en générant un beau revenu pour ceux qui proposent comment bien jardiner avec… 😉
Et les marées ??
La lune n’a aucune influence ??
On ne peut pas trop comparer la mer et une plante : la quantité d’eau dans une plante est infime comparé aux milliards de mètres cubes des océans 🙂
Bien sûr l’important est le rythme des saisons, du jour et de la nuit, du matin et du soir (on ne fait pas la même chose le matin et le soir ).
Néanmoins une expérience intéressante concerne les radis.
Si vous semez pendant un mois tous les jours une dizaine de graines de radis vous aurez d’une façon cyclique les résultats suivants.
1 des radis bien formés
2 pas de radis bien formés mais un feuillage imposant
3 toujours pas de radis bien formés mais une floraison précoce
4 toujours pas de radis formés mais une mise à graines précoces
4 à nouveau comme en 1
Bonjour
Autant, il me semble judicieux de proposer au lecteur d’avoir une « démarche scientifique » ( = En simplifiant : (1) Poser une hypothèse dans un contexte donné, (2) Tenter de la vérifier en éliminant, si possible, tous les biais-artefacts, (3) Faire vérifier l’ensemble (contexte, méthodologies d’expérience, résultats, analyses et conclusions) par des pairs). Surtout en cas de partage de l’information…
Autant, tenter d’affirmer l’inexistence de quelque chose en convoquant « La Science », me semble, pour le moins, risqué…
En effet, vous le pressentez et l’écrivez plusieurs fois : «Cette science est claire et nette,… selon nos connaissances actuelles… la science leur donnera peut-être raison… »
La seule chose que j’ai réellement découverte, au cours de mes quelques années dans la Recherche (Biologie-Écologie), c’est l’étendue croissante de Notre ignorance… «Plus on en sait, plus on sait qu’on ne sait rien» (© = ?)
Personnellement, je pense que pour une affirmation donnée, l’opposé du « savoir scientifique » n’est pas forcément la « croyance » (ou « la foi aveugle »)…
Par ailleurs, il me semble que dans quelques documents du passé, les phases de la Lune jouent aussi un rôle pour la détermination de l’abattage des Arbres, en fonction de l’usage de leur bois. Là on ne peut pas parler de bucherons qui travaillent à la pleine lune, d’autant plus que ce sont les donneurs d’ordre qui l’imposent…
Mais on est fondamentalement OK sur l’idée que : celui pour qui « ça marche », quelques en soient les raisons, aurait bien tort de s’en priver… Par contre, s’il communique son expérience sous forme de « Savoir », une démarche scientifique serait préférable et plus utile probablement…
Terminé depuis longtemps de faire attention aux phases lunaires. Pas de résultats moindres pour la cause. Par contre, la température du local et du sol, la qualité de la terre ou du substrat et l’humidité de celui-ci sont des critères importants et tenir compte des prévisions météorologiques me semble de plus en plus essentiel à l’heure actuelle.