Chaque plante a ses températures optimales pour pousser. Le zéro de végétation correspond à la température minimale en dessous de laquelle la plante s’arrête de croître. Afin de ne pas perdre de légumes en cours de croissance, ils doivent être plantés au bon moment pour ne pas accuser des pertes trop importantes.

Des besoins physiologiques particuliers

Les zéros de végétation s’expliquent par le biotope originel de la plante.

Par exemple, celui de la tomate est situé autour de 12°C. Elle vient des vallées des Andes en Amérique du Sud. Toutes les variétés cultivées aujourd’hui descendent d’une dizaine de tomates sauvages encore présentes dans cette région. La génétique des milliers de tomates est donc assez proche et malgré des diversités, elles ne poussent plus en dessous de ce seuil. Le climat dans ces forêts andines et sub-andines oscillent entre 16 et 30°C soit les températures de croissance optimales pour la tomate en France.

Dans son biotope originel, la tomate est donc une liane vivace qui peut vivre jusqu’à trois ans. Sous nos climats tempérés, la baisse de lumière cumulée à la descente des températures leur est fatale à la fin de l’été. En comprenant les besoins des plantes, il est donc possible de les planter au meilleur moment afin qu’elle ait des températures idéales tout au long de la croissance.

Jean-Michel Groult, spécialiste de la culture des palmiers en France définit le zéro de végétation comme  “la température qui représente le seuil en deçà duquel la plante interrompt sa croissance, même si les autres conditions lui conviennent! »

Les zéros de végétation de chaque légume

Le zéro de végétation évolue beaucoup selon les légumes. Si la température optimale de croissance de la plupart des potagères se situe entre 15 et 25°C, l’arrêt de la pousse des végétaux varie d’un légume à l’autre. Voici les températures optimales de croissances ainsi que le zéro de végétation pour quelques légumes communs dans les potagers.

Vous pouvez télécharger gratuitement ce tableau avec TOUS les légumes, pour retrouver facilement tous les zéros végétatifs et températures optimales de croissance/germination. Cliquez ici pour le télécharger.

Le zéro de végétation n’entraîne pas la mort du légume, mais stoppe sa croissance. Cette température peut tout de même causer des dégâts et des retards irréversibles sur les cultures.

Les tomates dont les feuilles deviennent violettes, sont souvent le symptôme d’un coup de froid. Vous perdrez immédiatement quelques semaines sur la culture : le temps qu’elles se remettent de ce stress.

Anticiper les températures

En respectant les températures bénéfiques de chaque plante, les plages de cultures peuvent être courtes dans certaines régions de France. Pour y remédier, il existe de nombreuses astuces. La première, bien connue des jardiniers, consiste à faire ses semis en avance sur la saison, au chaud et protégé.

C’est comme cela qu’on procède avec la plupart des légumes frileux comme l’aubergine par exemple. Son zéro de végétation est situé autour de 12°C, et la plante dépérit sous le seuil de 3/4°C. Les semis d’aubergines sont donc réalisés bien au chaud, sous serre ou à l’intérieur de la maison. Ils sont bichonnés pendant leurs premières semaines au chaud. Pour produire des fruits, l’aubergine nécessite un certain temps de culture et de soleil. Il faudra donc, en fonction du climat, planter les aubergines au bon moment.

Ce type de culture gourmande en chaleur et en soleil ne peut donc pas pousser partout. Ce sera par exemple plus compliqué de mener cette culture en extérieur dans le nord de la France. Dans tous les cas, peu importe la région, pour avoir de beaux plants au moment de la mise en terre, il faudra avoir réalisé ses semis à l’abri bien au chaud.

Cultiver à l’abri

Cultiver sous serre

Il est possible de cultiver certains légumes frileux en les protégeant bien. Pour de nombreuses cultures qui aiment la chaleur, il est donc possible de les installer de façon stratégique pour obtenir des récoltes précoces. La serre est un bon moyen pour prolonger ses cultures, voire les rendre possibles dans certains endroits trop froids. Attention tout de même, la serre ne fait pas tout. Elle permet une chaleur agréable dès la fin de l’hiver si le soleil montre le bout de son nez.

En revanche, dans nos jardins les serres n’ont pas l’inertie thermique des serres maraîchères. En reprenant l’exemple de l’aubergine, elle commence à dépérir en dessous de 3/4°C. Il faudra donc que la serre ne puisse pas descendre en dessous de ce seuil une fois la culture installée. Il est possible de limiter les différences de température dans la serre en installant de la masse thermique dedans permettant de diffuser la chaleur accumulée la journée pendant la nuit. Pour ce faire, vous pouvez faire de gros stockage d’eau dans votre serre. Celle-ci se réchauffera la journée et rejette la chaleur au cours de la nuit. Il est aussi possible de faire une serre adossée ou semi-enterrée pour gagner quelques degrés avec l’inertie des bâtiments ou du sol.

Semer au chaud : un bon moyen pour éviter d’atteindre les zéros de végétations

Pour optimiser le développement de ses semis, Antoine a mis au point une serre adossée automatisée. Elle permet de réguler la température lors de la croissance des plants afin qu’elle tende vers la température optimale de croissance des plants. Vous pouvez retrouver un article qui explique pas à pas la fabrication de cette serre à semis.

Vous pourrez vous inspirer de cette réalisation, mais il existe différentes manières de faire, comme les couches chaudes par exemple qui, sous serre, ont vraiment montré leur potentiel ! On peut élever des aubergines et poivrons sans soucis, mais il faut être présent pour enlever les voiles ou la vitre du châssis par temps ensoleillé.

Aller plus loin : Trouver la bonne température pour ses semis

Observez les micro climats

Dans un jardin, la température évolue beaucoup avec ce qui l’entoure. Contre un bâtiment ou sous un arbre, il n’y aura pas le même climat. Vous pouvez donc essayer d’optimiser les différents espaces que vous avez chez vous. Vous pouvez par exemple faire l’expérience avec quelques thermomètres disposés dans vos différentes zones de cultures. Parfois, cela va du simple au double. Un couloir de vent peut provoquer des gelées dans certains endroits tandis que contre la face sud de la maison, la température reste supérieure de quelques degrés, même la nuit. En observant les espaces cultivables sur votre terrain et en connaissant les besoins de vos légumes, vous pouvez donc définir les planches qui leur seront le plus bénéfiques.

Des températures maximales

S’il existe une température minimale, un zéro de végétation, pour la culture de chaque plante, leur croissance s’arrête aussi au-delà d’une certaine température. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les plantes sont comme nous : dès que le mercure dépasse 25, 30°C, la plupart des légumes, même d’été, ont tendance à en pâtir.

Par exemple, les tomates ne croissent presque plus au-dessus de ce seuil. Elles dépensent toute leur énergie à maintenir d’humidité nécessaire pour maintenir les fruits sur le pied. Idem, à cette température seuil, les fleurs des potagères ont tendance à couler, c’est-à-dire à avorter.

Certains légumes, eux, se couchent au sol et se mettent en pause en attendant des températures plus clémentes.

La serre et les abris permettent donc de créer des micro climats favorisant la culture des plantes frileuses, mais son utilisation est à double tranchant. Dès que la température extérieure dépasse 20°C, il faut donc que la serre puisse être bien aérée. Il ne faut pas hésiter à laisser les deux côtés de la serre ouverts tout l’été, sans quoi les légumes risquent d’avoir chaud (on ajoute même généralement un voile d’ombrage).

Même au printemps, par jour de grand soleil, les degrés peuvent vite grimper. Il m’est arrivé de voir des températures supérieures à 40°C sous châssis au mois d’avril en moyenne montagne. Résultat : toutes les cultures dessous souffrent.

Il existe de nombreuses façons de diminuer les fortes chaleurs en été. Un article du blog revient sur cette question en évoquant le thème de la sécheresse et des canicules au potager.

Pour les serres, un voile d’ombrage suffira à maintenir une température vivable pour nos cultures.

Une température optimale

Au-delà des minimales et des maximales, les légumes ont tous une température idéale pour son développement. Celle-ci évolue souvent entre la phase végétative et la production des fruits. Cette température se situe généralement entre 20 et 25°C. Cela varie tout de même beaucoup entre les légumes. Par exemple, pour la mâche la température optimale de croissance se situe autour de 18°C. En revanche, celle du maïs avoisine les 24°C.

Aller plus loin et découvrir les température optimales de germination et de croissance pour tous les légumes : La résistance au froid des légumes

Cela vient donc expliquer la saisonnalité des légumes : ce n’est pas possible de produire une culture avec des besoins spécifiques toute l’année en France métropolitaine. Les tomates meurent en fin de saison, car elles sont gélives…

Les dégâts liés au froid

De façon générale, lorsque les légumes sont confrontés à des températures trop basses, bien en dessous du zéro de végétation, les dégâts peuvent être fatals. Les feuilles flétrissent, les tissus peuvent éclater et généralement si des fruits ou des fleurs sont en cours de formation, ils avortent. Vous remarquerez sûrement que les dégâts sur les végétaux au potager ne sont pas forcément homogènes. Des “poches de froid » se créent en hiver dans les endroits les plus humides ou les plus bas. La température a plus de mal à réchauffer le matin et généralement ces plants sont les plus vulnérables.

En choisissant une bonne orientation pour vos planches de cultures, vous pouvez limiter ce risque. Plus les plantes auront du soleil tôt le matin, plus les risques de dégâts liés au froid diminuent. Vous pouvez retrouver les principaux symptômes du froid sur les plantes sur Ephytia.

L’expérience du jardinier

Ces indications sur les zéros de végétation et les températures optimales de croissance peuvent à première vue sembler bien compliquées. En fait, elles s’expliquent essentiellement par l’origine de chaque plante. Beaucoup des légumes que nous cultivons sont originaires de climats tropicaux et subtropicaux et ne sont pas habitués aux températures sous nos latitudes. La saisonnalité rythme donc le travail du jardinier au fil de l’année. En soi, en respectant les dates de semis, vous ne devriez pas avoir trop de problèmes de froid sur vos légumes.

Et si vous jetiez un œil à notre calendrier des semis unique ? Il s’agit d’un almanach, différent pour chaque climat, dans lequel nous vous donnons des conseils personnalisés pour chaque semis de l’année sous forme d’écrit ou de vidéo. Car on ne cultive pas les carottes de la même manière en mars qu’en juillet ! Envie de récolter encore plus de légumes ? Rejoignez-nous en cliquant ici

En revanche, connaître les zéros de végétation des légumes permet de mieux comprendre la saisonnalité et pourquoi planter des tomates en novembre ne risque pas de donner de résultat en France. Avec le temps, le jardinier maîtrise de mieux en mieux les cultures. Ces indications qui peuvent vous sembler aujourd’hui un peu abstraites devraient vous paraître évidentes au bout de quelques années. C’est avant tout une façon de comprendre comment fonctionnent les végétaux, et parfois de mieux appréhender les problèmes au potager.

À bientôt 🙂 Si vous souhaitez nous donner un coup de pouce : partagez cet article autour de vous ! Merci.